mercredi 17 mars 2010

L’hibiscus genevii



photo de l'hibiscus genevii de F. Palli

Un hibiscus genevii plante endémique de l’île Maurice.

Je reste pantois face à la beauté et à la diversité des malvacées, elles peuvent être semblables et dissemblables, s’habillant de tant de teintes, qu’elles couvrent une vaste gamme de couleurs - du monochrome ou bicolore, du blanc au mauve, que la noire que je n’ai vue.

Puis, cette adaptation à son milieu est quelque chose d’incroyable ! Je me souviens de cet hibiscus piment (Malvaviscus arboreus) qui poussait au milieu d'une rivière et lorsqu’on connaît la violence des flots et leur imprévisibilité en milieu tropical, on se demande comment une plante peut-elle croître dans un tel environnement, dans un milieu qui lui soit si hostile, en apparence.

Quant à la forme des fleurs, elle est tout autant multiple, différente et tellement diverse, entre celle aux pétales torsadées, dentelées, ondulées, encapsulées, qu’on aurait pu penser être en présence d’espèces différentes, comme l’hibiscus (Abelmoschus Esculentus) donnant le gombo et celui avec lequel (Hibiscus sabdariffa) aux feuilles comestibles (oseille de Guinée) et avec les fleurs on fait le sirop de groseille Martinique, Guadeloupe, la roselle en Jamaïque, l’agua de jamaïca au Mexique, la seille en Guinée, le carcadet au Moyen-Orient.

Cela me rappelle qu’enfant, en revenant de l’école, ma sœur et moi, avions l’habitude de consommer un hibiscus, nous détachions le bouton de la plante, retirions la corolle du calice et sucions le suc de la fleur, nous mangions aussi la partie ainsi libérée, c’était pour nous une friandise, un quatre-heures.

Notre jardin se situant devant la maison était ceint de face et sur les côtés de haies d’hibiscus rouges, qu’un jardinier taillait régulièrement ainsi que la vaste pelouse de gazon et ma mère utilisait cette variété d'hibiscus comme savon, à des moments de l’année, nous avions droit à des bains de fleurs d’hibiscus.

La fleur écrasée dans l’eau moussait légèrement, elle avait la particularité de déposer une mince couche d’huile sur la peau, la rendant d’une étonnante douceur. Nous passions de longues minutes après le bain, à nous sentir la peau, ainsi doucement parfumée ou à la faire sentir à nos amis d'enfance.

Elle utilisait aussi la fleur d’hibiscus en tant que shampoing, je ne me rappelle plus avec exactitude à quel moment de l’année où ma mère le faisait.

C’est une plante du quotidien et je crois que la malvacée, fleur nationale de la Corée du Sud et d’Hawaï est à mon sens la fleur la plus à même de symboliser le Martiniquais : adaptation, polyvalence et résistance.

Evariste Zephyrin

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