vendredi 13 août 2010

Wyclef Jean veut faire connaitre Haïti au monde



Candidat à la présidence haïtienne, le chanteur et compositeur hip-hop Wyclef Jean souhaite, s'il est élu, profiter de sa renommée internationale pour mieux faire connaître son pays au monde entier.


"Nous sommes au 21e siècle, et je pense que l'on a besoin d'un président qui n'est pas seulement le président local d'un pays", estime-t-il dans une interview à Reuters.

À ceux qui soulignent son manque total d'expérience en politique, et même son manque d'engagement envers Haïti, l'ancien leader des Fugees répond que ses contacts à l'étranger peuvent être un atout essentiel dans l'avenir du pays.

Le chanteur, qui va avoir 38 ans, a officiellement déposé il y a une semaine sa candidature à l'élection présidentielle du 28 novembre.

Une trentaine de personnalités sont candidates à la candidature et la commission électorale doit publier avant mardi soir la liste définitive des personnes éligibles.
Pour Wyclef Jean, le futur président devra activement faire campagne à l'étranger pour recueillir les aides et les investissements nécessaires à la reconstruction du pays, meurtri par le tremblement de terre du 12 janvier dernier, qui a fait près de 300.000 morts et laissé pratiquement en ruines la capitale, Port-au Prince.

"Il faudra un président tourné vers le monde, ce qui signifie qu'il ne devra pas se cantonner à Haïti, mais qu'il devra voyager pour parler aux pays donateurs, se faire de nouveaux alliés et leur dire que Haïti est prêt à se transformer", déclare-t-il, installé dans la maison de campagne de la famille à Croix-de-Bouquets, près de la capitale.

L'APPUI DE LA JEUNESSE
Cet auteur-compositeur-interprète est très admiré dans son pays d'origine, qu'il a quitté à neuf ans pour émigrer aux Etats-Unis, et les Haïtiens lui savent gré de n'avoir jamais oublié ses racines.

Wyclef Jean est considéré comme un prétendant crédible à la présidence du pays le plus pauvre des Amériques par les analystes, dont certains le voient même gagner facilement, et sa candidature a semé la panique dans la classe politique.

Il pourrait bénéficier de son excellente image auprès de la jeunesse, dans un pays dont la moitié de la population a moins de 21 ans. Il incarne en outre un espoir et inspire de nombreux Haïtiens lassés d'une histoire plus qu'agitée.

Mais les critiques à son encontre ne manquent pas. Certains évoquent ses ennuis fiscaux aux Etats-Unis, qu'il dit en cours de règlement.

D'autres, comme l'acteur américain Sean Penn, très impliqué dans l'aide à Haïti, estime que le pays a d'autre choix que celui d'un chanteur hip-hop comme futur président.

Sean Penn, qui a contribué à l'installation d'un camp de secours en Haïti peu après le séisme, est sceptique sur la capacité de Wyclef Jean à faire les sacrifices importants qu'exige la fonction présidentielle, après avoir vécu dans le confort aux Etats-Unis.

"Je suis un vrai Haïtien et je sais les souffrances endurées par mon peuple. Je peux vivre leur vie et partager leur douleur", répond Wyclef Jean.

Après une période initiale d'hésitation, Inité, le parti du président sortant René Préval, qui ne peut se représenter, a réagi à la candidature de Jean.

Il a changé de candidat, abandonnant le chevronné Jacques Edouard Alexis, deux fois Premier ministre, au profit d'un quadragénaire, Jude Celestin, un ingénieur de formation lui aussi sans expérience politique mais président du Centre national des équipements (CNE), la première entreprise de BTP du pays.

Pascal Liétout
pour le service français

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