jeudi 28 octobre 2010

Implication de la Minustah dans la propagation du choléra en Haïti?

 Voici les faits découverts par l'Associated Press et Al jazeera jusqu'à présent:

  1. Il y a eu une recrudescence du choléra à Katmandou au Népal vers la fin septembre.
  2. Un contingent de soldats népalais est arrivé à la base de la MINUSTAH située à  Mirebalais vers la mi-octobre.
  3. Des habitants de la région se sont plaints aux autorités locales concernant le déversement de matières fécales provenant de la base de la Minustah dans la rivière Meille qui est un affluent du fleuve Artibonite.
  4. Des journalistes de l'Associated Press et d'Al jazeera se sont pointés sans prévenir à la base de la MINUSTAH à Mirebalais et ont découvert que:
  • Les latrines n'étaient pas situées à une distance de 250 mètres de la rivière tel que requis par les  normes environnementales.
  • Il y avait déversement provenant d'une fosse septique située à l'intérieur de la base et l'odeur des excréments empestait l'air ambiant.
  • Les tuyaux situés derrière les latrines étaient fissurés.
  • Les gens de la localité questionnés par l'Asociated Press ont confirmé qu'ils ont régulièrement vu des déversements de matières fécales dans la rivière.
  • Les journalistes de l'Associated Press et d'Al jazeera ont eux-mêmes pu constater qu'un liquide noir  semblant provenir directement des latrines se déversait dans la rivière Meille.
  • Lors de l'arrivée des journalistes, les militaires semblaient travailler à colmater la fuite.

Le choléra se répand lorsque des matières fécales d'individus infectés contaminent les cours d'eau et que des individus de la population consomment cette eau.  Un individu qui ne présente aucun symptôme de choléra peut tout de même être infecté par le pathogène et le transmettre. 

La Minustah prétend qu'aucun soldat du contingent de Mirebalais ne présentait de symptômes de choléra.  La Minustah a également déclaré que les investigations qui ont été faites démontrent que la Minustah n'est pas à l'origine de l'épidémie.  La question maintenant est de savoir si ce sont bien les échantillons provenant des latrines de la base à Mirebalais et les échantillons de la rivière Meille qui ont été testés.  Il faut également savoir si des laboratoires indépendants autres que ceux de l'ONU ont pu effectuer des tests.

Toutes ces questions doivent être élucidées car, si la Minustah n'est nullement en cause dans cette histoire, il est essentiel pour elle d'en faire la preuve si elle souhaite continuer d'effectuer son travail en Haïti dans un climat de confiance.  À l'opposé, si une institution telle que la Minustah a failli dans le respect des normes de sécurité et de protection environnementale, il est du devoir des citoyens, des autorités locales et de la communauté internationale d'établir la vérité.¨

Certains diront qu'il vaut mieux se concentrer sur le traitement des malades et qu'il ne faut pas perdre de temps à chercher un coupable.  Il ne s'agit pas d'établir des culpabilités mais des responsabilités.  Lorsqu'une institution est responsable, elle sait qu'elle a des comptes à rendre à la population.   Une institution qui évolue dans un climat où on ne cherche jamais à savoir qui est responsable de quoi est une institution qui ne peut respecter la population qu'elle est censée desservir.  Ceci vaut autant pour la Minustah, que pour les ONG ou les autorités locales haïtiennes.

Reportage d'Al Jazeera à Mirebalais:


Article de l'Associated Press:


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