jeudi 7 avril 2011

Tempête politique à la TNH : Trois employés licenciés à cause des présidentielles


Accusé d’être un pro-Martelly actif depuis le début du second tour des présidentielles, le directeur général de la chaîne de service public, Pradel Henriquez, parle d’insubordination pour expliquer le renvoi du rédacteur en chef, Eddy Jackson Alexis et du chef de rubrique culturelle, Josias Pierre, indépendamment de leur opinion politique plutôt favorable à Mirlande Manigat qu’à son vainqueur ; dans la foulée, le très populaire chroniqueur sportif, Patrice Dumont, porte-parole de la campagne de la candidate malheureuse, est également remercié pour abandon de poste

La Télévision Nationale d’Haïti est au centre d’une vive controverse après le licenciement dans un contexte politique délicat de trois employés, dont deux journalistes, qui affirment avoir été victimes d’une "vengeance politique" au lendemain de la victoire de Michel Martelly aux présidentielles, argument rejeté par le directeur général de la RTNH.
Dans une interview exclusive à Radio Kiskeya, Pradel Henriquez, dément avoir mis fin au service d’Eddy Jackson Alexis, de Josias Pierre et de Jacques Innocent à cause de leur position politique favorable à la candidate malheureuse Mirlande Hyppolite Manigat, battue au second tour par son rival.
M. Henriquez soutient avoir adopté, conformément à la loi, les sanctions administratives qui s’imposaient face à trois cas d’insubordination grave. Les employés licenciés auraient, en effet, refusé de dissocier leur appartenance politique de leur devoir professionnel, selon le responsable qui a préféré s’expliquer uniquement sur le dossier d’Eddy Jackson Alexis, rédacteur en chef ces dernières années à la TNH.
Le directeur général accuse M. Alexis d’avoir refusé catégoriquement de contacter le chef de l’Etat élu alors qu’on lui avait confié la tâche d’interviewer lundi soir Michel Martelly et Mirlande Manigat pour des réactions à chaud aux résultats préliminaires du scrutin du 20 mars.
L’artiste l’a emporté avec 67,57% des voix contre 31,74% pour son adversaire démocrate-chrétienne.
Comparant volontiers ce dossier brûlant à une autre affaire qui avait défrayé la chronique, il y a quelques mois, Pradel Henriquez a fait d’une pierre deux coups en annonçant la mise à pied du chroniqueur sportif Patrice Dumont pour abandon de poste.
Mis en disponibilité à sa demande en raison de son rôle de porte-parole de la campagne présidentielle de Mirlande Manigat, le confrère avait été cité à comparaître en justice pour son implication présumée dans ce qui avait été présenté comme un complot destiné à incendier les locaux de la RTNH.
Au micro de Radio Kiskeya, les deux journalistes, révoqués mardi en marge d’une visite de courtoisie de Martelly à la chaîne de service public, ont accusé leur ancien directeur d’être un supporter actif du futur Président. Pour Eddy Jackson Alexis et Josias Pierre, ce parti-pris politique est à l’origine de leur renvoi et avait, durant toute la campagne, entraîné un déséquilibre flagrant entre les temps d’antenne réservés aux deux rivaux en violation de la mission de la Télévision Nationale financée par les contribuables.
Henriquez est également accusé d’avoir eu, lors du premier tour des présidentielles, un comportement professionnel qui laisserait à désirer. Il aurait réservé un traitement de faveur à deux des 19 concurrents alors en lice, le candidat du pouvoir, Jude Célestin, et celui de Lavni, Yves Cristalin.
Revenant sur ce qui lui a été spécifiquement reproché, Eddy Jackson Alexis indique que nonobstant son opinion politique pro-Manigat, il avait tenté en vain de contacter Michel Martelly tout comme sa rivale dans les minutes ayant suivi la publication des résultats du scrutin.
Pour sa part, Josias Pierre souligne que la décision prise à son encontre l’a été tout simplement parce qu’apparemment il avait l’air trop triste sur le plateau de la TNH à l’annonce de la victoire du chanteur de Compas Direct "Sweet Micky". Présentateur de la rubrique culturelle au téléjournal du soir, il dénonce une révocation arbitraire pour son supposé manque de professionnalisme et exprime ses inquiétudes devant une tentative de réinstauration de la "pensée unique" dans les médias d’Etat.
Mercredi, pour sa première sortie publique depuis son triomphe électoral, Michel Martelly avait effectué une tournée dans des stations de radio et télévisions de Port-au-Prince qui s’étaient montrées généralement favorables à sa campagne qui a fait l’objet d’une certaine polarisation médiatique.

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