Le chanteur Michel Martelly, surnommé « Sweet Micky », reçoit ce samedi 14 mai l’investiture en tant que 56e président d’Haiti, qui succède à René Préval.
En même temps que l’écharpe présidentielle, son prédécesseur lui transmet la responsabilité de diriger la reconstruction du pays, ravagé par le terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Il s’agit là d’une tâche complexe pour laquelle le peuple haïtien exige des solutions urgentes de la part de quelqu’un qui va, pour la première fois se colleter à des responsabilités d’État .
Né le 12 février 1961 dans la ville de Côte de Fer (Sud-Est), Michel Martelly est marié avec Sophie, la mère de ses 4 enfants, avec qui il vivait depuis une vingtaine d’années.
Sa vie a pris divers tournants depuis les années 1980, époque où il fut un jeune immigrant haïtien employé comme commis dans une épicerie aux États-Unis.
Son parcours jusqu’au timon des affaires a été aussi tortueux que surprenant : en plus d’avoir été vendeur, il a travaillé dans la construction, a amorcé des études de génie et a eu un bref passage à l’académie militaire.
Mais, c’est surtout sa carrière musicale qui est à l’origine de sa notoriété. On le connait en tant que compositeur, chanteur, claviériste et amuseur public extraverti.
La musique a sans doute été la rampe de lancement de Martelly et un élément clé de cette carrière politique qui débute. Sa popularité constitue probablement son principal atout politique, en particulier chez les jeunes, déçus des administrations successives dont le bilan demeure maigre.
Martelly a sorti son premier album « Ou la la » en 1988. Ce fut un succès qui ouvrit la voie à 14 autres albums.
Vedette de la musique compas, un rythme très populaire en
Haïti, Martelly a réussi à capitaliser sur son image de musicien dans l’arène politique, en dépit de son extravagance, ses élans de travesti et ses exhibitions obscènes.
Les images de ses prestations ont longtemps circulé sur Internet et lui ont valu de sévères critiques.
Certains le considèrent inapte à la présidence d’Haïti à cause de cette image libertine, tandis que d’autres, à l’image de son adversaire malheureux aux élections, la professeure Mirlande Manigat, le décrivent simplement comme un « fantaisiste ».
Cependant, toutes ces critiques n’ont pas été en mesure d’arrêter l’ascension fulgurante de Martelly en politique. A 50 ans, l’homme s’invente a grand renfort de communication une image de politicien « honnête » et prêt à conduire le changement dont le pays a besoin à travers la plate-forme politique Repons Peyizan (Réponse des Paysans).
Martelly, a, à maintes reprises, déclaré que les Haïtiens "veulent le changement".
« Sweet Micky » est présenté comme quelqu’un qui serait « en dehors du système », quelqu’un qui n’aurait rien à voir avec les dirigeants qu’Haïti a eu durant les dernières décennies et qui n’ont fourni aucun véritable résultat.
Mais cette idée est rejetée par des observateurs qui soutiennent qu’il a trempé dans des combines politiques et a appuyé ouvertement le sanglant coup d’Etat militaire de 1991 à 1994 contre le premier président élu démocratiquement en 1990, Jean Bertrand Aristide.
Ils font également valoir qu’il a pendant longtemps reçu beaucoup d’argent (du système) chaque année pour participer au carnaval, une grande fête populaire pratiquement incontournable en Haïti.
C’est ce chanteur « Tèt Kale » (Crâne rasé / slogan de sa campagne électorale) qui prend les rennes du pouvoir en Haïti ce 14 mai.
Les attentes sont aussi immenses que les promesses qu’il a faites.
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