mardi 7 février 2012

Propos antirépublicain du Recteur

Monsieur André SIGANOS
Recteur de l’académie de Martinique
Les Hauts de Terreville
97233 Schœlcher

Objet : demande de clarification

Monsieur le Recteur,

J’ai été maintes fois sollicité par la communauté éducative au sujet d’attitudes et de propos anti-républicains que vous auriez tenus. Ces propos, dénigrant la société martiniquaise et sa langue créole, remettraient en cause le respect et la réserve qu’un fonctionnaire de votre rang devrait observer dans sa mission de service public.

Les déclarations qui m’ont été rapportées, mais aussi évoquées par plusieurs médias, me semblent suffisamment graves pour exiger de votre part une clarification.

Pour mémoire, à la réunion de rentrée avec les chefs d’établissement, au mois d’Aout 2011 au lycée Joseph Gaillard, excédé par un micro qui fonctionnait mal, vous auriez déclaré qu’il s’agissait “d’un micro martiniquais” et présenté, quelques minutes après, de vagues excuses à l’assemblée tout en soulignant la “susceptibilité” des personnels présents.

Le second fait est dans la même veine. Il m’a été affirmé qu’à l’occasion de réunions techniques, notamment à Paris lors du dialogue de gestion du mois de novembre 2011, vous auriez souligné la mauvaise qualité du travail fourni par les chefs de division du Rectorat et par les personnels de direction. Ces propos ont été d’ailleurs dénoncés par le syndicat des chefs d’établissement « indépendance et direction » dans un courrier du 28 novembre 2011 qui souligne que pareils comportements et propos portent gravement atteinte à l’intégrité professionnelle et morale des personnels injustement visés.

Le troisième fait qui m’a été signalé est que vous auriez tenu à Saint Domingue des propos fustigeant le manque d’ardeur au travail du Martiniquais, l’oisiveté des femmes, et condamné l’usage de la langue créole pour son inutilité.

Enfin, à l’adresse d’un député de Martinique, vous auriez au cours d’un vol sur la compagnie Air France fustigé les annonces faites en langue créole et l’enseignement du créole en indiquant que votre rôle consistait « à renforcer l’enseignement du français en territoire français pour favoriser au mieux l’émergence des jeunes martiniquais ».

Je sais que vous avez, par voie de presse, nié ces propos et que publiquement, vous auriez minimisé leur portée en les versant au dossier de l’humour.
Vous en conviendrez peut être, que la multiplication des témoignages convergents nourrit le doute dans un champ où un fonctionnaire de votre rang n’y devrait laisser aucune poche de respiration.

Il me semble néanmoins que la ligne balisée par les valeurs humaines et les valeurs républicaines est fragile, voire étroite, et qu’autour d’elle ne s’ouvre que d’insondables abîmes. Dès lors, s’éloigner avec tant de constance de la mesure ou de l’éthique, dans un commerce bien trouble avec le mépris, ou le racisme, ne relève d’aucun domaine qui puisse être praticable, et encore moins acceptable.

Le malaise persistant dans la communauté éducative, l’atteinte supposée à la dignité de tout un peuple, nécessitent que le doute soit levé sur la nature de vos déclarations.

C’est en ce sens que je vous saurais gré de me faire savoir par retour de courrier tout élément d’information permettant de préserver les rapports qui existent entre la collectivité régionale et l’académie de Martinique.

Je vous prie de croire, Monsieur le Recteur, à mon attentive considération.

Serge Letchimy

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