mercredi 2 octobre 2019

Doha Day 5 : Une soirée de haute voltige


Les jours se suivent à Doha, au Khalifa international stadium, la soirée a commencé doucement avec des qualifications en hauteur hommes, au 400 m haies femmes, 400 m hommes, au marteau et au 3000 m steeple.

Les favoris ont assuré facilement leurs qualifications, Kirani James de Grenade au 400 m, le Qatari Barshim en hauteur, les américaines Mc Laughling et Muhamad aux haies, le Polonais Fadjek, le Français Bigot au marteau. 




Au 3000 m steeple, les protagonistes Kényans et Éthiopiens vont refaire le match en finale. Le Kenya reste, à ce jour, le grand battu de cette compétition sans pitié pour les organismes mal préparés et/ou usés par les circuits de meetings.


Beaucoup de favoris en font les frais, Talou, Schippers, Thompson, lâchées par leur corps ne peuvent pas répondre à l'appel. Dans le futur, il faudra choisir entre les titres et l’argent. Ce choix cornélien se posera plus fréquemment, où la donne spectacle a pris l’avantage ; confirmé à Doha. Ces défections donnent des épreuves très ouvertes et laisse place à la fraîcheur. C'est ce qui se passe en sprint, l’anglaise Dina Asher-Smith risque de n'avoir aucun problème au 200 m, tout comme la Bahaméenne Miller-Uibo au 400 m, tant elles dominent leur discipline en absence d'opposition.

Une surprise est venue du javelot où l'Australienne au dernier essai avec un jet de 66,56 m vole la vedette aux deux chinoises - en cette date de célébration des 70 ans de Révolution chinoise - pourtant leader durant tout le concours Lui (65,88 m) et Lyu (65,49 m) font un tir groupé. La Chine risque d'être très forte aux jeux de Tokyo, chez le voisin, rival de toujours, en recherche du leadership asiatique, en sport , mais aussi au niveau économique, militaire et industriel. Le 800m a confirmé les progrès de courses de mi et long distances des USA.



Le jeune américain, Brazier remporte le titre en 1.42.34 un temps de référence record des championnats. Il efface les 1.43.06 du Kenyan Billy Konchella établit à Rome en 1987. Ce jeune américain de 22 ans devient le premier athlète US sacré sur cette distance réputée une chasse gardée africaine. 


Cette performance traduit la pertinence des plans de développement US. Comparativement à certains systèmes en panne à Doha, ces programmes permettent un renouvellement perpétuel de leurs cadres – donc leur compétitivité - dans tous les familles de l’athlétisme (course-saut-lancer) sans les brader. 

Doha 2019 confirme cette émergence qui risque de durer et s’affirmer dans les années 2020. Dans cette course ultra rapide, le Bosnien Tuka (1.43.7) prend la deuxième place reléguant le Kényan Rotich (1.43.82) à la 3 ème place.



Deux autres finales ont tenues l'haleine des spectateurs, la perche et le 200 m. Le concours de perche a offert au public un concours de haute voltige, une dramaturgie avec des rebondissements. Dès le début les fins connaisseurs étaient amassés près du sautoir pour ne rien rater d’une épreuve au vu des résultats de la saison (3 athlètes à 6 m) devait atteindre les sommets. 

A l’échauffement, les derniers conseils étaient donnés sous l’œil attentif des coachs fixés sur leur athlète assisté de moyens vidéo. Le sauteur développe une relation particulière de dépendance avec son coach durant toute la compétition avec une assistance permanente. 

Le coach de sprint que je suis reste toujours surpris de ce besoin des sauteurs de vouloir être « sur-rassuré » de tout (parfois de rien) sur son geste par des allers-retours permanents vers le coach. Force est de constater que les différences entre un sprinter que vous laissez seul une heure avant son épreuve dans une chambre d’appel n’est en rien comparable en terme de psychologie – donc de fragilité- entre ces deux activités. L’un doit s’assumer seul, l’autre est toujours en dépendance à la recherche d’assistance (Clapping du public, mot du coach, regards etc..)



Le concours à partir des barres de 5,80 m a sélectionné les concurrents du podium. Le champion Olympique de Rio, le brésilien Braz en délicatesse avec son mollet à abdiqué tout comme le plus grand nombre des autres concurrents à l’image du benjamin des Lavillenie qui prend une prometteuse 6 éme place. Le jeune Suédois de 20 ans, Armand Duplantis (5,97m) avait un temps le concours gagné. Ce n’était pas sans compter avec la détermination de l’Américain Sam Kendris le champion du monde sortant, un compétiteur hors pair, en difficulté à 5,87 m mais efface au premier essai une barre à 5,92 m pour effacer une barre à 5,97 m la même marque que le Suédois mais qui s’incline au nombre d’essai après avoir tenté tous les deux sans succès 6,02 m. Le Polonais, Piotr Lisek, pourtant auteur de nombreuses barres à 6 m s’arrête au bronze à 5,87m. La discipline affiche une grande densité de jeunes sauteurs qui font progresser la discipline attention aux records dans les prochaines années.



Au 200 m, Noah Lyles venu archi favori a cependant dû batailler pour triompher dans une course dominée dans la première partie par le britannique Gemili. C’était sans compter sur la réserve d’accélération de l’Américain qui s’impose en 19.83 devant le médaillé d’argent du 100 m, le Canadien Degrasse (19.95) et l’équatorien Quiñónez (19.98).


Harry Méphon

Doha 2/10/19

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