mercredi 9 octobre 2019

Doha day 10 : La fin d'un spectacle inédit


L’épilogue du spectacle des mondiaux a eu lieu ce dimanche avec un public qui a apporté de nouvelles sonorités dans les tribunes pour faire un dernier baroud d’honneur. A ce jeu d’ambiance l’Afrique de l’Est a gagné. Le Kenya, l’Ethiopie, l’Ouganda ont été très bruyants dans leurs chants qui accompagnaient les efforts de leurs athlètes.


Le demi-fond et les longues distances ont sacré les derniers champions. Au 1500 m, le kenyan Timothy CHERUIYOT (3.29.26) est parti en front runner et n’a jamais pu être rattrapé par ses poursuivants, attendant sans doute qu’il craque. Avec panache, il a tenu son pari  et surtout son rôle de leader mondial de la distance. La deuxième place a été l’objet d’une belle bagarre. 



L’Algérien Taoufik MAKHLOUFI (3.31.38) s’adjuge le sprint terminal dans lequel s’insère le Polonais Marcin LEWANDOWSKI (3.31.46). On a pu constater à quel point, dans ces championnats les progrès techniques ; les courses longues se jouent au sprint, la vitesse terminale reste la clef des victoires.


Les athlètes développent de grandes aptitudes techniques de pose d’appui et d’équilibre par des bras actifs digne des sprinter court. Le 10 000 m reste toujours un moment très attendu des championnats en donnant à la lutte fratricide Kenya/Ethiopie un paroxysme dans le public durant les tours de piste. 


Les tambours ougandais répondaient aux clameurs éthiopiennes venues des quatre coins du stade. Ce match a bien eu lieu, mais c’était sans compter sur le champion de l’Ouganda Joshua CHEPTEGEI (26.48.36) qui est venu brouiller les cartes pour confirmer les progrès ougandais observés lors de ce championnat (2 médailles d’or). L’Ethiopien Yomif KEJELCHA () s’adjuge l’argent en laissant le bronze au Kenyan Rhonex KIPRUTO (26.50.32).


Les deux concours de Javelot et de saut en longueur ont gratifié de belles performances mais surtout ont sacré deux jeunes qui entrent dans la cour des grands. Au javelot hommes, le ressortissant de Grenade Anderson PETERS (86,89m) 22 ans, a confirmé les progrès des nations de la Caraïbe dans les lancers, des disciplines souvent réservées aux nations européennes.


Les Progrès déjà entrevus lors des Carifta games se confirment. L’Estonien Magnus KIRT ( 86, 21m) s’adjuge de l’argent, l’Allemand Johannes VETTER (85,37m) prend le bronze. En saut en longueur, la jeune allemande de 25 ans, Malaika MIHAMBO (7,30m) n’a laissé aucun doute à ses adversaires avec 3 sauts à plus de 7m. Elle s’affirme en véritable leader de la discipline. 


Cette athlète montre une très grande sérénité dans l’approche et la gestion du concours. Aucun aller-retour intempestif avec un coach, des gestes calmes, contrôlés avec une technique associée à une grande capacité de vitesse dans la course d’élan ; une grande maîtrise technique où la moindre erreur est fatale. L’Allemande n’a laissé aucune chance à l’Ukrainienne Maryna BEKH-ROMANCHUK (6,92m) et la Nigériane Ese BRUME (6,91m) au premier essai.


Le match USA-Jamaïque au 100 m haies était attendu, tant les protagonistes avaient affiché des chronos de folie durant l’année. Les haies restent une course de 10 obstacles pleine de rebondissements et les arrivées sont tributaires d’une technique maîtrisée surtout lors des passages des haies, les chutes sont nombreuses. Le coureur de haies est un technicien hors pair de la course. A ce jeu, les américaines ont imposés leur hégémonie sur une discipline qu'ils affectionne particulièrement par un doublé. Nia ALI (12.34) remporte l’or, Kendra HARRISON (12.46) en argent dominent la Jamaïcaine Danielle WILLIAMS (12.41) en bronze pourtant arrivée leader de la discipline.


Les relais 4x400 m concluent comme à l’accoutumée les championnats. Ces épreuves donnent les derniers suspens de plus de dix jours de compétition. Les deux relais n’ont souffert d’aucune contestation tant les USA ont maîtrisé leur sujet et surtout tans leur réservoir de sprint est volumineux. Ils peuvent se permettre de mettre en réserve leurs meilleurs pour les finales et faire courir des jeunes dont leur mission consiste à qualifier l’équipe pour les finales en série. L’équipe de France n’est pas dans cette configuration tant les réserves sont faibles et la discipline 400 m mal abordé dans les programmes de formation athlétique. Seul le relais masculin a couru les finales comme rescapé, une illustration finale du naufrage de Doha.


Chez les hommes le podium gagnant est USA (2.56.69)- Jamaïque (2.57.90)- Belgique (2.58.68). Chez les femmes ont aurait cru voir le même podium. Les américaines s’imposent (3.18.92) avec trois filles en 49 secondes ce n’était sans compter sur le retour fulgurant des polonaises 2 ème (3.21.89). Après une contestation la Jamaïque (3.22.37) a été confortée dans sa troisième place.


Les mondiaux de Doha ont été comme on a pu le vivre d’une grande facture, en, dépit de nombreuses critiques et dans des conditions climatiques extrêmes. Des choses sont à revoir dans l’organisation, les transports, le métro, les embouteillages, le merchandising, la sonorisation du stade voire l'animation de la manifestation. Cependant les mondiaux n’ont souffert d’aucun incident de sécurité où on ne voyait pas un déploiement d’hommes en armes comme souvent lors de tels événement. Les places n'étaient pas chères. Lors de ses premières conclusions Sebastian Coe, le président de Word Athlétics , le nouveau nom de la fédération internationale, a exhorté le succès de Doha. L'athlétisme se tourne inexorablement vers le spectacle et Doha marque le début d'une nouvelle époque. Le meilleur de tous les mondiaux : 6 records des championnats ont été battus 21 records continentaux soit deux fois plus qu’en 2017 et 86 records nationaux.


A la table des médailles, les USA avec 29 médailles dont 13 or ont dominé la compétition dans le golfe persique, la première sous de telles latitudes. Le Kenya arrive en 2 éme place avec 11 médaille dont 5 or. ; la Jamaïque dans l’ère post BOLT prend la 3 eme place avec 7 médailles dont 3 or. Les nations de la Caraïbe sont bien présentes et placent des jeunes dans de nouvelles disciplines autres que le sprint. A travers ces chiffres, on ne peut que mesurer la crise, la descente aux enfers de l’athlétisme national face aux poussées internationales et surtout le rajeunissement de l’élite. 


Nos ressortissants guadeloupéens, fruit de ce système n’ont pas brillé. A 10 mois de Tokyo, le challenge semble être difficile, tant Doha a révélé les failles d’un système à bout de souffle.

Merci DOHA, Vive EUGENE 2021

Harry Méphon
Doha, 9/10/19

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