Les mondiaux se terminent en trombe.
Ce samedi dans la nuit de Doha, les athlètes ont puisés au fond d’eux-mêmes et révélés des performances inattendues. La plupart des athlètes à ce stade de la compétition ont déjà fait leur entrée, les finales pour certains concrétisent leurs attentes de nombreuses saisons de sacrifices ou révèlent leur talent jusque là endormi.
La fonction de la compétition est le juge de paix. Elle permet de valider la pertinence des programmes de développement, la programmation des coaches et la fiabilité de l’athlète.
La dureté de l’athlétisme est que le verdict est souvent sévère et tombe en peu de temps. Le bonheur se joue, sur un événement, des fractions de secondes, quelques centimètres, une erreur technique, un mauvais placement, une faute réglementaire.
La sanction frappe l’athlète qui doit revenir 2 ans après, c’est le cas du championnat du monde ou encore 4 ans dans le cas des jeux olympiques avec en suspens une éventuelle qualification souvent non garantie. Voir les réactions des champions après une victoire est aussi comprendre le sens, le ressenti de tout ce que résume l’aboutissement d’un succès : vaincre la frustration, l’adversité au prix de lourds sacrifices, un accomplissement d’une vie.
Les médias avides d’images sensationnelles passent sous silence cet aspect fondamental pour un sportif. Sans être dupe de l’usage politique que représente le succès d’un champion. il traduit aussi place d’une nation dans l’hégémonie à l’échelon mondial de la compétition qui se joue entre les grandes puissances de la planète. Autrement dit, le sport ne traduit que la guerre sous d’autres formes.
Revenons à la piste.
Les dernières épreuves de qualifications ont livré leur finalistes dans les concours de longueur femmes, du javelot hommes, en course aux 100 m haies et aux relais 4x400 m hommes et femmes. Les athlètes guadeloupéennes de l’équipe de France n’ont pas pu passer le cap. En longueur, nos ressortissantes restent à 6,46 m. Eloise Lesueur et Yanis David calent en dépit d’un dernier mordu par David, qui visiblement semblait loin.
La plasticine de la planche d’appel vous oblige son respect.
Au 100 m haies, Fanny Quennot dans un couloir extérieur semblait être dans un jour sans . Surement déconcentrée par le coup de tonnerre de la disqualification de la championne olympique l’américaine Brianna McNeal suite à un faux départ.
La guadeloupéenne réalise une course très décousue avec des erreurs techniques. Souhaitons un avenir meilleur pour nos ressortissantes pour Tokyo, elles ont 10 mois de travail pour faire le point.
Le javelot hommes fut tranquille pour les favoris. Les relais 4x400 m hommes et femmes ont permis aux grandes nations de quarter miler de se qualifier. La France, à son niveau, sur deux relais engagés ne qualifie que son relais hommes.
Les courses de longues distances ont donné un beau spectacle. Sifan HASSAN (3.51.95), la néerlandaise , championne du monde du 5000 m établit un nouveau record du championnat. Elle a fait le grand écart ne laissant peu d’espoir à la Kenyane Faith KIPYEGON (3.54.22) et l’Éthiopienne Gudaf TSEGAY (3.54.38). Au 5000 m femmes, le doublé du Keyna dans une fin de course ultra rapide atteste des ressources retrouvées du Kenya qui, en cette soirée place ses ressortissants sur les podiums au plus hautes places. La kenyane Hellen OBIRI (14.26.72) toute comme HASSAN établit une meilleure performance de championnat. elle devance Margaret Chelimo KIPKEMBOI (14.27.49) et la surprenante allemande Konstanze KLOSTERHALFEN (14.28.43) qui a manqué de vitesse terminale face à ses rivales.
Au poids, les hommes ont écrit un scénario digne d'un western avec pour titre: "pour quelques centimètres de plus". Dans ce film, les trois protagonistes du podium marqués par un doublé américain ont tutoyé les 23 m Joe KOVACS (22,91 m) Ryan CROUSER (22,90), le Néo zélandais Tomas WALSH (22,90 m)
Les relais en athlétisme témoignent de l’état de santé de votre discipline.
Le clou de la soirée fut les relais, le show de présentation donnait à l’événement encore plus de dramaturgie. Chez les femmes, les jamaïcaines (41.44) ont voulu affirmer leur domination sur le sprint féminin mondial en montrant qu’elles ont de la réserve. Les anglaises en gros progrès prennent l’argent (41.85) derrière des américaines (42.10) décapitées de leurs meilleurs éléments.
Chez les hommes, c’est nul doute le 4x100 m le plus rapide de l'histoire (en moyenne de performance) qui a n’a jamais été couru au monde qui s’est déroulé à Doha. Le sprint était en état de grâce dans cette finale où le relais français n'a pas su profiter de l'aubaine. Il s’arrête suite à une grande faute de transmission au premier passage. Adepte de la "bonne technique", privilégiant le groupe sur la vitesse des individualités, cette option subjective n’a pas payé ce soir dans les hautes sphères de la vitesse. Vicaut parti trop vite n’a pas être rattrapé par Golitin manifestement en manque de vitesse terminale. Cette course marque une descente aux enfers et surtout un net recul du sprint français au niveau international.
Dans les rues de DOHA très tard dans la nuit les Éthiopiens ont montré à leur rival de toujours le Kenya l'étendue de leurs réserve sur Marathon.
Le doublé après une arrivée au sprint de Lelisa DESISA (2h10.40) et Mosinet GEREMEW (2H10.44) montrent qu’en l’absence de Kenenisa BEKELE (2H01.41 ), ce pays reste ultra compétitif. Le Kenyan Amos KIPRUTO (2.10.54) prend le bronze.
Cinquante-cinq concurrents ont terminé cette course ravageuse et 18 abandons nous rappelle aussi que les conditions étaient extrêmes pour les organismes.
En cette fin de compétition, dans le golfe persique, les Etat-Unis sont revenus au premier plan dans l’athlétisme international, ce qui atteste de la qualité des plans de développement, ceux produit dans les Universités.
Derrière le Kenya, presque à domicile et la Jamaïque qui fait mieux que résister dans l’ère post Bolt. Cette nation de la Caraïbe a su se diversifier dans d’autres sphère que le sprint (les sauts, les lancers). Nos ressortissants guadeloupéens bien que présent doivent être sans doute mieux accompagnés pour être plus compétitif dans un contexte de grave crise nationale enfin révélée dans la discipline et d’une élite vieillissante qui peine à se renouveler. De grandes questions se posent.
Harry Méphon
Doha, 7/10/19
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