lundi 11 janvier 2010

Le non massif des Guyanais et Martiniquais à l'autonomie accrue


Les électeurs de Guyane et de Martinique se sont prononcés nettement contre l'autonomie accrue de leurs départements qui leur était proposée lors d'un référendum organisé, dimanche 10 janvier, à la demande d'une majorité de leurs élus locaux. En Guyane, ils ont dit "non" à 69,8 %, et en Martinique, le "non" l'emporte avec 78,9 % des votes, selon les résultats définitifs annoncés lundi matin par le ministère de l'outre-mer.
Un peu plus de 67 000 électeurs en Guyane et de 297 000 électeurs en Martinique étaient invités à dire s'ils souhaitaient un passage de leur département (et région) d'outre-mer, soumis aux mêmes règles juridiques que la métropole, à l'article 74 de la Constitution, qui en aurait fait une collectivité d'outre-mer pouvant bénéficier d'une autonomie accrue. La question était : "Approuvez-vous la transformation de la Martinique (ou de la Guyane) en une collectivité d'outre-mer régie par l'article 74 de la Constitution, dotée d'une organisation particulière tenant compte de ses intérêts propres au sein de la République ?" En cas de oui, le statut de ces collectivités aurait été défini ensuite seulement par une loi organique.

Ces résultats traduisent un sentiment de défiance des populations à l'égard des élus locaux. En Guyane, les quatre parlementaires, dont Christiane Taubira, et les présidents du conseil régional et du conseil général, tous de gauche, avaient appelé à voter oui. Le résultat de dimanche aura des conséquences importantes sur les élections régionales de mars, notamment en Martinique, où le président du conseil régional, Alfred Marie-Jeanne (Mouvement indépendantiste), avait appelé à voter oui, à l'inverse du député autonomiste Serge Letchimy (Parti progressiste).

"ON VOTE D'ABORD ET LE CONTENU DE LA LOI EST CONNU APRÈS"

Les partisans d'une autonomie accrue ne sont manifestement pas parvenus à convaincre les électeurs des vertus d'une plus grande autonomie dans le cadre d'un nouveau statut pour assurer plus efficacement le développement local et satisfaire leurs besoins quotidiens (transports, logement, emploi, coût de la vie...). La campagne s'est grandement jouée sur la peur de perte d'acquis sociaux, notamment en Martinique, à la population vieillissante, bien que ce qui relève de la protection sociale devait continuer à demeurer de la compétence de l'Etat. Mais cela ne devait être inscrit qu'ultérieurement dans la loi.

"Les modalités de la consultation sont bien singulières : on vote d'abord et le contenu de la loi organique est connu après", avait déploré le député martiniquais autonomiste Serge Letchimy. Le socialiste Axel Urgin a estimé que "des zones d'ombre ont été entretenues par la présidence de la République". Les électeurs ont refusé "un saut dans l'inconnu", a estimé le maire de Cayenne, Rodolphe Alexandre, qui avait fait campagne pour le non.

L'Elysée a réagi en assurant avoir pris acte de "la réponse négative claire que les électeurs ont apportée à la question posée", réponse qui traduit, selon la présidence, "l'attachement des Guyanais et des Martiniquais à un statut qui soit proche de celui des collectivités de métropole, réaffirmant ainsi le lien étroit qui les unit à la République". Electeurs guyanais et martiniquais auront à présent à se prononcer, dimanche 24 janvier, sur la mise en place éventuelle d'une collectivité unique, à la place du conseil général et du conseil régional de leurs régions mono-départementales, demeurant régie par l'article 73 de la Constitution.

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