mercredi 6 janvier 2010

lettre de karl PAOLO concernant l'évolution statutaire


Bonjour,
Je m’adresse au défenseur des libertés publiques et des libertés
individuelles que votre profession vous impose d’être.
Vous êtes partisan d’un statut issu de l’article 74 et c’est bien votre
droit.

On peut supputer qu’un ilot de spécialité législative, -l’exception-, dans
un océan d’identité législative –la règle-, puisse être profitable à la
Martinique et aux Martiniquais. Pour l’heure, nous n’en savons rien puisque
le contenu de la loi organique n’est pas connu et qu’un projet, même
simplifié, à l’instar de ce qui a été fait pour la Corse, n’est pas soumis
aux électeurs lors de la consultation du 10 janvier.

Quant aux délibérations du Congrès, elles n’engagent nullement le
gouvernement et moins encore le parlement.
Je me suis souvent demandé si nos élus auraient été capables d’adopter une
« Loi sur l’Eau » ou une « Loi «Littoral » s’ils en aveint eu les moyens
juridiques !!! Peut-être avez-vous la réponse.

Mais supputons !!!

Ce sur quoi aucune supputation ne me parait possible, c’est bien sur la
capacité de ceux de nos élus occupant des fonctions dirigeantes à mettre
l’intérêt général en avant au détriment du leur, à exercer leurs
prérogatives avec compétence, efficacité et modestie, et d’agir en
démocrate.

Et puisque vous êtes avocat, je voudrais me limiter à quelques faits :

- Que penser d’un président de collectivité qui prétend assurer la
protection du foncier et le développement durable de la Martinique et qui,
maire pendant 30 ans, n’a jamais doté sa commune d’un Plan d’occupation des
sols maintenant Plan local d’urbanisme et dont le bourg n’est raccordé à
aucune station d’épuration ?

- Que penser d’un appontement réalisé au Diamant, en un lieu qui ne
permet aucun accostage et qui a mobilisé 18 millions d’euros de fonds
publics soit 120 millions de francs ?

- Que penser d’un Centre de Découverte des Sciences de la Terre
construit à Saint-Pierre selon des modalités qui tournent le dos aux règles
parasismiques les plus élémentaires (porte-à-faux), ce qui a généré des
surcouts considérables, alors que dans la même commune, le Musée Franck
PERRET qui recueille des collections extraordinaires sur l’éruption de 1902,
dans des conditions absolument indignes d’un musée et qui insultent la
mémoire des victimes, n’a pas eu droit à un seul regard ?

- Que penser de l’étranglement financier d’une association
paritaire, réunissant des syndicats ouvriers du BTP et des organisations
professionnelles d’employeurs du même secteur, chargée de la gestion du
CFA-BTP, pour confier celle-ci à des amis dont la proximité communale et
géographique est connu, à défaut d’une compétence reconnue dans le BTP, mais
qui ont l’immense mérite d’assurer l’emploi de fils du président du conseil
régional ?

- Que penser du comportement d’un président de collectivité qui
s’arroge le droit d’écrire au président et aux membres du conseil
d’administration d’une association loi 1901 dont ni lui ni sa collectivité
ne sont membres, pour exiger que soient renvoyés deux salariés, au nom de
principes moraux que lui-même foule au pied, prétendant que le financement
de la dite association par sa collectivité lui donne tous les droits ?

- Que penser d’élus qui, depuis mars 1983,et plus encore depuis
1991, avaient la faculté de réunir les deux assemblées, la régionale et la
générale, pour débattre des questions essentielles les concernant
(transport, foncier, …etc.) et adopter des dispositions qui auraient été
reprises dans les mêmes termes par chacune des assemblées, ont patiemment
attendu qu’une loi les y « autorise » en instituant le congrès ?

- Que penser d’une collectivité qui met en place un dispositif
d’aides sociales alors qu’elle ne dispose d’aucune compétence dans ce
domaine, passant par-dessus la tête des centres communaux d’action sociale
et du conseil général, en prenant des décisions dans une opacité totale qui
amène à s’interroger sur son objectif réel ?

- Que penser d’élus qui engrangent, à titre personnel et pour un
usage totalement privé, des « miles » obtenus lors de déplacements aériens
dont le financement est assuré par le contribuable ?

La vraie question n’est pas seulement de savoir si l’article 73 a été ou non
exploité jusqu’à la corde, chacun sait que ce n’est pas le cas, ou si
l’article 74 permettra d’assurer le développement de la Martinique, mais de
savoir si nous pouvons avoir confiance dans ceux qui ont l’immense
prétention de nous diriger.

Certes, tous les élus n’ont pas ces travers mais certains les acquièrent
vite. Aussi, l’exigence démocratique serait qu’aucun mandat électif ne
puisse être renouvelé plus d’une fois !

Karl PAOLO

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