photo de René Charles Benny
A la terminaison de juillet et au début du mois d’août, la Martinique se transforme en une mer de yoles. Tout semble marquer le pas au cours de cette période, il n’y a plus que pour les yoles et les yoleurs, offrant le temps des régates un spectacle magnifique, mais ce n’est pas tant cette manifestation sportive qui importe, mais le sens sociologique qui lui ait donné.
Comprenez que la « mulatrâille » comme toutes les bourgeoisies de ce monde, a ce besoin irrépressible de sortir un temps de l’entre-soi, de s’attifer de sa réussite afin de la montrer ostensiblement aux autres.
La course des yoles est devenue l'instant privilégié, le seul à mon sens en Martinique, les autres moments ne sont pas signifiants, car égalitaires ou familiaux.
Néanmoins, ce n’est qu’un aspect de la course de yoles où l’on voit les capitaines d’un jour se livrer à un m’as-tu vu frénétique, les jeunes femmes à un défilé de corps et de bonda déwo, quoique relativement pudique, les hommes politiques de se faire tirer le portrait avec leurs invités prestigieux, les entreprises n’ayant pas de yoles sur l’eau, louer trimaran, catamaran pour leurs collaborateurs, clients, asseoir leur image et notoriété.
Le spectacle a lieu sur mer comme sur terre, les gens se mêlent sans se mélanger, toutes les strates y sont représentées, de la populace à la noblesse invitée, de la négraille à la mulatrâille, des vieux aux jeunes, des nantis aux désœuvrés, des gendarmes aux jeunes dans l’attente de l’émeute.
Evariste Zéphyrin
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