"Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre secouait Haïti et faisait plus de 200 000 morts. Pascal Priestley et Guillaume Gouet, respectivement journaliste et caméraman de TV5Monde, se trouvaient sur place. Le premier se souvient pour cette soirée spéciale.
Depuis Port-au-Prince, le présentateur vedette de TV5 Monde, Philippe Dessaint, et une animatrice de la télévision haïtienne, Esmeralda Milcé, orchestrent, ce mardi 11 janvier, une émission spéciale autour d’Haïti, faite d’interviews, d’un documentaire (Haïti, la blessure de l’âme, également sur France Ô), et de reportages de Pascal Priestley (en photo avec des enfants haïtiens), retourné plusieurs fois là-bas depuis le séisme.
Où étiez-vous le 12 janvier 2010 à 16h53 ?
A la campagne, en pleine interview pour les Chroniques de Haïti (une série texte et vidéo sur le site tv5.org, ndlr). La terre a tremblé, les téléphones se sont coupés, mais les petites maisons en bois n’étant même pas tombées, on a tous un peu rigolé, et les gens se sont remis au travail. C’est de retour à l’hôtel que nous avons appris l’ampleur du désastre.
Qu’avez-vous fait ?
Nous avons commencé à couvrir l’événement pour TV5. Avec Guillaume, nous étions les seuls journalistes français à être sur place et à bien connaître le pays, cela a probablement permis à TV5 de traiter l’information avec un ton différent.
Pourquoi ?
La plupart des confrères ont débarqué avec les secours et sont restés avec eux, à filmer les avions, les hélicos, les GI, les ONG, les sauvetages, dans une ambiance hollywoodienne. Tout ce monde nous était étranger et, instinctivement, nous avons voulu avoir un regard intérieur, en partageant l’événement avec les Haïtiens. Car quelques kilomètres plus loin, les gens étaient dans le dénuement et la détresse.
Y êtes-vous retourné ?
En mars, en mai et en décembre. A chaque fois, j’aurais pu tourner les mêmes reportages que la fois précédente !
Comment ça ?
J’ai constaté une évolution très lente de la situation. Des rues ont été déblayées, mais je n’ai pas vu une seule reconstruction en dur, il y a toujours des millions de gens sous tente et quelques milliers d’abris provisoires en préfabriqué.
Et le choléra ?
Il y a eu des morts, tout le monde sait que ce sont des “Blancs” qui l’ont apporté, mais on le tait, pour ne pas nuire à l’ONU. Des réflexes d’hygiène se sont installés, les gens se tapent du poing au lieu de se serrer la main, et l’épidémie n’a pas envahi les camps de sinistrés, probablement grâce à l’eau potable et au suivi médical.
Et l’aide internationale ?
Elle a été en deçà des espérances locales, mais elle a installé une couverture médicale : en cas de pépin de santé, les populations déshéritées ont plus de chances de survivre qu’avant, c’est un paradoxe.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Les gens ont perdu des proches, leur maison, leurs économies, leur emploi. Les Haïtiens ont d’abord fait preuve d’une résistance, puis d’une résilience. Maintenant, ils sont abattus, face à une tâche immense dont on ne voit pas le bout. Le président sortant, René Préval, m’a fait remarquer que trois ans après le 11 Septembre, les décombres du World Trade Center n’étaient pas tous déblayés, alors imaginez pour une ville entière, dans un pays si démuni…
Julien Alliot
Télécâble Sat Hebdo
– Envoyé à l'aide de la barre d'outils Google"
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