mercredi 11 mai 2011

Le 11 Mai 1981 que Bob Marley s'éteignait à Miami


« J’étais séduit par son panafricanisme et son militantisme tiers-mondiste.»

Bob Marley est un mythe, un personnage ayant animé et construit mon adolescence bien plus que tout autre. Pourquoi, je ne saurais le dire, il ne me ressemblait pas, je ne comprenais pas les paroles de ses chansons, ne fumais pas la ganja, n'adhérais pas au rastafarisme, pas plus que je prônais un quelconque retour en Afrique, en fait rien ne me rapprochait de cet homme pourtant mon idole.

Il y avait ces jeunes de mon quartier, mes amis et nous étions comme dans un tégument, dans une espèce de cosse, nous nourrissons au reggae, de cette musique qui venait remplacer le ska, nous nous vêtions comme Bob Marley, allant à adopter des démarches ridicules, nous parlions du ghetto, même notre vocabulaire venait à changer.


Toutefois, je n'étais pas certain que l'homme aux long dreadlocks et à la barbe hirsute me rendait fier et fortifiait ma race. Non, j'étais un "préleur", affectionnant les costumes en laine vierge, les vêtements de qualité achetés à l'époque chez les couturiers de la rue de Rennes ou des Saint-Pères, je vous avouerai, que j'avais une tante riche qui pourvoyait  de temps à autres à ma vêture, je m'affranchissais de temps en temps, mais entre-nous une chemise en soie, une chemisette en fil d'écosse, un pantalon en alpaga,  c'est comme une caresse sur la peau, porter ces vêtements devenait un plaisir.



Bob Marley était en vérité mon anti-idole, quand les copains où les copines se réunissaient à Paris dans leurs petits studios, déjà je me demandais qu'est-ce que je faisais dans ces clapiers, je sais, ce sont les filles  qui m’intéressaient avant tout, elles étaient particulièrement mignonnes, notamment toutes ces jolies métisses ayant fait de Bob Marley leur gourou,  ce sont elles qui justifiaient ma présence, puis quand tout  ce petit monde commençait à fumer l'herbe de Dieu, la ganja, tous affalés dans les sièges ou dans les canapés se  passant  et se repassant les joints,  je prenais un air profond lorsque je refusais courtoisement le stick, avec un c'est bon comme si j'étais déjà chargé comme une mule, alors qu'en réalité j'avais bon coeur, ne souhaitant pas leur priver  de leur sinsemilia et je m'échappais   aussitôt constatant qu'il n'y avait rien à tirer des filles déjà amorphes et sans désir. Je prenais mon taxi pour aller faire la fête dans une discothèque parisienne à la mode, où on ne jouait pas de reggae pour ne pas attirer une clientèle à problème, celle des fumeurs de bonbon.

Après avoir zouké toute la nuit, fait des frotti-frotta, je rentrais chez moi seul (ou accompagné, tout dépendait si j’avais levé une fille ou pas), mettant mon walkman sur mes oreilles et écoutant du Bob Maley, du Third World, du Jimmy Cliff, bon je ne vais pas tous les citer, j'écoutais du bon son.

J'aimais ce chanteur, j’aimais Bob, il me parlait même si je ne comprenais pas un tchou de ce qu'il racontait, quoique j'ai fini par traduire ses chansons, je n'aimais pas le monde des rastas, je n'aimais pas  ces gens qui passaient leur vie dans la fumée et ennuager leurs rêves, mais Bob Marley était mon idole.


Aujourd'hui, le 11 mai cela fera trente ans qu'il est mort à Miami, je lui rends un petit hommage, car il a été un personnage clé de mon adolescence, l'icône de mes 18 ans, mon modèle, mon anti-modèle, c'est compliqué à expliquer. 

Evariste Zephyrin


Aucun commentaire: