Concernant la guerre qui dévaste la Syrie, vous entendez parler d’un dictateur, d’une opposition armée, de groupes terroristes, d’attaques à l’arme chimique, de puits de pétrole et de gazoducs…
Il ne vous échappe pourtant pas l’exception d’une situation où les cinq plus grandes puissances militaires du monde, qui sont également les cinq pays membres permanents du conseil de sécurité des Nations-Unies, s’y trouvent au bord d’un affrontement direct entre elles qui provoquerait s’il se produisait, un cataclysme planétaire, dont aucune ne survivrait…
Mais si vous ne remontez pas aux origines lointaines de ce conflit, vous pourriez vous laisser aller à croire que ces seules questions qui sont certes importantes, mais qui ne sont pas pour autant absolument vitales pour les différents protagonistes, suffiraient à justifier cet affrontement suicidaire de géants, mais il n’en est rien. Car bien au-delà du pétrole et du gaz, bien au-delà des faits de tel dictateur ou de tels terroristes, ce n’est rien d’autre qu’une lutte féroce, titanesque, dans une quête obsédée de suprématie mondiale, qui se livre actuellement. Tout cela en mélangeant des données historiques, économiques, et géopolitiques, objectives, à des données mystiques et totalement irrationnelles, lesquelles font qu’on ne peut comprendre l’attitude apparemment “erratique” de notre actuel gouvernement, qui s’en va bombarder n’importe quoi, n’importe comment, et sous n’importe quel prétexte, hors de toute raison…
Nous sommes là à San Remo en 1920 où, suite à la grande guerre, il se dessine déjà une volonté de diriger le monde, dont les données mystico-religieuses demeurent inavouées, mais sous-jacentes. Sur la photo de gauche on aperçoit au premier plan Fayçal, un des fils du shériff Hussein de la Mecque qui, s’étant allié aux Britanniques qui lui avaient promis la création d’un empire arabe dont il serait le chef, avait proclamé la guerre sainte contre les Ottomans, alliés de l’Allemagne et de l’Autriche, dans le conflit…
Derrière lui se trouve le deuxième à partir de la droite, sir Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d’Arabie, qui avait intrigué pour que les Arabes puissent se joindre à l’effort de guerre des Franco-britanniques, contre les Ottomans…
En fait, les Arabes seront trahis, et ce ne sera pas la seule fois, par les diplomates français et britanniques. Il n’y aura pas l’empire arabe prévu avec Hussein pour roi car les Français et les Britanniques entendaient déjà dès cette époque, rendez-vous compte, prendre le contrôle de cette région. Il faudra donc dédommager Hussein en fabriquant de toutes pièces à partir de la Syrie historique dite grande Syrie et parmi d’autres, deux états, la Syrie et la Jordanie, elle-même issue du partage de la Palestine historique qui s’étendait des deux cotés du Jourdain, pour en faire rois, chacun de ses deux fils, Fayçal et Abdallah…
Le premier sera renversé, et le second carrément assassiné, par des populations qui n’entendent pas se voir imposer leur chefs par des étrangers, et qui ne l’entendent toujours pas un siècle plus tard, tel qu’on le constate dans l’actuelle guerre de Syrie…
Sur la photo de droite on aperçoit les représentants de la France, de la Grande Bretagne, de l’Italie, de la Grèce, de la Belgique, et du Japon, qui vont décider de ce que doit devenir le Proche-Orient, en se moquant éperdument de s’inquiéter de l’avis des populations locales, ce qui va enclencher un cycle infernal de conflits qui se poursuit jusqu’aujourd’hui.
A cette époque, les Américains prenant opportunément une posture anticolonialiste, pour pouvoir contrer les ambitions des Français et des Britanniques, ne sont pas dans cette combine, mais ils s’emploieront à la faire échouer et ils y parviendront. Quant à la Russie, elle venait alors de tomber sous la coupe des Bolchéviks et se trouvait pour cela momentanément mise à l’écart, mais elle fera son retour en force dans la région à l’occasion de la décolonisation…
Ainsi la situation où les cinq grandes puissances impérialistes de cette planète, France, Grande Bretagne, Russie, Turquie, et Etats-Unis s’affrontaient déjà depuis la fin du dix-neuvième siècle, va-t-elle se reconstituer, jusqu’à aujourd’hui…
Oubliez donc Bachar, les terroristes, et les gazoducs, car il ne s’agit là que de phénomènes de circonstance, les vraies raisons de ce conflit sont lointaines, et pour partie, irrationnelles, et tiennent à une lutte acharnée pour la domination universelle…
Je vous propose ainsi pour mieux comprendre ce dont il s’agit, de vous reporter aux trois premiers volets d’un article intitulé, “De la Crimée à la Syrie”, publiés ici-même…
Richard Pulvar
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire