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vendredi 15 janvier 2010
Haïti, l'heure du deuil et de la prière
Partout dans Port-au-Prince, dans un contexte d’angoisse, de désorganisation et de pénurie, la ferveur religieuse s’exprime après le tremblement de terre qui a dévasté l'ouest d'Haïti mardi 12 janvier.
Des corps, des décombres, des personnes passant la nuit dehors de crainte de voir leur maison s’effondrer encore un peu plus… Au lendemain du séisme qui a frappé Haïti, les informations qui parviennent de l’ancienne colonie française – difficilement, faute de courant électrique et de lignes téléphoniques – décrivent toute une situation où se mêlent à la douleur des blessés, la détresse et le deuil des survivants.
« Il y a des morts et des personnes sous les décombres, mais il n’y a pas le matériel nécessaire pour enlever le béton et les toitures, écrit depuis l’Institution Sainte-Rose-de-Lima de Port-au-Prince le dominicain Manuel Rivero, vicaire provincial, dans un courrier électronique adressé à des proches. Tout à l’heure j’ai pu circuler en ville pour déposer le cadavre d’une élève morte hier soir. Il faut porter les cadavres à pied car certaines rues sont bloquées ».
« Nos confrères, plusieurs séminaristes, des amis et des voisins du quartier de Pacot se trouvent actuellement dans des tentes installées dans le jardin de notre centre, qui a été lourdement endommagé, raconte après avoir joint des personnes sur place le P. Le Beller, qui a passé 30 ans en Haïti avant de revenir il y a quelques années. Nous redoutons un très grand nombre de blessés : la véritable urgence sera de les soigner ».
Le chaos ne règne pas uniquement à Port-au-Prince
Pour les survivants, il s’agit aussi de trouver un endroit où dormir, de quoi manger et boire dans un pays où les infrastructures, déjà peu nombreuses et fragiles, ont volé en éclat. Même dans les quartiers les plus aisés, du côté de Pétion-Ville, même dans les milieux diplomatiques, les communications et le ravitaillement posent des problèmes sérieux : dans certaines ambassades, l’eau manquerait, tout comme les téléphones satellites, seul moyen de ne pas être coupé du monde.
Le Champ-de-Mars, célèbre avenue de Port-au-Prince, tout près du Palais présidentiel au toit effondré, est transformé en un gigantesque camp de plusieurs dizaines de milliers de réfugiés. « J’ai de la famille à Pétion-Ville, ils vont bien, mais ils sont réfugiés dans la cour, sans moyen de communication maintenant, sans nourriture non plus. Comment survivre ? », s’interroge Michelle, une Haïtienne plongée à Paris dans l’angoisse depuis mardi soir.
Mais le chaos ne règne pas uniquement à Port-au-Prince. À Jacmel aussi, au sud de la capitale, les nouvelles ne sont pas bonnes non plus. Véronique Touzard, une coopérante française en poste à Port-au-Prince, avait quitté la capitale avant le séisme, et a envoyé des nouvelles en France pour rassurer ses proches.
«Heureusement le peuple haïtien a la foi»
« Hier, nous avons été à Jacmel, la ville a aussi été pas mal touchée, avec des maisons écroulées comme des châteaux de cartes, écrit-elle. Nous – moi, Claire une collègue et une équipe de 11 cadres haïtiens – avons dormi pour la 2e nuit à la belle étoile, afin d’éviter les risques en cas de nouvelle secousse. La route de Jacmel est coupée (éboulements, etc.) mais nous allons essayer de prendre une route secondaire pour rejoindre nos familles respectives. Mais tout est désorganisé. Nous n’avons pu obtenir que quelques infos de la police de Jacmel. Nous sommes allés sur le terrain d’aviation où ils conseillaient à la population de se rendre. Personne pour gérer les déplacés, aucune infrastructure d’urgence… seuls 3 militaires de la Minustah (NDLR : mission de stabilisation des Nations unies en Haïti) sri-lankais ne parlant ni français, ni anglais, ni espagnol, ni créole… c’est désolant ».
Partout, dans ce contexte d’angoisse, de désorganisation et de pénurie, la ferveur religieuse s’exprime. « Nous avons la nuit dehors à prier. Heureusement le peuple haïtien a la foi, raconte Manuel Rivero. Les gens se sont rassemblés pour prier et chanter au milieu des cris et des gémissements ». Chantant en chœur, des milliers d’Haïtiens se sont rassemblés mercredi soir dans la pénombre de Pétion-Ville, sur les hauteurs de la capitale.
Sur Internet, les appels à témoins se multiplient
En début de soirée, une marche de plusieurs centaines de personnes quittait un campement de fortune en chantant à tue-tête à ««la gloire de Dieu ». « En avant les soldats du Christ, la délivrance est tout près », clamaient-ils en français, tout en se frappant les coudes ou les genoux avec les mains. La procession joyeuse tranche avec un décor de ruines et de cadavres amassés le long des rues. Plus loin, sur le parvis de l’église Saint-Pierre, un petit groupe prie en créole : « Seigneur viens nous aider. Amen ».
Une prière partagée par toutes les personnes sans nouvelles de leurs proches. Sur Internet, des sites et des pages au titre tristement explicite – « À la recherche de personnes aimées disparues » – se multiplient pour tenter de recevoir la moindre bribe d’information. Au lendemain du séisme, et alors que les informations circulent moins vite que les rumeurs, le peu d’informations en provenance d’Haïti ajoute encore à l’ampleur du drame.
Sur Internet, les appels à témoins se multiplient, aussi bien sur les sites de médias comme CNN que sur des sites de réseaux, comme Facebook. Harry recherche des nouvelles de « Genese Saintjuste, 44 ans, ma mère, à Port-au-Prince et de Thomas Parideu, mon père, et tous les membres de la famille Saitjuste ». « Jean Eddie Frederique est médecin il vit à Tabarre, écrit. J’ai parlé avec lui 3 heures avant le tremblement de terre. Si vous l’avez vu, lui ou toute personne le connaissant, dites le moi le plus vite possible. Merci ».
Gilles BIASSETTE (avec Julia FICATIER et le service Religion)
Numéro d'urgence pour joindre la cellule de crise du Quai d'Orsay : 01 45 50 34 60 et le Numéro Azur 0 810 006 330.
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