lundi 10 janvier 2011

A l'approche de l'anniversaire du séisme, les Haïtiens se tournent vers Dieu

A l'approche du premier anniversaire du séisme qui a dévasté leur pays, les Haïtiens, qui ont peu de choses auxquelles se raccrocher sinon leur foi, se sont rendus en masse dimanche dans les églises
et les lieux de culte pour exprimer leurs prières.
              
A Port-au-Prince, la capitale durement frappée par le séisme du 12 janvier 2010 qui a fait près de 250.000 morts, des centaines de catholiques ont assisté à la messe dominicale sous des tentes érigées à proximité des ruines de la cathédrale Notre-Dame-de l'Assomption.
              
Les hommes portaient des chemises à manches longues impeccablement repassées, et les femmes des robes blanches ou roses immaculées malgré la poussière et la saleté omniprésentes dans la capitale. Leurs prières ont envahi les lieux, où les palmiers côtoient les décombres.
              
Des scènes similaires se sont déroulées dans toute la ville. Plus tard dans la journée, des milliers de personnes étaient attendues dans un stade pour écouter un prédicateur américain, Franklin Graham, l'une des stars du mouvement conservateur évangélique aux Etats-Unis.
              
Dans leur écrasante majorité, les Haïtiens affichent une grande ferveur religieuse, et si les catholiques sont largement majoritaires, beaucoup d'Eglises protestantes se sont installées dans le pays, où le culte vaudou pourrait bien cependant rester la foi la plus enracinée.
              
A deux jours de l'anniversaire du séisme, qui a laissé plus d'un million des sans-abri, les Haïtiens se disent plus croyants que jamais.
              
"Le séisme a accru la foi de nombreuses personnes", affirme Francoeur Roland, 32 ans, un plombier qui assistait dimanche à la messe célébrée près de la cathédrale. Quand on lui demande pour quoi il prie, il répond: "pour que cela n'arrive plus".
              
Les murs extérieur de la cathédrale, rose pastel et blanc, sont toujours debout, mais l'intérieur offre une scène de dévastation. Les piliers géants se sont écroulés sur une montagne de gravats, au milieu desquels brillent des fragments de vitraux bleus, rouge ou or.
              
Eder Charles, un des gardiens du complexe de la cathédrale, raconte que tous les membres de la chorale, en pleine répétition au moment du tremblement de terre, ont été ensevelis et gisent toujours sous les décombres. L'archevêque catholique fait aussi partie des victimes du séisme.
              
Eder Charles prie pour que "quelque chose change". Quoi? "Tout. Nous prions pour que le pays change", dit-il.
              
Dans le stade de la capitale, les derniers préparatifs allaient bon train dimanche matin en vue de l'arrivée de Franklin Graham, fils d'un autre prédicateur célèbre aux Etats-Unis, le révérend Billy Graham.
              
Beaucoup d'Haïtiens ont abandonné le catholicisme pour embrasser le mouvement évangélique, plus participatif et caractérisé par des célébrations géantes saturées d'émotion.
              
Béatrice Delièvre, 29 ans, l'une des organisatrices du rassemblement, explique que la religion l'aide à garder espoir. "Tous les Haïtiens n'ont pas été tués le 12 janvier, donc il y a de l'espoir. Ceux qui sont morts, leur heure était arrivée. Mais pour les vivants, il y a de l'espoir", dit-elle.
              
Il y a pourtant un domaine dans lequel les Haïtiens ont perdu la foi, et c'est en la compétence de leur classe politique. Au moment où, plus que jamais, le pays a besoin de dirigeants, la date du second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre et le nom des candidats qui auront le droit d'y participer sont toujours dans les limbes.
              
Mais les responsables politiques "sont humains, et les humains sont faibles", dit Béatrice Delièvre. "On ne peut faire confiance en l'humanité, seulement à Dieu, Dieu peut tout".
            
Sebastian SMITH

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