Paris, le 13 juin 2012.
Objet : Lettre ouverte d’Act Up-Paris à Monsieur François HOLLANDE, Président de la République et à Madame Christiane TAUBIRA, Garde des Sceaux.
Monsieur le Président de la République, Madame la Ministre de la justice,
Actuellement dans les prisons françaises les taux de prévalence (nombre de personnes contaminées) et d’incidence (nombre de contaminations sur une période donnée) du sida (VIH) et de l’hépatite (VHC) sont extrêmement élevés : 4 à 5 fois plus de VIH et 5 à 8 fois plus de VHC.
Les contaminations sont notamment dues à l’inaction récurrente, depuis 30 ans en milieu carcéral, des divers ministères de la Santé et de la Justice et de l’opposition systématique de l’administration pénitentiaire à la mise en place des RDR (réduction des risques) liés à l’usage de drogues en prison.
Aujourd’hui nous vous demandons en tant que Gardes des Sceaux d’ « agir » pour stopper le scandale lié aux contaminations "intra muros" dans toutes les prisons françaises. Act Up-Paris demande que vous preniez toutes les mesures nécessaires pour enfin enrayer l’hécatombe.
Que vous mettiez en place, de façon urgente, toutes les alternatives à l’incarcération que la loi permet pour stopper définitivement le scandaleux maintien en détention des séropositifs et malades du sida, qui, depuis des décennies, périssent impunément dans les prisons françaises et qui sont les éternels laissés pour compte du principe d’égalité des soins pour tous.
Que les sept revendications suivantes deviennent réalité et qu’elles soient appliquées et généralisées en priorité :
1- La mise en place des P.E.S (programmes d’échanges de seringue) en prison pour stopper de toute urgence les contaminations VIH et VHC en milieu carcéral.
2- L’accès aux associations de lutte contre le sida et aux CAARUD en détention permettant l’information et la prévention de l’inéluctable augmentation des contaminations (accès aux préservatifs, aux outils de réduction des risques liés à l’usage de drogues…)
3- L’abolition des quartiers d’isolement, des quartiers disciplinaires et la disparition des régimes sécuritaires comme l’inscription au fichier des Détenus Particulièrement Signalés (DPS) pour les malades.
4- La mise en œuvre de toutes les mesures permettant la libération des malades incarcéréEs :
les alternatives à la détention provisoire
les alternatives à l’incarcération
les aménagements de fin de peine
la suspension de peine pour raison médicale
les alternatives à la détention provisoire
les alternatives à l’incarcération
les aménagements de fin de peine
la suspension de peine pour raison médicale
5- Le respect absolu du secret médical en détention et lors des extractions à l’hôpital
6- Une prise en charge sociale et médicale équivalente au milieu libre et le suivi des soins sans rupture de traitement lors des transferts. L’accès à une alimentation saine pour les malades séropositifs indigents grâce à l’attribution de l’allocation adulte handicapé à 100% lors de l’incarcération.
7- Propositions de dépistage systématiques et renouvelées aux personnes incarcérées et études épidémiologiques régulières. (Également, recherche et recensement du nombre de morts du sida en prison depuis les années 80).
Madame TAUBIRA, enfermer tue encore des malades malgré l’abolition de la peine de mort en 1981. Ne rien faire c’est de la non-assistance à personne en danger et laisser la population pénale se contaminer sans réagir est tout simplement un crime contre l’humanité !
Madame la Ministre, Act Up-Paris vous demande dans les plus brefs délais un rendez-vous pour parler de la situation préoccupante du sida en prison et que les revendications ci-dessus soient enfin appliquées car elles sont et demeures les seuls moyens de lutter efficacement contre la propagation du sida en milieu carcéral et au-delà de cela il s’agit tout simplement de respecter les droits de l’homme et la dignité des personnes incarcérées
Cécile Lhuillier, Co-présidente d’Act Up-Paris
Laurent Jacqua, Commission « prison » Act Up-Paris.
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