C’est une erreur grave et pourtant persistante, que de croire encore que les hommes et les femmes de ce pays demeurent profondément épris de liberté…
En réalité il n’en est rien car dans la situation actuelle, cette charge est devenue trop importante pour eux. La liberté en effet les a placés face à leurs responsabilités, et a fait d’eux les seuls fautifs de leur actuelle errance pour n’avoir pas eu les jugements, les comportements, et les engagements, dans le domaine social comme dans celui de la politique, qui leur auraient épargné les déconvenues et les difficultés qu’ils doivent affronter aujourd’hui…
C’en était trop pour leurs frêles épaules et préférant croire désormais que leur bulletin de vote ne les engage pas plus que cela au milieu de la multitude, ils s’acceptent maintenant obligés par plus fort qu’eux, pour se situer hors de reproche, puisqu’à l’impossible nul n’est tenu, et pour ne pas avoir à assumer tant d’années de désastre politique, social, et économique, qui sont dues au fait que par leur totale inconséquence, ils n’ont pas su donner à la nation des dirigeants dignes de ce nom. Ils s’installent alors dans le consensus de “l’ultra conformisme”, pour s’assurer qu’ils sont cette fois certainement dans l’attitude convenable, puisqu’ils sont comme tout le monde…
Comme si une erreur multipliée par vingt millions finissait par devenir une vérité, loin de revendiquer leur liberté d’action et de pensée, ils attendent sagement les mots d’ordre quant à ce qu’il convient de faire et même quant à ce qu’il convient de penser, en se vérifiant par leur participation au grand nombre, qui est selon eux le seul critère par lequel se trouve démontrée la correction des choses…
Ce besoin de se reconnaître et de s’affirmer convenable, par référence au nombre et par adhésion à celui-ci, n’aura bien sûr pas échappé aux professionnels de la manipulation médiatique qui se chargent, afin d’assurer la tranquillité des dirigeants, de donner la bonne parole et de dénoncer les mécréants…
C’est alors que partant justement du constat de ce travers de l’âme humaine, quelques servants de l’appareil médiatique, rompus à l’art de la manipulation, et qui assurent également la garde rapprochée de quelques gros comptes en banque, ont sorti d’une de leurs fabriques ce bellâtre probablement choisi pour son sourire Colgate, afin d’en faire un instrument de conquête du pouvoir au service de leurs patrons…
Ainsi ont-ils fait de cet homme qui n’était qu’un illustre inconnu il y a seulement quelques temps, issu de nulle part, dont on ne sait rien, au CV social et politique quasiment vide, leur champion dans l’objectif de la conquête du fauteuil élyséen. Or, on ne voit pas compte tenu de son jeune âge et la monotonie de son parcours, quelles auraient pu être les redoutables épreuves formatrices de l’existence par lesquelles il aurait pu acquérir la carrure d’un homme d’état, d’autant que ses états de service au sein d’un gouvernement dont la totale incompétence à semé la désolation dans le pays, ne plaident absolument pas en sa faveur.
De plus, s’agit d’un homme narcissique et volontiers méprisant, et d’un chantre de l’ultra libéralisme que ses sélectionneurs sont parvenus à faire passer par un gouvernement étiqueté de “gauche”, afin de brouiller les pistes. Il est à la fois inodore, comme l’argent qui se trouve mobilisé pour son lancement, incolore puisqu’il se dit lui-même ni de gauche ni de droite, et totalement insipide avec un discours de platitudes qui se révèle particulièrement soporifique. Pire encore, voici que cet homme prétend sa qualité par celle de son costume, et son ego hypertrophié lui laisse croire qu’il a réellement compétence pour aller s’asseoir dans le fauteuil qui accueillit en son temps, le général de Gaulle…
On se dit alors au départ que ce polichinelle ne peut avoir aucune chance, d’autant que ses premières sorties publiques furent pour insulter ceux-là mêmes dont il doit maintenant recueillir les suffrages…
Mais c’était sans compter avec la toute puissance de la machine de propagande qui aura lancé son “produit” sur le marché, de la même façon qu’elle aurait lancé une nouvelle lessive ou un camembert, avec quelques formules choc et en mobilisant tous ses instruments, périodiques, radios, télévisions, instituts de sondage, de sorte qu’il ne manque plus dans cette campagne, que les “culs de bus”, mais cela viendra certainement…
On se souvient de la lessive qui lave plus “blanc que blanc”, et du bonbon à “double effet”. Hé bien de la même façon, ces gens ont trouvé la formule pour ce candidat qui est effectivement inclassable puisqu’il est destiné à racoler dans tous les coins, ce pur produit d’une machine au service des institutions les plus conservatrices qui paralysent tout ce pays, nous est présenté sans la moindre gêne comme étant le “candidat anti-système”…
Comme on dit, plus c’est gros, et plus ça passe… !
Mais le coup de maître aura été de prétendre par des reportages complaisants soutenus par des sondages bidons, qu’il constituerait un “événement” singulier, voire révolutionnaire, dans le paysage politique français, bénéficiant pour cela d’une audience croissante au sein de la population, pour que ce bobard cent fois répété, parvienne à prendre effectivement forme. Ceci, par le fait de tous ceux qui se veulent autant si ce n’est plus, “comme tout le monde”, et qui ne sauraient manquer de faire le choix convenable, et d’être à l’endroit convenable, pour applaudir le candidat convenable, qu’on leur a signifiés…
Ainsi, cet homme qui à ce jour n’a toujours pas le moindre programme politique, dont personne ne sait ni ne s’inquiète même de savoir ce qu’il ferait une fois parvenu au pouvoir, remplit-il les salles de ses admirateurs, grâce à une image bien vendue et surtout, parce que la télévision et les instituts de sondages ont signifié qu’ils y étaient de plus en plus nombreux, et donc qu’au lieu des partis traditionnels dans la tourmente, la “convenance”, pour ne pas dire carrément la “mode”, était donc de participer à ce mouvement prometteur…
Et le pire, c’est que jusqu’à maintenant tout cela marche, et risque de marcher jusqu’au bout…
Richard Pulvar
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