dimanche 17 janvier 2010

La police tire sur des pillards, au moins un mort



Alors que les secours gagnent peu à peu Port-au-Prince, les policiers ont tiré dimanche matin sur des pillards, faisant au moins un mort.

Au chaos, s'ajoute désormais l'insécurité grandissante à Port-au-Prince. Dimanche matin, des policiers haïtiens ont ouvert le feu sur des pillards dans un marché de la capitale, tuant au moins l'un d'entre eux. Les pillards étaient en train de s'emparer de marchandises au marché Hyppolite lorsque l'un d'entre eux, un homme d'une trentaine d'années touché par balles à la tête, a été tué. Un autre pillard s'est immédiatement emparé du sac à dos de la victime. L'affrontement entre policiers et pillards s'est poursuivi, et des renforts de police sont arrivés sur place armés de fusils à pompe et de fusils d'assaut.

Les pillages se multiplient dans la capitale haïtienne, cinq jours après le séisme de mardi qui a fait quelque 40.000 à 50.000 morts et environ 1,5 million de sans abri.
Une grande partie de la population sinistrée n'a pas de quoi se nourrir ni s'approvisionner en eau potable et la distribution de l'aide humanitaire internationale est rendue extrêmement difficile par la destruction des principales voies de communication.

Population affamée

Dans ce climat tendu, les hélicoptères américains accélèraient dimanche la cadence de distribution de l'aide, mais cela ne suffit pas à calmer la population affamée qui continue à dévaliser les magasins. Arrivé vendredi dans la baie de la capitale haïtienne, le porte-avions Carl Vinson a pris le relais de l'aéroport Toussaint Louverture, toujours saturé. La vingtaine d'hélicoptères de l'immense base flottante multiplie les rotations, allant chercher des vivres à l'aéroport pour ensuite les acheminer à travers l'agglomération de 2,8 millions d'habitants. "Les distributions s'améliorent mais elles restent très compliquées et très lentes", a reconnu Elisabeth Byrs, porte-parole d'Ocha (Bureau de coordination des affaires humanitaires).

Pour la première fois depuis le séisme de mardi, l'un des appareils a procédé à un largage dans le centre de la ville, jetant dans le stade Delmas une demi-douzaine de petits cartons de rations alimentaires. L'hélicoptère est reparti aussitôt, au grand dam des sinistrés. "Je pensais qu'ils viendraient vraiment nous aider", se désolait un père de famille, qui dort dans le stade depuis la catastrophe. Certains brandissaient une machette pour défendre cette manne providentielle. Un autre hélicoptère s'est posé sur les hauteurs de la capitale, dans une clairière cernée par la foule et sécurisée par des soldats américains de la 82ème division aéroporté. En cinq minutes, les cartons ont été déchargés. Mais une telle organisation exemplaire est rare et les coups de feu claquent de plus en plus souvent dans les rues.

Les secours progressent

Au milieu de ce désordre, les recherches se poursuivent. "Les 72 premières heures sont décisives. Après ça, les chances de retrouver des survivants sont très minces", note toutefois un secouriste espagnole. Les sauveteurs redoutent surtout la chaleur qui accélère la déshydratation des personnes coincées ou des survivants. Le dernier bilan des autorités haïtiennes fait état de 50.000 morts, 250.000 blessés, 1,5 million de sans-abri et plus de 25.000 corps ramassés. Face à cet enfer, beaucoup choisissent l'exode. Valise à la main ou sans rien, ils sont des centaines à vouloir monter dans des vieux bus se dirigeant vers le nord. "Je veux aller à mon pays natal", dit Ferdinand Nivose, un jeune homme qui a déboursé 80 dollars pour rejoindre Cap Haïtien.

Retrouvez notre sossier sur le séisme en HaïtiLes secours commencent également à mettre cap au sud-ouest de la capitale, vers l'épicentre du séisme. Un premier convoi d'aide est notamment arrivé samedi à Léogâne, ville de 134.000 personnes située à 17 km de Port-au-Prince. Des villas coloniales à l'église, en passant par les petites cabanes de plage, plus rien ou presque n'est debout. 90% des bâtiments de cette ont été détruits, selon l'ONU. Carrefour, une ville de 334.000 habitants, également proche de l'épicentre du séisme, est à moitié détruite, tout comme Jacmel, a indiqué l'ONU. "Le gouvernement a perdu ses capacités de fonctionnement mais il ne s'est pas effondré", a assuré le président René Préval qui doit accueillir dimanche le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Samedi, ce dernier a confirmé la mort du chef de la mission des Nations unies en Haïti, Hedi Annabi, lors du séisme.


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