jeudi 2 décembre 2010

Haïti: l'ONU partira "si la volonté populaire n'est pas respectée"

PORT-AU-PRINCE - 'La communauté internationale va se retirer d'Haïti et le pays ne va pas bénéficier de l'appui et de ressources internationales si la volonté populaire n'est pas respectée', a prévenu jeudi le chef de la Mission de l'ONU en Haïti, Edmond Mulet, interrogé par l'AFP.

'Si la volonté du peuple est respectée et reconnue par le Conseil électoral haïtien, il n'y aura aucun problème, la communauté internationale va s'engager et aider le nouveau gouvernement à faire face à des défis énormes', a promis le diplomate onusien, interrogé alors que le pays attend la publication des résultats du premier tour des élections contestées du 28 novembre.

'Mais si la volonté populaire n'est pas respectée, l'ONU et la communauté internationale vont se retirer et le pays ne va pas bénéficier de soutien politique et de ressources étrangères pour sa reconstruction', a averti M. Mulet.

Un groupe de douze candidats à la présidence continue d'exiger l'annulation des élections présidentielle et législatives, marquées par des incidents meurtriers et, selon eux, des fraudes en faveur du candidat du pouvoir en place, Jude Célestin.

'Nous continuons de faire confiance aux membres du Conseil électoral, nous verrons s'ils sont à la hauteur des circonstances et s'il n'y aura ni intimidation, ni argent qui les feront changer', a dit M. Mulet.

La publication des résultats du premier tour des élections est annoncée pour le 7 décembre.

Un climat de tension règne en Haïti où les manifestations publiques pour réclamer le départ du président René Préval sont désormais interdites.

Exprimant son inquiétude face à la crise post-électorale, M. Mulet a réitéré un appel au calme lancé par des diplomates et représentants de pays amis d'Haïti.

A Port-au-Prince, entre 2.000 et 3.000 personnes ont défilé dans le calme à l'appel d'une dizaine de candidats à la présidentielle qui demandent l'annulation du scrutin électoral, se disant victimes de fraudes au profit du candidat du parti au pouvoir.

'Arrêtez Préval' ou 'Annulez les élections' ont scandé les manifestants qui se sont rendus devant un bureau du Conseil électoral provisoire (CEP) pour réclamer son renvoi.

'L'ONU et la communauté internationale n'accepteront jamais que le président légitime d'Haïti parte sous la pression de la rue. Ce serait un coup d'état', a réagi M. Mulet en réaction aux appels à la démission du chef de l'Etat.

'Il faut arrêter avec cette affaire de départ anticipé d'un président élu. Ces précédents qui existent en Haïti doivent stopper. un gouvernement élu doit être remplacé par un gouvernement élu', a-t-il insisté.

'On ne peut pas exiger de destituer une autorité légitimement élue sous prétexte d'elections qui n'ont pas abouti. Ce serait un coup d'Etat', a assuré de son côté l'ambassadeur de France en Haïti, Didier Le Bret, sur Radio Métropole.

Haïti, pays le plus pauvre des Amériques, dévasté par un séisme en janvier dernier et aux prises avec une épidémie de choléra qui a fait plus de 1.800 morts, a connu coups d'Etat, régime dictatoriaux et élections truquées au cours de son histoire récente. Plusieurs dirigeants ont été contraints à l'exil, parmi lesquels le premier président élu démocratiquement, Jean-Bertrand Aristide.

(©AFP / 03 décembre 2010 01h37)

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