jeudi 14 juillet 2011

Nouvelle stratégie de Michel Martelly



Après avoir visité des camps d'hébergement à Delmas 2, Cité-Soleil et le Centre national des équipements (CNE), le président Michel Martelly s'est rendu au Parlement dans le cadre d'une « visite de courtoisie » ce mercredi, où il a rencontré les présidents des deux Chambres. Il s'est également entretenu avec des parlementaires de différents groupes. Le président a choisi de parcourir plusieurs endroits à pied et a été acclamé par une foule réclamant un gouvernement.

Haïti: En difficulté pour monter son gouvernement, le chef de l'Etat a décidé ce mercredi de ne pas passer sa journée à son bureau. Il a donc organisé une tournée dans des quartiers populeux, dont Delmas 2, Bel-Air et Cité-Soleil. Dans ces quartiers, Michel Martelly a visité des camps d'hébergement et a été acclamé par une foule qui lui renouvelle son attachement. Par la suite, le président, dans le cadre d'une visite d'évaluation, s'est rendu au local du Centre national des équipements (CNE).

Après cette tournée surprise dans ces quartiers populeux, le cortège présidentiel a pris la direction du Parlement, institution sur laquelle tous les yeux sont rivés depuis plusieurs semaines. « Le président s'est donc rendu au Parlement dans le cadre d'une « visite de courtoisie », précisent des sources proches. 

Cependant, selon plus d'un, cette visite a toute son importance, car elle intervient en prélude à la ratification du choix de Me Bernard Gousse, Premier ministre désigné par Michel Martelly, auquel un groupe majoritaire au Sénat est très hostile. Bien avant, le président avait également rencontré les sénateurs Kely C. Bastien et Wencesclass Lambert, tous deux membres du groupe des 16 parlementaires anti-Gousse.

Au Parlement, ce mercredi 13 juillet, le chef de l'Etat s'est entretenu avec les membres du bureau et des parlementaires issus des différents groupes, notamment le groupe majoritaire qui est hostile au choix de l'ancien ministre de la Justice et de la Sécurité publique sous le régime de facto (2004-2006). Le président, qui cherche une majorité au Parlement, pour ne pas se voir dans l'obligation de désigner un troisième Premier ministre, a salué indistinctement les parlementaires présents lors de sa visite.

Ironiquement, quand le chef de l'Etat s'est approché du sénateur du Nord, Moïse Jean-Charles, membre du groupe des 16 parlementaires anti-Gousse, et avec lequel il a eu certains malentendus, le président lui a lancé : « Se ou k ap fè bri konsa nan peyi a ? » (C'est toi qui fais autant de bruit dans le pays?) Le parlementaire a souri et salué « cordialement » le chef de l'Etat. 

Après les entretiens avec les parlementaires, le président, qui a promis le « changement » durant sa campagne, a choisi de se rendre au palais national à pied. En effet, il a parcouru les rues du Champ de Mars, des Casernes, en passant par la rue Monseigneur Guilloux (devant le palais des ministères) pour arriver au palais national. Durant tout ce parcours, le chef de l'Etat a été ovationné par une foule, contente de voir le président. 

Ne cessant de réclamer un gouvernement, les supporteurs du chef de l'Etat en ont profité pour lancer des propos hostiles aux parlementaires qui, selon eux, se comportent en force de blocage du pays.

Par ailleurs, des observateurs ont loué la démarche de Michel Martelly qui, estiment-ils, peut donner de bons résultats pour la ratification de son Premier ministre qui déposera ses pièces au Parlement ce jeudi 14 juillet - qui marquera les 60 jours du 56e président de la République au pouvoir. « C'est une stratégie de communication politique. C'est une démarche très politique qui peut quand même donner des résultats », a commenté Evans Paul de la plateforme Alternative qui est aussi représentée au Parlement.

Evans Paul plaide pour la concertation, la négociation et la bonne volonté entre les deux pouvoirs (l'exécutif et le législatif) pour débloquer la situation. Le responsable de parti se demande pourquoi les parlementaires qui disent avoir été victimes de l'ancien ministre de la Justice n'ont-ils pas porté plainte contre Me Gousse, s'il avait violé les droits humains.

« Nous avons besoin de concertation et non de confrontation. Si Me Bernard Gousse remplit toutes les conditions requises par la Constitution, il sera ratifié par les parlementaires de l'Alternative », a confié Evans Paul.

Valéry DAUDIER

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