mercredi 24 août 2011

Strauss-Kahn, "blanchi" selon la presse raciste, reste sale



Une certaine presse française, consciemment ou inconsciemment raciste, commente le scandaleux déni de justice perpétré par Cyrus Vance dans le volet pénal de l’affaire en répétant en boucle que Strauss-Kahn est « blanchi » ! Pas de surprise.
L’Amérique d’Obama, pourtant donneuse de leçons, n’a guère changé. On s’en doutait. Mieux vaut y être blanc de peau, riche et célèbre plutôt qu’immigré, pauvre et « noir ». Si Anne Sinclair avait accusé un Afro-Américain de l’avoir violée dans un parking de Manhattan, tout le monde sait que le présumé violeur - innocent ou coupable - ne serait pas plus sorti de Rikers Island que Pierre-Just Marny n’est sorti du centre pénitentiaire de Ducos, en Martinique.
Allons même plus loin : si le directeur général du FMI avait été « noir », on ne l’aurait sûrement pas « blanchi ». Nafissatou Diallo, pour avoir osé se plaindre d’un satyre notoire qui se fait passer pour un économiste distingué, a été traînée dans la boue pendant quatorze semaines par des gens qui se prétendent journalistes, mais qui, en réalité, font un tout autre métier.
Côté français, l’affaire a révélé - outre un racisme viscéral que nous connaissons bien - un vieux fonds de machisme et de sexisme qu’on croyait révolu. Combien d’hommes - de droite comme de gauche - ai-je entendu déclarer sans ambages, l’œil égrillard, qu’il est injuste de mettre un homme en prison simplement parce qu’il aurait violé une femme ! Une leçon à en tirer : ceux qui luttent contre le racisme ne devront jamais oublier, désormais, que leur combat est absolument solidaire de celui des femmes, car les hommes qui méprisent les femmes sont la plupart du temps des racistes invétérés et vice-versa.
Naturellement, Strauss-Kahn et surtout ses « amis » vont crier victoire. Il faut s’en réjouir. Car plus Strauss-Kahn, dont c’est la nature, se vantera, avec toute la vulgarité qu’on lui connaît, de l’impunité dont il a bénéficié sur le plan pénal, moins on aura de chance de le revoir un jour dans son déguisement de politicien. Car il y a une chose qu’il n’a certainement pas comprise : même « blanchi » il restera ce qu’il est : sale aux yeux de la majorité des Français.
Nafissatou Diallo ne sera jamais assez remerciée de nous avoir débarrassé d’un cynique obsédé sexuel que rien, peut-être, n’aurait arrêté sur le chemin qu’on lui avait tracé pour prendre le pouvoir suprême et en jouir ensuite selon son bon plaisir et celui de ses commettants.
Aujourd’hui, ces rêves se sont effondrés et, en ce sens, DSK, même s’il crâne comme à l’accoutumée avec l’argent d’une femme bafouée et contente de l’être, a bien perdu la partie. L’affaire laissera des traces chez ses amis politiques car celles et ceux qui, au parti socialiste – j’ose espérer que ce n’est pas la majorité - ont soutenu et soutiendront Strauss-Kahn, doivent être systématiquement sanctionnés par les urnes. Pour toutes les élections à venir, dans chaque circonscription, à commencer par la huitième du Val d’Oise - celle de Strauss-Kahn et de son factotum Pupponi - il y aura une Nafissatou Diallo pour les faire battre.
Quelle femme, quel Antillais, quel Africain donnerait aujourd’hui sa voix à celui ou à celle qui a cautionné le racisme, le sexisme, le mépris, l’injustice ? Partout, oui partout, barrons la route aux DSK et privons les de ces voix «noires» dont ils considèrent qu’elles sont leur propriété !
Sur le plan judiciaire, l’affaire Strauss-Kahn est loin d’être terminée. Si le volet pénal a été enterré, il pourrait en être tout autrement du volet civil. On ne peut que souhaiter une saignée financière conséquente pour le présumé violeur puisque l’argent a tant d’importance pour lui.
Rien n’interdit d’autre part à Nafissatou Diallo d’engager des poursuites pénales devant les juridictions françaises comme la loi le lui permet, semble-t-il. Et n’oublions pas que le combat de Tristane Banon, dont on peut s’attendre qu’elle soit lynchée à son tour par les « communicants » à la solde du présumé violeur, doit être soutenu. Au reste, dans les semaines, dans les mois à venir, d’autres femmes vont parler. Il faut les y encourager.
Claude Ribbe

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