De retour de l’invitation maternelle j’aperçois dans la rame de métro où j’ai pris place un couple de papy-mamie visiblement la quatre vingtaine bon pied bon œil, au look total swagg, Quétchua de rando aux pieds, Levis taille basse, petit pull Lacoste, veste en cuir customisée à la manche droite d’un autocollant rose et bleu aux inscriptions manif pour tous, sac à dos également Quétchua, un fanion rose enroulé sur son bâton blanc en plastique à la main.
A peine ai-je fini mon passage en revu délaissant la rame aux reliquats de tracts rose et bleu jonchant le sol, dans les couloir je croise un groupe de jeunes white skin, ne tutoyant pas encore la majorité, aux coupes capillaires premiers de la classe , pancartes à la main et drapeau national noué en cape, un peu loin sur mon parcours c’est un groupe de femmes tout droit sorties du siècle dernier en chaussettes blanches hautes sur les jambes, jupes plissées au-dessus des genoux leurs drapeaux bleu blanc rouge en étendard flottant au grès du vent, puis dans mon train ont pris place non loin de moi en guise de voisins cinq curés aux longs pardessus ouverts décorés des mêmes autocollants de manifs collés dans le dos de leurs manteaux de laine en forme de croix, eux aussi ayant les drapeaux de la nation à demi enroulés sur leur manche.
La France franchouillarde toute fibre patriotique exaltée a visiblement bien battue le pavé en ce dimanche de mai de fête des mères pour la mère patrie menacée par la loi d’unions pour tous. Parfait !
Mais me dis-je où est cette France lors des appels réguliers lancés pour la résistance face à l’austérité assassine induisant la défrancisation du pays gaulois, mettant un peu plus chaque jour sur la paille nombres de foyers qui bientôt atterriront sur le pavé faute d’un toit sur la tête, où était cette France à l’adoption dans un silence de cathédrale du pacte de stabilité européen « désouvrainisant » la patrie de Piaf et de Trenet, ainsi que toutes celles qui composent l’Union européenne ?
Alors où si ce n’est aux abonnés absents et bottant en touche, la franchouillardise de ces apprentis sans culottes en mal de froc et de ces Mariannes non coiffées de leurs frigiens bonnet du jour (un comble pour la Frigide madone superstar actuelle), leur franchouillardise disais-je est donc somme toute bien couarde car face aux enjeux vitaux et pour le coup réellement patriotiques, elle bat en rase campagne.
Drôle de France, les loups peuvent continuer à s’en pourlécher les babines la grande bravoure tricolore du grand soir ce n’est pas pour demain.
Emmanuelle Bramban
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