vendredi 3 mai 2013

UNE SOCIETE DEVENUE BIEN TROP MATERIALISTE, ET FATALEMENT, D’UNE TOTALE IMMORALITE STRUCTURELLE




Il ne s’agit en ceux-là, que de quelques uns parmi les plus médiatisés de ceux qui se trouvent actuellement avec un juge qui leur court après, pour des malversations quelconques. Si on y ajoute tous les autres parlementaires, les élus locaux, et les affairistes coutumiers des allées du pouvoir, qui se trouvent dans le même cas, la liste de ces gens qui se trouvent en “indélicatesse” avec la loi, est véritablement impressionnante. Et ceci, sans même compter tous ceux qui ont déjà été condamnés, dont certains n’ont même pas encore fini de s’acquitter de ce que leur a infligé la justice.

Nous constatons tout d’abord que les crispations que nous percevons quelquefois, entre la classe politique et la justice, ne relèvent pas de quelques escarmouches, mais en réalité, d’une furieuse bataille dans laquelle la place d’un ministre de la justice, devant veiller à ce que soient examinés même ses comparses sur lesquels pèseraient des suspicions légitimes, se situe forcément dans la situation inconfortable de “cul entre deux chaises”, l’ancienne garde des sceaux en ayant fait la rude expérience. La nouvelle ne manquera pas de l’expérimenter elle aussi.

Mais ceci étant, nous commettrions une erreur de considérer a priori, aussi rapidement et facilement que cela, que ces hommes et ces femmes seraient fondamentalement par nature même, plus mauvais que les autres. Ceci, même si dans la motivation de leur grande ambition, on peut logiquement craindre que par delà d’inévitables frustrations, se cachent quelque vices inavouables. Cependant, l’ambition est indissociable de l’entreprise des hommes et ce qu’il importe alors, c’est qu’elle puisse trouver à s’exprimer sainement au sein d’une société, et à l’avantage de celle-ci.

Or, c’est justement ce qui ne se produit plus, parce que dans une société désenchantée comme la nôtre, désormais sans idéal et sans projet, et où il ne reste plus comme valeurs que celles qui s’affichent en privilège, par la possession ou la situation, le champ de la réalisation de l’ambition s’est considérablement réduit, et celle-ci ne semble plus disposer que de deux domaines afin de son expression, “l’argent”, et le “pouvoir”.

Mais, concernant son expression dans l’aventure économique, il se trouve que les profits financiers spéculatifs qui, pour la plupart de ceux qui sont dit “faiseurs de monnaie”, ont finalement détrôné les profits commerciaux et les rentes jusqu’ici, tirées d’investissements productifs, ont par nature même quelque chose de malhonnête. Car il ne s’agit finalement de rien d’autre que de parvenir par un montage quelconque, à détourner à son profit une part de la richesse produite par d’autres, sans rien produire quant à soi-même, et surtout, sans même avoir par une mise de fond dans une entreprise, constitué ainsi pour elle un moyen de facilitation de son activité, de façon à pouvoir être légitimement rémunéré pour ce service.

Il apparait ainsi que faire de l’argent, emprunte désormais une voie qui, pour être légale, n’en demeure pas moins immorale, et que dès lors qu’on s’y résout, le passage vers des actes carrément illégaux ne chahute plus les consciences, et s’il n’était la peur du gendarme, ceux-ci se multiplieraient sans cesse.

Quant à la carrière politique, maintenant que les idéaux qui furent fustigés pour les catastrophes historiques sur lesquelles leur foi aveugle et irraisonnée a débouché, il n’est plus possible à l’ambitieux d’espérer se faire valoir par quelque novation intellectuelle audacieuse, ou par un engagement généreux afin de faire triompher une idée de progrès, et il ne lui reste plus qu’à utiliser pour établir sa notoriété, que les moyens très coûteux et fallacieux, mais cependant admis, de la propagande électorale.

Or, si les grands leaders d’opinion, dont l’espèce semble avoir disparu de nos cités, n’avaient cure de leur sécurité matérielle, il n’en est pas de même pour ceux qui aujourd’hui, postulent à la responsabilité politique et qui, pour la plupart d’entre eux, sont désormais des commis de l’état, les seuls qui disposent de la garantie matérielle leur permettant de s’offrir sans trop de risque, le luxe de cette ambition. Mais, n’exerçant pas d’activité commerciale, il leur faut trouver des fonds par tous les moyens, légaux bien sûr, mais dans une concurrence furieuse et dans un état de si grande inculture politique de leurs ouailles, qu’il est clair que c’est la raison de celui qui pourra s’offrir le plus d’estrades et de hérauts, qui sera la meilleure. Ils deviennent donc très rapidement les instruments de puissances financières désireuses de s’assurer par quelques hommes de paille, la maitrise des affaires politiques, pour que celles-ci ne viennent pas contrecarrer les leurs.

Ce qu’il nous faut donc comprendre de tout cela, c’est que s’il demeure possible pour quelques vaillants, de tenter de faire fortune ou d’accéder aux plus hautes fonctions de l’état, en demeurant sur la base d’une ascèse morale intraitable, leurs chances d’y parvenir sont en toute franchise bien minces, car les voies de l’efficacité passent désormais par la trahison sans vergogne, de toutes les normes de convenance proclamée par cette société, par des hommes auxquels leur clientèle n’hésite pas à constamment les absoudre, jusqu’à ce qu’un juge vienne siffler la fin de la récréation.

Ainsi, l’appât matérialiste du “gain”, a-t-il trouvé son prolongement dans la pratique électorale, dans le comportement de citoyens politiquement négligés, qui n’ont cessé de continuer à voter pour des candidats et des partis dont les turpitudes étaient pourtant manifestes, pour la seule raison de pouvoir se dire au soir de l’élection, “on a gagné”…

Paris, le 3 mai 2013
Richard Pulvar

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