L'affaire bien sûr est loin d'être confirmée, et même si certains en possédaient les preuves, on comprend qu'ils ne les fourniraient pas. Mais elle mérite d'être évoquée...
En 1941, le capitaine Albert Preziosi, pilote de l'armée de l'air ayant rejoint les rangs des Forces Françaises Libres, se trouve en Libye dans le groupe Alsace, qui sert d'appui à la colonne Leclerc, laquelle mène ses actions contre les forces des corps expéditionnaires italien et allemand.
Au cours d'une opération sur Tobrouk, son avion est abattu, et il est porté disparu. Cependant, un peu plus d'un mois plus tard, il réapparait amené par un convoi, et informe ses compagnons et ses supérieurs, qu'alors qu'il était blessé, il fut recueilli et soigné par des bédouins, qui le cachèrent aux allemands.
Il n'en dit pas davantage bien sûr à sa hiérarchie, mais semble avoir fait quelques confidences à ses compagnons, car ceux-ci témoignèrent qu'Albert avait eu une copine de "grande tente", c'est à dire une fille noble de la haute bourgeoisie. Or, nous savons par ailleurs que le guide, né à l'été 1942, fut très tôt pris en charge par l'oncle de sa mère, et envoyé à l'étranger, probablement pour que les esprits s'apaisent, et que soit protégée la réputation de la tribu.
Albert Preziosi quittera la Libye en 1943, pour rejoindre la fameuse escadrille Normandie-Niemen, sur le front russe, où il périra en héros.
L'histoire en serait peut-être restée là, mais la rumeur s'enfla soudainement lorsque Kadhafi parvint sur le devant de la scène, à la faveur du coup d'état de 1969 qui l'a porté au pouvoir, d'autant que dès 1970, alors qu'il n'avait pas encore la réputation sulfureuse qui deviendra la sienne par la suite, il va s'employer à soutenir les nationalistes corses, pour lesquels il n'y avait pas de doute quant à sa filiation, non seulement en leur envoyant des fonds et des armes, mais surtout, en permettant leur entrainement dans un camp en Libye.
Mais c'est en 1974, que cette histoire de père corse du guide prendra son poids, lorsqu'un autre corse, François Quilichini, travaillant pour les services de renseignement et de sécurité du Niger, fut convié par le président à une réception où celui-ci recevait le Guide. Or, à la fin de la soirée le prenant à part, le président Diori lui demanda s'il avait été heureux de rencontrer en quelque sorte un de ses "compatriotes", et lui confirma le bien fondé de cette rumeur...
Depuis, les uns et les autres s'emploient avec fébrilité à établir ce qu'il en est ou ce qu'il n'en est pas. Ceci, au point que la "grande muette" elle-même, dépêcha en 1999, un enquêteur pour tirer cette affaire au clair. Cependant, la sentence sans appel de la conclusion de l'enquête, déniant absolument tout fondement à cette légende, ressemble bien trop, aux yeux des autres enquêteurs bénévoles, à une volonté de faire en sorte que rien ne se sache...
Cependant, pour un des neveux d'Albert Preziozi qu travaille à sa mémoire, et qui a longuement mené son enquête, les choses semblaient établies, et il ne lui manquait plus que la preuve formelle qu'aurait constitué un test ADN.
Mais nous savons ce qu'il en est advenu depuis...
Richard Pulvar
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