Depuis plusieurs mois les gouttes ne cessent de faire déborder le vase, trop c'en est trop !
Et les crimes dont ont été victimes Adama et Théo s'inscrivent dans le trop plein des populations des quartiers populaires qui sont en butte de façon constante avec la violence des institutions et des représentants de la République. Qu'il s'agisse de contrôles au faciès quasi journalier ciblant les personnes provenant des terres colonisées, de brimades, d'humiliations, de fouilles avec palpations, des discriminations systémiques à l'embauche, au logement, aux prestations de service publique, au bien vivre en somme, cela couve depuis un moment déjà.
La "hogra" de cette république de l'arbitraire pour toujours les mêmes d'un coté et de l'autre coté son ultra permissivité pour toujours et éternellement les mêmes, tout le monde en a marre dans les quartiers populaires.
Pour ce 19 mars 2017, comme une bouée à la mer et une volonté de relever la tête, plusieurs collectifs de familles de victimes de violences policières ont lancé un appel auquel ont répondu favorablement en tant que signataires de nombreuses organisations militantes apolitiques et organisations politiques et syndicales ainsi que des personnalités intellectuelles et médiatiques.
La marche qui devait s'élancer depuis la place de la Nation pour arriver à celle de la République, a été initiée dans un esprit de non violence en réponse digne face à la violence de l'arbitraire et en dénonciation des trop nombreux morts des quartiers populaires fleurissant les cimetières, elle a été pensée comme un lieu d'expression de cette colère et ces meurtrissures insoutenables à foison.
Les embûches n'ont pas manquées en amont pour que la marche pour la justice et la dignité ne se fasse ou tout du moins ne se fasse pas sous des auspices favorables.
Dans le courant de la semaine, plusieurs militants ont reçu chez eux des assignations à résidence pour les interdire de manifester le 19 mars 2017 à la marche, comme aux plus belles heures répressives du gouvernement Valls-Macron.
Le jour J alors que le point de rendez vous du départ était donné pour 14 heures à Nation, dès 11 heure le matin la station métro et RER était fermée sans aucune desserte ni connexion possible, Pareil pour celle de République.
Aux abords de Nation et République de très nombreux checkpoints et sas de contrôle des gens avec fouilles de leurs affaires personnelles par des hordes de CRS équipéEs de la totale.
Le but étant comme pour les manifs du printemps dernier contre la loi travail de limiter au maximum les grandes foules, et que la manifestation soit clairsemée, que peu de monde puisse y prendre part.
Malgré cela, et contrairement à ce que veulent faie croire les chiffres de participation de la préfecture de police, l'affluence des grands jours a été au rendez vous !
En effet avec des participant(e)s venu(e)s de la France entière, la marche pour la Justice et la Dignité à drainé des vagues de milliers et de milliers de personnes sur le macadam parisien, de tous horizons, jeunes, vieux, enfants dans une ambiance très familiale.
Une grande multiplicités de revendications étaient présente dans les cortèges.
La colère des révolté(e)s et des basané(e)s qui a été clamée avec force et détermination dans la dignité la plus absolue c'est retrouvée en confrontation directe avec un ultime mépris de la République qui a encagé tout le parcours de la manifestation avec d'un bout à l'autre des dispositifs policiers outranciers digne des temps de guerre, avec camions à eau et contingents de fourgons de CRS et de gendarmerie à n'en plus finir. A l'arrivée de la marche sur la place de la République où devaient avoir lieu les prises de paroles des familles de victimes et le concert mêlant artistes de renom et moins connus, c'est une place de la République muée pour l'occasion en prison à ciel ouvert qui a accueillis les manifestants.
Autant de déploiement de forces pour une manifestation ayant pour thématique la dénonciation des crimes et violences policières et de l'arbitraire du pouvoir était très logique n'est ce pas ?
Tout au long du parcours la non réponse ou la réponse non agressive par les manifestants aux provocations que ce lourd dispositif leur imposait les ont laissé le bec dans l'eau avec leurs grenades, leur flashball et tout leur attirail armé. Aussi en fin de manifestation comme cela n'était pas assez explosif et clairement pas dans l’émeute comme manif par respect pour les familles, venus comme très souvent de nulle part quelques actes de défiances-provections-ripostes habituels, ont servi de prétexte à des arrosages copieux de gaz lacrymo sur la foule.
Cela n'a pas duré longtemps mais cela a eu l'effet recherché de vider une partie de la place de la République du flux de manifestants arrivant, sans doute pour éviter les photos spectaculaires d'une place bondée de monde.
D'autres nombreux manifestants ont tenu bon et sont restés, ils ont occupé la place de la République, ils ont été au bout de la nuit avec une programmation musicale militante de choix.
Néanmoins pour finir une question a brulé les lèvres de plus d'un(e) dans les cortèges et sur la place à l'arrivé. Tout ce déploiement policier était il présent et de cette façon très précise et significative au rassemblement du Trocadéro de Fillon et à celui de la «France insoumise » de la veille par exemple ? Lors de ces shows politiques a t'on vu pareille volonté de l’État que celle de criminaliser la population qui entend user de sa liberté essentielle et de son droit de manifester ? Non !
Voilà qui montre clairement bien quels sont les enjeux et où se situent les curseurs du pouvoir, ainsi les choses sont de plus en plus limpides.
Pour les familles et les populations brimées le temps des résistances à l'arbitraire, aux discriminations, aux humiliations, au racisme, aux violences policières, aux oppressions découlant du colonial et l'exigence que Justice soit rendue n'est pas fini.
De même que celui des guerres lâches faites en leur nom contre des peuples qui ne leur ont rien fait également.
Les énergies de lutte contre la guerre faite aux pauvres, aux migrants et aux descendants de colonisés, ont encore du pain sur la planche. La lutte continue !
Emmauelle Bramban
20/03/17
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire