Qui sont les nôtres ?
Normalement ce sont “ceux de notre nation”, ceux avec lesquels, partageant le même espace, la même langue, la même société, nous partageons pour le meilleur et pour le pire, la même “destinée”. Ce sont ceux avec lesquels, par-delà toutes les autres considérations, d’origine, de race, de religion, et de condition sociale, par delà toutes nos divergences et nos difficultés à nous mettre d’accord, et même par delà tous les griefs hérités de l’histoire, nous devons nous montrer en toutes circonstances d’une solidarité sans faille, jusqu’à nous montrer prêts à mourir, les uns pour la survie des autres...
Cependant, les nôtres peuvent-ils constamment nous offenser dans nos convictions les plus profondes, nous porter atteinte dans notre dimension affective, en refusant justement de se montrer “nôtres” ? Peuvent-ils cracher sur les notions les plus fondamentales qui sont les nôtres du bien et du mal, pour faire ce qui pour nous est le mal, en prétendant faire le bien, et nous rendre complices par la solidarité nationale, de tous leur forfaits et de leur crimes ? Peuvent-ils nous couvrir de honte, chahuter nos consciences, et nous rendre finalement insupportable, le fait de devoir partager avec eux la même citoyenneté ?
Si nous admettons la légitimité en ce sens, d’une clause restrictive quant à la définition de l’étendue de ce que sont les nôtres, à tous ceux de l’espace commun partagé, alors nous pouvons considérer qu’enfermée dans son monde de privilèges, derrière le mur de mépris qu’elle a érigé entre elle et nous, l’actuelle détestable classe politico-médiatique qui malmène en ce moment notre pays, ne fait pas partie des nôtres, et qu’en plus de nous contrarier et pire, de nous contraindre, ce défaut nous inflige une véritable “infirmité”, dans notre appartenance.
Cependant, par chance, nous pouvons considérer sur la base d’un accord absolument essentiel quant à ce qu’est le bien et quant à ce qu’est le mal, qu’en réalité nous disposons d’un heureux complément des nôtres, auprès de frères d’autres nations.
Ainsi des nôtres, c’est à dire de ceux avec lesquels nous sommes d’accord pour dire, voici ce qui est bien, voici ce qui ne l’est pas, et avec lesquels nous faisons le choix résolu, de nous mettre au service de ce bien, se trouvaient-ils aux obsèques du président Hugo Chavez.
Se trouvaient là en effet, parmi tout un parterre de chefs d’états et de personnalités telles que le pasteur Jessie Jackson, dont la lutte contre l’injustice est connue, des présidentes et des présidents d’états sud américains dont la lutte contre l’impérialisme, le bellicisme, le racisme, et le néocolonialisme, ont redonné des couleurs à l’idée progressiste, et redonné la foi en se révélant ainsi être des nôtres, à nous qui voulons résolument croire encore possible, de rendre ce monde meilleur.
En 1970, et alors même que depuis 1956, notre nation avait pourtant participé, soit directement, soit en soutenant d’autres pour cela, aux guerres qui avaient frappé la république d’Egypte, notre premier ministre de l’époque, monsieur Jacques Chaban-Delmas, considérant que l’heure de la mort de l’ennemi, constitue l’heure d’une trêve pour le reconnaitre homme, s’est rendu avec une délégation française, aux obsèques du président égyptien Gamal Abdel Nasser. Le geste était grand, courageux, responsable...
Il est vrai que c’était encore une époque dont nous ne pouvons qu’avoir la nostalgie, où il existait en notre pays une volonté de grandeur et d’indépendance nationale, et où nos dirigeants n’allaient par chercher, comme c’est le cas de ceux d’aujourd’hui, leur inspiration quant à la politique qu’ils devaient mener pour notre pays, dans le derrière des Etats Unis. Nous ne risquions pas alors de nous monter complices, du bellicisme et de l’impérialisme des Américains, que justement, à l’occasion du désormais célèbre discours de Phnom Penh, le général de Gaulle avait si sévèrement fustigé.
Aucun responsable de haut rang, ni des Etats Unis, ni d’Europe, n’a jugé digne, utile, où même tout simplement dans les usages, de se déplacer pour saluer un homme respecté dans tous les pays du Sud, affichant par cela même leur profond mépris et leur habituelle défiance, pour les peuples de ces régions, qu’ils n’envisagent que pour pouvoir les exploiter. Ceci, en ne mesurant pas à quel point les temps ont changé, et à quel point cette attitude méprisante et pour tout dire, carrément raciste, achèvera de les disqualifier aux yeux de tous ces peuples qui désormais, font l’événement.
Plus grave encore que cette inconséquence, ceux qui nous dirigent nous ont, par leur attitude suiviste des sales manières impérialistes, rangés avec eux dans le camp des mauvais, des racistes, des bellicistes, des profiteurs, des criminels de guerre, de ceux que tous les autres peuples dans leur dignité, condamnent, et que nous aussi nous condamnons, alors même que nous semblons être complices.
Il est clair que ces dirigeants ne sont pas des nôtres, et toute la question qui se pose maintenant à nous est de savoir au nom de quoi, et jusqu’à quand, allons-nous subir l’autorité sur nous d’un gouvernement qui n’est pas le nôtre, et qui n’est pas celui de notre nation, qui ne fait constamment que trahir, et l’esprit, et les intérêts supérieurs, de celle-ci, pour le bénéfice de puissances étrangères ? Et ceci, même si par la combine politique et médiatique, ces gens sont parvenus à recueillir les suffrages d’un peuple angoissé, qui cherchait alors dans l’urgence à se prémunir par cela, d’un plus grand danger imminent…
Paris, le 9 mars 2013
Richard Pulvar
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