vendredi 1 juillet 2011

Revue de presse : Strauss Kahn reste un violeur présumé...


Selon le New York Times, la crédibilité de l’accusatrice aurait été entamée par des faits relevés par deux enquêteurs dont l’identité n’a pas été révélée. Quels sont ces faits ? Après son agression, et donc après avoir déposé plainte, Nafissatou Diallo aurait eu une conversation avec un détenu accusé d’avoir été en possession de 200 kg de marijuana. Cet homme, avec des amis, aurait fait des dépôts sur des comptes ouverts au nom de Nafissatou Diallo, pour un montant de 100 000 dollars au cours des deux dernières années. Dans la conversation, enregistrée par la police, Nafissatou Diallo aurait évoqué les indemnités qu’elle pourrait obtenir à la suite de sa plainte. Qu’en conclure ? Si ces faits sont avérés (ce qui reste à démontrer) dans le pire des cas, Nafissatou aurait parmi ses amis un trafiquant de marijuana qui aurait déposé, en deux ans, 100 000 dollars sur des comptes à son nom. Nafissatou aurait gardé des relations avec cet ami, son « fiancé » peut-être, malgré son arrestation. Elle l’aurait appelé pour lui dire qu’elle avait été violée, ce qui n’est sans doute pas une révélation facile à faire. Elle lui aurait dit que le seul aspect positif de cette histoire, c’est qu’elle aurait peut-être droit à des dommages-intérêts. Si Nafissatou a parlé au téléphone sans penser qu’elle était écoutée, cela révèle de sa part une certaine naïveté qui plaide plutôt en sa faveur. A-t-elle profité de ces 100 000 dollars déposés sur des comptes à son nom ? Etait-elle informée des dépôts ? A-t-elle rendu service à son ami en connaissance de cause ? Autant de questions auxquelles elle pourra certainement apporter des réponses. Qu’en conclure ? Au pire que son petit ami, un petit trafiquant de shit peut-être, aurait pu être mieux choisi, qu’il l’a mise dans le pétrin en se servant d’elle pour blanchir de l’argent. Choisit-on toujours bien ceux qu’on aime ? Une question qu’il faudrait poser à Anne Sinclair, à supposer qu’elle agisse par amour. Du blanchiment d’argent : pas des millions de dollars. Cent mille dollars en deux ans ! Quelques journées d’argent de poche pour Dominique Strauss-Kahn. Si les comptes étaient à son nom, étrange que Nafissatou n’ait jamais été inquiétée pour complicité de blanchiment, alors que son petit ami, lui, est en prison. Etrange qu’une conversation téléphonique enregistrée par la police voici cinq semaines ne soit révélée que maintenant au procureur. Quant à avoir évoqué les possibles réparations pour le crime qu’elle affirme avoir subi, même avec un petit trafiquant incarcéré, où est le problème ? Comme Anne Sinclair, elle espérait peut-être avoir assez d’argent pour le faire sortir de prison. Avec cette différence qu’elle est noire, pauvre, et musulmane. De quoi Strauss Kahn, qui, lui, a demandé que la teneur de ses conversations téléphoniques précédant son arrestation, ne soient pas communiquées, peut-il bien parler, sinon de sexe, d’argent et de pouvoir ? Strauss-Kahn n’a certainement que des amis en règle. Aucun voyou, c’est sûr, dans ses relations. Et, bien entendu, il n’a jamais déposé d’argent liquide sur aucun de ses comptes. Le fait que son lieutenant François Pupponi règle ses frais de bouche avec la carte bleue de la SEM chaleur de Sarcelles n’est évidemment pas de nature à affaiblir ses dires. Un trafiquant de shit ! Peut-être noir, en plus ! C’est bien pire qu’un violeur présumé de négresses. Un tiers des Français entre 18 et 64 ans (soit plus de 13 millions) admettent pourtant - selon une enquête publiée la semaine dernière - avoir fumé du cannabis au moins une fois dans leur vie, 4 % au cours du dernier mois : Il faut bien que ce cannabis vienne de quelque part. Eh oui : il y a des trafiquants. Des gros et des petits. C’est sans doute très vilain, mais pour le moment, la marijuana n’a encore tué personne. On n’en dira pas autant de l’alcool. Voire du Viagra dont certains obsédés sexuels font une consommation peut raisonnable et qui pourrait expliquer bien des débordements. Continuons la liste des turpitudes de Nafissatou invoquées par les enquêteurs anonymes. Elle aurait affirmé aux policiers avoir mentionné un viol et une excision dans sa demande d’asile aux USA et, vérification faite, on ne trouve pas trace de ces éléments dans son dossier. Damned ! Quelle affaire ! Cela voudrait dire qu’elle n’aurait jamais été violée ni excisée ? Qu’y a-t-il dans tout cela qui exonère Strauss Kahn des graves accusations portées contre lui ? Rien ! Un Strauss-Kahn aurait le droit de violer impunément une femme parce qu’elle serait la copine d’un petit dealer de shit et qu’elle se serait embrouillée dans ses déclarations pour obtenir le droit d’asile ? Faut-il être une sainte (comme Anne Sinclair) pour être crue sur parole quand on affirme avoir été violée ? Intéressant pour un homme qui se dit de gauche. La révélation de ces broutilles, compte tenu du système de procédure pénale américain, a permis à Strauss-Kahn, quasi-mécaniquement, d’obtenir illico une libération sur parole et de récupérer la caution versée par sa femme. On s’en réjouit pour elle. On s’en réjouit pour lui. Sa vie sexuelle va s’en trouver plus épanouie. En espérant qu’il n’y aura pas de nouvelles plaintes. Cependant, les accusations sont bien maintenues par le procureur. Strauss-Kahn n’a pas récupéré son passeport et se trouve toujours inculpé de crimes très graves. Il est libre d’être sur le territoire américain, le FBI aux fesses. La réhabilitation tant espérée par les amis zélés du violeur présumé, son élection à la présidence de la République en 2012, restent pour l’instant assez hypothétiques. Quel dommage ! On aurait tant aimé voir Strauss-Kahn débarquer, plus triomphant encore qu’un otage libéré, et, fort de sa supériorité naturelle, annoncer sa candidature à la primaire socialiste, malgré ce « troussage de domestique» d’autant moins important qu’il ne s’agissait que d’une négresse. Et tout le monde sait que "les négresses sont plus chaudes que les blanches" (Flaubert, Dictionnaire des idées reçues). En somme l’exercice anodin, j'oserais presque dire à la sarcelloise, d’un droit de cuissage sur une indigène qu’Anne Sinclair- ah la sainte femme ! - aurait, une fois de plus, pardonné.

Claude Ribbe
Ecrivain et philosophe

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