mercredi 5 mars 2014

OPERATION DECISIVE, OU CHANT DU CYGNE...?



Je rappelais il y a quelques temps que la Crimée est un souvenir très douloureux dans la mémoire du peuple russe, et je pense que si le président Vladimir Poutine s’était trouvé entouré de quelques cabalistes, ceux-là l’auraient certainement dissuadé de tenter une fois encore la destinée de la Russie, dans un endroit qui par le passé, fut aussi funeste pour elle...

A la stupéfaction générale des chancelleries du monde entier, mais certainement pas à la surprise des gens du Département d’Etat, autrement dit les affaires étrangères américaines, que je soupçonne de l’avoir contraint selon leur menées machiavéliques habituelles, à faire cela, le président Poutine a envoyé ses troupes investir la Crimée...

La raison officielle c’est qu’il s’agit-là d’une mesure conservatoire en vue de la protection des populations russophones et russophiles de cette région, et de l’est de l’Ukraine. Cependant, il ne semble pas qu’à ce jour celles-ci aient été persécutées ni même menacées. Certains avancent alors qu’il s’agirait pour la Russie, de défendre ses intérêts fondamentaux et particulièrement la disposition en vue de sa défense, des installations militaires de la Crimée. Mais, concernant cette question, la Russie ne se trouvait en rien menacée. En effet, il existe entre elle et la république d’Ukraine un traité établi en bonne et due forme lui donnant disposition de ces installations, dont le terme initial fixé jusqu’à 2017 fut prorogé jusqu’en 2042 sous l’administration du président ukrainien Ianoukovitch, et que les nouveaux maitres de Kiev n’ont ni les moyens militaires bien-sûr, ni même tout simplement les moyens légaux et statutaires aux termes de ce traité, et de toutes les façons aucun intérêt dans l’immédiat, de contester...

Il n’y avait donc aucune menace quant aux impératifs de défense de la Russie, du fait de la nouvelle donne politique à Kiev...

Il nous faut alors chercher la raison de cette opération totalement injustifiable en terme de droit international, dans l’attitude d’un homme blessé au rêve brisé, qui est parfaitement conscient d’avoir subi une lourde défaite sur la place du Maïdan à Kiev. Car, par delà tous les comportements excessifs et condamnables d’une minorité d’extrémistes que nous comprenons manipulés, et dont nous pourrions alors considérer le fait comme étant totalement marginal et temporaire, dans l’attente de la restauration en ce pays d’une légalité issue des urnes, il demeure cependant qu’à l’occasion de ces événements, une grande partie de l’Ukraine de l’ouest lui a ouvertement et semble-t-il définitivement, signifié sa défiance...

Or, cet homme qui sait qu’il ne peut en ces circonstances, ni convaincre ni contraindre ce peuple assoiffé d’indépendance, joue donc sa dernière carte, son va-tout, non seulement pour sauver la face et le prestige de sa grande nation, mais pour tenter d’acquérir d’une façon spectaculaire des avantages qui masqueront et compenseront très accessoirement sa défaite, car il a perdu l’Ukraine, il le sait, et pour lui et son grand projet national, c’est un désastre...

Car bien plus encore que dans les considérations politiques et économiques objectives, ou celles de défense et de sécurité, c’est dans la charge affective de la relation de la Russie à l’Ukraine, ce lieu même où a pris naissance l’âme de cette Russie qui déjà depuis l’époque des Tsars, n’a jamais cessé de tourner son regard vers cette Europe à laquelle elle appartient, et sur la marge de laquelle elle s’est retrouvée aujourd’hui placée, à cause des tourments de l’histoire, qu’il nous faut comprendre la stupéfaction de monsieur Poutine...

Il lui fallait faire quelque chose, mais comment tant de gens ont-ils pu croire un instant qu’à partir de cette Crimée, il allait se lancer dans une opération de reconquête guerrière sur le chemin de Kiev, et comment surtout ont-ils pu le souhaiter ? Se rendent-ils compte de ce qu’un tel affrontement, avec tous ses prolongements non maitrisables se développant sous une terrifiante menace nucléaire, aurait signifié pour notre humanité ?

Bien sûr, la liste de tous les crimes, les cruautés, la totale malfaisance, l’hypocrisie, les mensonges, l’injustice et les atteintes permanentes à la dignité humaine du système atlantiste, avait fini par faire considérer à beaucoup d’entre nous comme un moindre mal, voire comme une nécessité absolue afin de barrer enfin la route à ces hordes malfaisantes, la politique de monsieur Poutine...

Oui, nous avons été heureux qu’il existe un monsieur Poutine et la puissante Russie, pour dénoncer le crime qu’à constitué l’affaire de Libye, et surtout pour s’opposer pour notre plus grand soulagement, à la croisade que les criminels atlantistes, complices de tous les crimes perpétrés contre le malheureux peuple palestinien, qui n’ont cessé d’agresser le monde arabo-musulman et les nations africaines qui ne leur avaient pourtant rien fait, préparaient contre la nation Syrienne, après y avoir semé le désordre et la guerre...

Oui nous attendions la puissance qui allait pouvoir s’opposer enfin à cet ordre barbare, impuissants que nous avons été rendus par la traitrise de nos dirigeants sacrifiant au veau d’or, de le combattre nous-mêmes, et combien même nous savions ce monsieur Poutine lui-même sanguinaire et dictatorial, certains, mais je tiens à dire fermement que n’en fut pas, se sont montrés prêts à lui accorder un droit au crime compensatoire, eu égard à ceux des atlantistes...

Ils ont donc applaudi à cette opération guerrière, et en ont espéré et espèrent encore. Mais ils ont manqué que comprendre que la logique de l’Histoire, dont ils se sont persuadés de pouvoir se moquer, condamnait dès le départ le projet de monsieur Poutine...

Dans sa volonté de restaurer la Russie dans toute sa puissance et sa magnificence, et de la positionner comme le pôle opposé au pôle atlantiste, ce sont les chiffres tout simplement qui l’ont condamné...

En effet, après le démantèlement de l’Union Soviétique, la Russie qui demeure cependant le plus grand pays du monde, ne possède plus que 143 millions d’habitants, avec de plus une population vieillissante...

Ailleurs dans ce monde concurrentiel et pour ne citer que quelques uns parmi les plus grands, le Nigeria rassemble déjà 168 millions d’habitants, le Brésil 200 millions, les Etats Unis d’Amérique 315 millions, l’Union Européenne 510 millions, l’Inde 1, 24 milliards, et la Chine 1, 4 milliards, dix fois plus que la Russie...!

Ces chiffres parlent d’eux-mêmes et nous font comprendre que la Russie qui, déjà d’un point de vue économique, et malgré ses 143 millions d’habitants et son Pib de 2015 milliards de dollars, se situe encore derrière la France, 2613 milliards de dollars, malgré le déclin de celle-ci, et même derrière le Brésil, 2253 milliards de dollars, qu’elle ne risque pas de dépasser compte tenu de la forte croissance à la fois économique et démographique de celui-ci, n’a aucune possibilité de redevenir la grande puissance dominante qu’elle était pour pouvoir faire face à l’ogre atlantiste, en rassemblant en son espace aussi peu de monde...

Il lui fallait des hommes, la vraie richesse des nations, pour avoir plus de poids et surtout un “espace de civilisation” plus conséquent. Car, les courants économiques tels que Coca-Cola et Mac Donald, suivent les courants culturels tels que Mickey et Hollywood, et cette culture qui implique une influence diplomatique, constitue un élément déterminant dans le fait de puissance d’une nation. Ceci, étant entendu que les seules puissances technologique et militaire ne suffisent pas, d’autant que le jeu de l’occident c’est de contraindre la Russie par une stratégie d’encerclement, à des dépenses militaires démesurées pour la défense de son immense territoire, au détriment de son développement...

C’est donc en toute logique que Vladimir Poutine avait fait le projet de rassembler autour de la Russie, les nations de l’ex-URSS qui n’avait pas encore intégré l’Union Européenne, dans un ensemble dit “euro-asiatique”, et la pièce maitresse de l’architecture de cette reconstruction autour d’elle, absolument nécessaire à la solidité de l’édifice, devait être l’Ukraine avec ses 45 millions d’habitants...

Mais, il y a loin de la coupe aux lèvres, du rêve à la réalisation, car pour qu’il ait des chances d’aboutir, il fallait à Vladimir Poutine du temps, et un climat apaisé des relations internationales, pour pouvoir apprivoiser l’Ukraine, ce dont ceux qui s’opposent à ce projet ne lui en laisseront pas le loisir. Car l’Amérique en déclin ne veut ni plonger seule ni la première, et ne veut pas voir s’établir de l’Atlantique à l’Oural, un espace apaisé et prospère qui la marginaliserait. Elle s’est arrangée pour qu’il n’y ait plus en Europe aucun homme politique en fonction, à forte carrure et susceptible de s’opposer à ses projets. Et, elle fera tout pour que rien de bien ne se produise en cette Europe, et pour que ses peuples lui soient soumis...

Ce monsieur Ianoukovitch qui possède bien des défauts, dont le plus grave c’est de s’être prêté volontairement ou non, comme instrument de la politique de monsieur Poutine, mais qui possède aussi des qualités, était parfaitement conscient que, compte tenu de l’histoire si complexe et si douloureuse de sa nation, un rapprochement avec la Russie n’était envisageable que si parallèlement se tenaient et progressaient, des discussions permettant une ouverture vers l’Union Européenne. Ceci, pour pouvoir situer l’Ukraine en quelque sorte, comme un point d’articulation entre ces deux espaces, afin de tranquilliser ceux de son peuple pour lesquels l’Europe doit être la destinée de leur nation...

Bien que russophone et russophile, des mois durant il aura frappé à la porte de cette Europe, mais par une malfaisance orchestrée dans les instances européennes, celle-ci ne lui fut qu’entrouverte, pour lui demander de montrer patte blanche, et le lendemain patte encore plus blanche, et ainsi de suite...

Pris à la gorge dans des difficultés budgétaires insolubles, et face au mécontentement grandissant du peuple qu’amplifiaient les inévitables histoires de corruption dans de telles nations non encore affirmées, il ne lui resta plus qu’aller se réfugier dans les bras tendus vers lui de Vladimir Poutine, qui lui promit de lui faire un pont d’or à condition d’abandonner sa démarche européenne, ce que dans la précipitation il fit, et cette erreur lui fut fatale...

Beaucoup de mes amis ici qui refusent encore de faire l’effort essentiel de se plonger dans les méandres dramatiques de l’histoire ukrainienne, ne comprennent pas pourquoi, à la différence des ukrainiens russophones, descendants tout simplement de Russes installés en Ukraine, les Ukrainiens de langue et de culture ukrainienne, et dont l’église uniate se trouve sous l’autorité du patriarche de Kiev et non pas sous celle du patriarche de Moscou, sont remplis d’une détestation viscérale, non pas tant du peuple russe lui-même, mais de la Russie en tant que puissance impérialiste et dominatrice, qui leur a infligé tant de douleurs...

Pour saisir ce dont il s’agit ici sans rentrer dans les détails, ce qu’il faut comprendre c’est que depuis la conquête par Catherine de Russie de cette partie de l’Ukraine qui fut d’abord si longuement liée aux Lituano-polonais auxquels les Ukrainiens s’identifiaient par leurs lointaines origines, puis aux Austro-hongrois en tournant le dos à la Russie, les nationalistes ukrainiens ne se résignèrent jamais à cette annexion.

Tout au long du dix-neuvième siècle ils subiront la répression féroce des autorités russes qui pour tenter de casser ce mouvement, interdiront entre autre, l’enseignement de l’ukrainien dans les écoles, et la publication d’articles et de livres en ukrainien. Ceci, au point que lorsque débute la première guerre mondiale, certains d’entre eux convaincus qu’il s’agit là d’une occasion de se débarrasser du joug russe, seront du combat des Allemands contre la Russie, ce dont les Russes se souviendront. Ils participeront ainsi au renversement du régime tsariste à la révolution de février 1917, mais lorsque interviendra la révolution bolchévique en octobre 1917 et l’armistice avec les Allemands, ayant fait l’expérience de l’autoritarisme tsariste et redoutant par dessus tout celui des Bolchéviks, ils se proclameront “République Populaire d’Ukraine” indépendante, mais les Bolchéviks ne l’entendront pas de cette oreille.

De 1917 à 1922, ils tenteront de maintenir leur république, mais ils finiront écrasés et massacrés par l’armée rouge de monsieur Trotsky. Les années qui suivront leur intégration dans l’Union Soviétique nouvellement créée, seront celles d’une répression politique bestiale de la part de Staline qui ne supportera pas leur insoumission, ni ce qui fut leur collusion avec l’ennemi, et atteindront leur paroxysme entre 1937 et 1939, causant plus d’un million et demi de morts parmi eux...

Mais le pire, ce qui raisonne d’échos terrifiants dans la mémoire des Ukrainiens porte le nom de “Holodomor”, l’extermination par la faim.

Les historiens se sont affrontés et s’affrontent encore jusqu’à aujourd’hui pour savoir comment qualifier ce drame qui ne frappa pas seulement l’Ukraine, même si c’est celle-ci qui sera et de loin la plus cruellement frappée. Savoir s’il était seulement du à l’incompétence totale de l’administration stalinienne, son obsession stupide et bornée à vouloir obtenir malgré les circonstances, encore plus de rendement, et surtout à la coutume en ces temps staliniens de nier les évidences, de cacher les vérités dérangeantes, pour ne pas se trouver sanctionné par la hiérarchie et se retrouver au goulag, ou s’il s’agissait d’une volonté délibérée de Staline, de punir les Ukrainiens indociles...

L’ouverture récente des archives de l’Union Soviétique semble donner des indications accablantes quant à une volonté délibérée de Staline et c’est pourquoi l’Ukraine bien-sûr, mais également les Nations Unies, reconnaissent l’Holodomor comme étant un “génocide”.

Pour nous faire une idée de ce dont il s’agit, il y a deux faits qui ne sont contestés par personne, à savoir que l’Union Soviétique de l’époque payait ses approvisionnements en provenance des nations occidentales, par des livraisons de céréales, et il fallait en livrer toujours plus pour pouvoir honorer les objectifs de développement du plan. Or, durant toute la période où la famine crucifiait l’Ukraine, des centaines de milliers de tonnes de céréales en provenance des autres régions de l’Union Soviétique, continuèrent d’être livrées sans que rien de tout cela ne fut un tant soit peu détourné, pour venir au secours des Ukrainiens affamés...

Un autre fait avéré c’est que le soucis du régime stalinien de contrôler les populations dans leur moindre déplacement, a fait que tous les Ukrainiens encore valides, auxquels il était interdit de s’en aller pour qu’ils puissent assurer la production, et qui ont cherché par tous les moyens à fuir l’Ukraine affamée, furent arrêtés, exécutés, ou envoyés au goulag...

Quant au bilan des victimes, les archives de l’Union Soviétique ont permis de revoir un peu à la baisse les estimations qui étaient faites jusqu’alors, mais les chiffres demeurent malgré tout effrayants, car en hypothèse basse, on arrive déjà au chiffre accablant de 4,5 millions de morts, et en hypothèse haute, au chiffre inimaginable de 7 millions de morts...

Ainsi, tous ces gens qui, les uns avec un détachement hautain, les autres avec une rage sourde, et les uns et les autres avec cette désinvolture malhonnête qui consiste à prétendre juger des dossiers sans s’être offert le moindre effort documentaire préalable, et qui n’ont de cesse depuis leur fauteuil que de couvrir d’injures les révoltés du Maïdan dont ils ignorent tout du combat, se moquent donc éperdument de considérer puisque justement ils l’ignorent, qu’il existe entre les Ukrainiens et les Russes ce si terrible contentieux, un “génocide”...!

Mais les malheurs de l’Ukraine ne se sont hélas pas arrêtés là car, quand après toutes ces années de terreur et de malheur, Hitler se lance dans l’invasion de l’Union Soviétique, certains Ukrainiens pensent là encore pouvoir saisir une occasion de se libérer du joug stalinien, et seront du combat des Allemands. Mais, les exactions des nazis auront tôt fait de les remettre dans le sens de la lutte contre l’Allemagne, pour laquelle ils paieront le prix fort.

Car, si c’est l’Union Soviétique qui avec plus de vingt millions de morts, est de loin la nation qui aura payé le plus lourd tribut dans la lutte contre l’Allemagne hitlérienne, au sein de cette Union, parmi les républiques socialistes, c’est l’Ukraine qui avec plus de huit millions de morts à elle seule, aura été par rapport à sa population, la nation la plus martyrisée...

De tout cela il apparait que la promiscuité avec leurs frères Russes s’est traduite pour les Ukrainiens par plus de deux siècles de contrainte, de persécutions, de terreur, de privation de liberté, de massacres, de guerres et de désolations sans fins, d’un génocide, et d’une terrifiante montagne de cadavres...!

C’est pourquoi après avoir gouté à quelques années de liberté et d’indépendance, lorsque le spectre grimaçant de leur réintégration dans une grande Russie est apparu en la personne de monsieur Ianoukovitch, leur sang n’a fait qu’un tour et par deux fois, ils se sont opposés de la façon la plus catégorique et déterminée, contre ce projet...

Si donc lors de la révolution orange, on pouvait encore se cacher sa cause profonde, parce que sa cause directe était une fraude électorale, lors de la révolution de la place Maïdan, et même si la subversion violente fut le fait d’activistes manipulés par l’occident, ce derrière quoi se cachent ceux et ils sont nombreux, qui ne veulent pas voir la raison profonde qui aura sous-tendu ce mouvement, c’est bel et bien le refus des Ukrainiens de l’ouest de se retrouver avec les Russes, qui fut ainsi clairement signifié. Et, c’est bien ainsi que pour sa plus grande déception, l’a compris Vladimir Poutine qui a su dès cet instant, que son projet prenait l’eau.

Bien sûr, tous les aboyeurs qui n’ont jamais assumé quelque responsabilité que ce soit, s’imaginent et rêvent de voir la puissante armée russe, s’en aller battre campagne et traquer les opposants ukrainiens pour les réduire jusqu’au dernier en un tour de main. Mais, Vladimir Poutine qui est un homme d’expérience sait deux choses.

Tout d’abord, si après la première guerre de Tchétchénie, absolument désastreuse pour une armée russe qui à du demander un cessez-le-feu pour pouvoir se retirer, il a pu lors de la deuxième guerre réduire par une bataille de plusieurs mois et d’une inimaginable sauvagerie, en mobilisant des moyens considérables, la résistance d’un petit mais vaillant peuple tchétchène de 1,3 million d’habitants seulement, pour autant, et même si l’armée ukrainienne proprement dite ne tiendrait pas longtemps face à l’armée russe, il n’a absolument aucune possibilité de vaincre le puissant sentiment national de plus de 30 millions de citoyens ukrainiens. Car, ceux-ci lui livreront une guerre de partisans dont tous les exemples montrent, depuis le lointain Viet Nam jusqu’à l’Irak, en passant par l’Algérie, la Somalie, le Liban, l’Afghanistan et autre, qu’aucune armée ne peut en triompher...

D’autre part il sait qu’une telle opération aurait un coût en hommes et en matériels insupportable, entrainerait sa condamnation internationale avec un coût diplomatique énorme et une image désastreuse pour la Russie, le mettrait sous le coup de sanctions financières et de boycott culturel, renforcerait considérablement son opposition interne, mais surtout, ne lui rapporterait absolument rien, tant il est vrai qu’on ne peut obtenir la coopération positive d’un peuple sous la contrainte, puisque telle fut précisément la maladie qui emporta l’Union Soviétique...

C’est pourquoi, après avoir fait son coup spectaculaire, lui permettant de sauver la face auprès des siens, et de rappeler aux autres la nécessité de discuter avec la Russie, Vladimir Poutine à précisé lui-même lors d’une conférence de presse que pour l’instant, l’usage de la force n’était pas nécessaire, ce qui montre bien qu’il ne fut jamais dans ses intentions de mener une marche contre Kiev.

Il lui reste la possibilité d’arracher dans la négociation, la Crimée, à laquelle les Ukrainiens ne sont pas à ce point attachés, parce qu’elle ne fait partie de l’Ukraine que depuis 1954, et peut-être les provinces orientales russophones de l’Ukraine, en sachant cependant que 25% seulement des citoyens de ces provinces, désirent ce rattachement à la Russie, mais l’essentiel de l’Ukraine et Kiev, sont perdus pour lui, et son projet de grand espace euro-asiatique, assez gravement compromis...

Paris, le 5 mars 2014
Richard Pulvar

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