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mardi 26 janvier 2010
Accoucher d'un "nouvel Haïti"
AFP PHOTO / FRED DUFOUR
A Leogane, l'une des villes dévastées d'Haïti, ce petit garçon demande "une bonne distribution" de l'aide... et "la fin de la corruption".
Réunis en urgence à Montréal ce lundi, les représentants de 14 pays ont jeté les bases de la reconstruction d'Haïti – qui prendra au moins dix ans. Prochaine rencontre prévue: en mars, au siège de l'ONU à New York.
Les Haïtiens sont maîtres de leur avenir. Ce principe guidera la reconstruction d'Haïti, dévasté par un tremblement de terre le 12 janvier dernier. C'est ce qu'ont décidé les représentants de 14 pays, de l'ONU et d'organisations humanitaires réunis en urgence à Montréal le 25 janvier, à l'initiative du Canada. Cette première rencontre depuis le séisme leur a permis de dresser la "feuille de route" de ce chantier colossal - qui devrait durer au moins dix ans.
"L'État haïtien est au travail dans des conditions précaires mais il est en mesure d'assurer le leadership que la population attend de lui", a assuré le Premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, en ouverture de cette conférence internationale. Tout en rappelant que son pays aura "encore et encore et encore besoin" du soutien de la communauté internationale, il a insisté sur la nécessité de d'accoucher d'un "nouvel Haïti". Et de ne pas revenir à la situation - "inacceptable pour la population" - qui prévalait avant le séisme.
Le Premier ministre n'en a pas moins reconnu avec humilité les failles de son administration – notamment la centralisation de l'activité économique à Port-au Prince - qui a fait perdre au pays "60% de son PIB en 30 secondes" -, les problèmes de gouvernance et la difficulté d'empêcher la fuite des cerveaux. Il a répété l'importance de faire "mieux et différemment", espérant que "le sacrifice involontaire de milliers d'Haïtiens" permette de "comprendre pourquoi tant d'années d'efforts n'ont pas abouti jusqu'à présent."
Les discussions se sont déroulées toute la journée à huis-clos, au siège social de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) à Montréal. Elles ont permis de d'évaluer les besoins, de discuter de la coordination de l'aide et de la planification technique de la reconstruction – en prélude à la conférence élargie des pays donateurs, qui se tiendra en mars au siège de l'ONU à New York.
Mais s'il y a été beaucoup question de relance, la conférence a également permis de rappeler que la phase des secours d'urgence est loin d'être terminée. Selon John Holmes, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l'ONU, présent à Montréal, il faudra encore des mois pour stabiliser la situation. Selon ses estimations, il manquerait actuellement, entre autres, de millions de repas prêts-à-manger et de quelque 200 000 tentes pour abriter les sinistrés.
À l'issue de la conférence, une déclaration succincte de trois pages a énuméré les grands principes qui orienteront la reconstruction d'Haïti. Au premier rang desquels la souveraineté du pays – et la participation du peuple haïtien dans le processus. "Nous agirons en partenaires et non en tuteurs", a insisté la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton. De son côté, Bernard Kouchner a indiqué qu' "il ne s'agit pas de les occuper, ni de les diriger, mais d'être avec eux, pour eux, sous leur direction."
Les participants à la conférence ont également insisté sur la nécessité de coordonner leurs efforts et de viser l'efficacité (notamment en se servant des "leçons" du tsunami de 2004) et la durabilité de l'opération (l'engagement initial pris à Montréal est de 10 ans). Tout en adoptant des "mécanismes solides de suivi et d'évaluation" pour en assurer la transparence.
Quant au montant de l'aide financière qui sera ainsi apportée par la communauté internationale, il n'a pas été précisé. "L'évaluation des travaux nécessaires n'est pas encore terminée et il est prématuré de parler des coûts", a indiqué Jean-Max Bellerive.
Isabelle Grégoire
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