lundi 18 janvier 2010

Soutien au peuple martyr frère d’Haïti


Haïti, première colonie française ayant fait la fortune de la République et de ses esclavagistes, première colonie ayant obtenue en 1804 son indépendance par une révolution anti-coloniale et anti-esclavagiste, connait depuis quelque jour un drame terrible. Frappé par un séisme, le pays est en pièces et son peuple plus bas qu’à genou.

Les médias annoncent plusieurs centaines de milliers de morts dans un pays de moins de 10 millions d’habitants, nous innondent d’images et de vidéos, d’adjectifs, de superlatifs, sans lésiner sur le registre de l’affect, sans que nous percevions dans leur discours rôdés de professionnels l’expression d’une émotion sincère. Pour nous, ce ne sont pas simplement des personnes à l’autre bout du monde que nous voyons mourir, souffrir, tenter de survivre au milieu du chaos. C’est un peuple frère Noir du Sud issu simultanément de l’oppression et de la résistance à l’esclavage, la colonisation et l’impérialisme. Notre fraternité prends racine dans nos âmes d’indigènes soupirant à l’unisson à l’évocation de la catastrophe, la Naqba, frappant les haitiens en plein cœur. Les mots qui sortent de nos bouches, les phrases issues de nos plumes, sont bien en deça des sentiments émanant de nos cœurs. Aimé Césaire disait : « L’Occident pardonnera-t-il un jour aux descendants de Toussaint Louverture ? Nous qui avons choisi une lutte de substitution à l’intérieur du monde colonial, nous devons à notre tour aider les Haïtiens. Jamais nous ne compenserons tout à fait ce que nous devons au nègre fondateur. Le nègre fondateur, c’est la Révolution de Saint-Domingue, c’est Toussaint Louverture. » Le peuple-frère haïtien est le peuple esclave-indigène fondateur s’il en est. Fondateur car prototype de la situation des peuples oppressés du système-monde. Fondateur par sa lutte victorieuse exemplaire. Le peuple-frère haïtien est le peuple esclave-indigène fondateur s’il en est, par sa situation matrice de celle du système-monde actuel, et sa lutte victorieuse exemplaire. Exemplarité que l’Occident lui a fait chèrement payée à de nombreuses moments de son histoire notamment par de multiples invasions, coups d’Etat, tyrannies et rançons [1]. Prototype que l’Occident s’est attaché à reproduire là où son avidité pour les ressources naturelles le conduisait [2].

Nous rejetons, avec résolution, le cynisme de ceux qui y voient une malédiction, un fléau punissant l’insolente soif de liberté d’un peuple indigène. Ceux là sont des sinistres blasphémateurs lorsqu’ils invoquent Dieu. Le seul dieu d’un tel fléau n’est autre que celui de la suprématie Occidentale. Ceux là sont des sinistres personnages blasphémateurs lorsqu’ils invoquent Dieu, le seul dieu d’un tel fléau n’est autre que celui de la suprématie Occidentale. La misère d’Haïti est sans aucun doute le facteur principal de ce drame, dont le séisme est le coup de grace. Mais cette pauvreté ne doit pas servir d’excuse pour nous défausser de nos responsabilités. Il faut condamner les propos imputant ce désastre à l’incurie présumée des haïtiens eux-mêmes. Si le déclencheur conjoncturel de ce ce drame est un phénomène naturel, sa cause stucturelle en est la folie des maîtres de ce monde. En effet, comme le dit le président, Fidel Castro, de Cuba toute proche : « Les Haïtiens ne sont pas coupables de leur pauvreté actuelle : ils sont les victimes du système imposé au monde. Ils n’ont pas inventé le colonialisme, le capitalisme, l’impérialisme, l’échange inégal, le néolibéralisme, ni les formes d’exploitation et de pillage qui sévissent sur la planète depuis deux cents ans. »

Lorsque le sordide ministre Besson, se croyant charitable, annonce qu’il suspends les expulsions vers Haïti, nous devons lui retorquer avec fermeté que c’est le devoir de toutes les Nations occidentales d’accueillir sur leurs sols les victimes de ce drame. Comme c’est leur devoir également de panser les plaies de ce pays meurtri et de lui rendre son indépendance en lui fournissant tous les moyens matériels nécessaires de son autonomie, et ce quelqu’en soit le coût, ainsi qu’en cessant l’occupation néo-coloniale de ce pays sous couvert d’ONU. Sans quoi, il n’est pas de doute, qu’une fois le bal évènementiel de l’aide international passé, les mêmes causes ayant les mêmes effets, la situation pourrait se répéter au moindre soubresaut de notre planète.

Allah yester w yahfad.

Bader Lejmi, membre du mouvement des indigènes de la république

[1] En 1825, Boyer obtint la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti par la France, mais celle-ci exigea en contrepartie le paiement d’une énorme indemnité aux planteurs dépossédés. Pour payer cette indemnité, Haïti dut emprunter à la France, à un taux usuraire, l’argent nécessaire ; Haïti honora sa dette, mais, pendant un siècle, le remboursement et le service de cette dette allaient peser lourdement sur son économique(...)in "L’histoire d’haiti" (http://www.caraibe-planete.com/haiti/histoire.htm)

[2] « Les mécanismes du pillage systématique des ressources africaines tournent à plein régime au mépris du développement économique et démocratique de l’Afrique » in "Les dessous de la présence économique de la France en Afrique" (http://survie.org/publications/4-pages/4-pages-Diplomatie-Business-et)

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