vendredi 26 mars 2010

Jeux d’influences et d’alliances dans le processus de reconstruction Le point, une semaine avant le sommet des bailleurs de fonds de Ne


P-au-P., 25 mars 2010 [AlterPresse] --- A une semaine du sommet des bailleurs de fonds autour de la reconstruction d’Haïti, au siège de l’Organisation des Nations Unies (Onu) à New York le 31 mars, de nombreuses rencontres se déroulent dans plusieurs pays, y compris en Haïti, sur la situation post-séisme du 12 janvier 2010.

La République Dominicaine, les Etats-Unis d’Amérique, l’Union européenne (Ue), le Japon, la France… , et les institutions multilatérales (Banque mondiale, Fonds monétaire international) se positionnent.

Tout se passe comme si les intérêts stratégiques en jeu semblent motiver de nombreux acteurs internationaux, par influence et alliance interposées, vers la conquête de parts de marché dans les travaux de reconstruction d’une bonne partie du territoire d’Haïti, vivement secouée par le tremblement de terre.

En dehors de la massive aide (alimentaire, médicale, ressources humaines, croix rouge, réseau d’organisations sociales), apportée dès les premiers jours post-séisme, la République Dominicaine a accueilli divers forums sur la situation et a tiré profit sur de multiples points. Son territoire a servi de point de passage pour l’acheminement de l’aide humanitaire.

Aujourd’hui, le constat : des véhicules à plaque minéralogique dominicaine, poursuivant les opérations d’aide, sont davantage remarquables qu’auparavant, en divers endroits du pays, pas seulement dans la capitale.

Journalistes, coopérantes et coopérants, nationaux laissant ou regagnant Haïti, commerçantes et commerçants ont transité et continuent de passer par le territoire voisin pour diverses raisons. Cela se traduit concrètement par un niveau important de transactions financières, de montants non encore rendus publics, profitables à l’économie du pays le plus proche d’Haïti.

Dès le 13 janvier 2010, les Etats-Unis d’Amérique ont manifesté leur présence par l’envoi de troupes armées qui, au-delà de l’objectif déclaré “d’assurer la sécurité des convois humanitaires”, ont pris possession de l’aéroport international de Port-au-Prince qu’elles ont rendu fonctionnel rapidement et 24h/24.

A signaler que l’aéroport international de la capitale a été sévèrement touché et de nombreuses fissures sont encore visibles sur l’édifice. De nouveaux espaces sont en service pour pouvoir accueillir provisoirement des passagers, dans des conditions extrêmement précaires.

Parallèlement, des équipes médicales, en provenance des Etats-Unis, sont encore sur place, comme dans l’aire de l’aéroport international dans la capitale, en vue de fournir des soins gratuits. Parmi le personnel de ces structures médicales, se retrouvent beaucoup de compatriotes expatriés (médecins, infirmières) qui, à l’occasion, reviennent prêter leurs services par rotation-horaire pendant quelques semaines. Il arrive que ces personnes ne trouvent même pas le temps pour visiter leurs familles et autres parents, tant la mission d’urgence, à laquelle elles sont affectées, est très serrée.

L’opinion publique n’est pas renseignée sur les dessous de la politique américano-haïtienne dans le contexte actuel. De jeunes militaires américains montent la garde devant l’entrée de plusieurs bâtiments, dont l’ancien hôtel Montana effondré le 12 janvier.

Toujours est-il que le président étasunien Barack Obama vient de demander, le 24 mars au Congrès, l’approbation formelle de 2,8 milliards de dollars américains au titre de l’engagement envers Haïti. En début de semaine, les anciens présidents William Jefferson (Bill) Clinton et George Walker Bush ont visité le pays comme émissaires d’Obama.

L’Ue, qui a organisé une session sur Haïti cette semaine, pourrait s’engager pour un montant d’un milliard d’euros (1 euro = 65.00 gourdes ; US $ 1.00 = 42.00 gourdes aujourd’hui).

En plus d’un apport de 70 millions de dollars américains, le Japon compte mobiliser les ministres des affaires étrangères du G8 (qui se réunissent en cette fin du mois de mars 2010), tout en invitant la communauté internationale à soutenir une stabilisation, à court terme, de la vie de la population nationale.

De passage à Port-au-Prince, le samedi 20 mars, le ministre japonais des affaires étrangères a promis l’examen, par son gouvernement, de la possibilité d’envois de techniciens du pays du soleil levant pour échanger sur les expériences du Japon en matière de séisme.

Après la visite du président Nicolas Sarkozy (la première d’un chef d’Etat français depuis 200 ans) et les promesses d’élimination de la dette d’Haïti, la France insiste sur la coopération décentralisée, c-est-à-dire la “contribution des collectivités territoriales au plan de développement voulu par les autorités haïtiennes”, avec l’organisation, à Fort de France (Martinique) le 23 mars, d’une conférence internationale des villes et régions du monde pour la reconstruction d’Haïti, à laquelle ont participé plus de 150 participants de divers pays et d’une trentaine de représentants des collectivités territoriales haïtiennes.

Ayant débloqué dans l’urgence 150,000 euros en faveur de Port-au-Prince, la mairie de Paris projette de mettre 500,000 euros par an à disposition de Port-au-Prince sur les 3 prochaines années, suivant des précisions fournies à AlterPresse.

Le Fonds monétaire international encourage l’octroi à Haïti des fonds sollicités en guise d’appui budgétaire pour l’exercice fiscal 2009-2010.

Les dégâts provoqués par le tremblement de terre du 12 janvier ont permis de collecter, en janvier et février 2010, seulement 20 % et 35 % des recettes fiscales prévues.

De son côté, la Banque interaméricaine de développement (Bid) a annoncé, le 22 mars, l’effacement de 479 millions de dollars de dettes d’Haïti et une aide de 2 milliards de dollars destinée à la reconstruction du pays.

L’Organisation des États Américains (Oea) envisage d’accueillir, annuellement, une réunion de la diaspora haïtienne dans le cadre de la contribution, à court terme et à long terme, des Haïtiennes et Haïtiens de l’extérieur au relèvement et à la reconstruction d’Haïti.

Sur le terrain, la question de logements durables reste une préoccupation pour les dizaines de milliers de sans abris et personnes déplacées.

Mettant en avant l’absence de consultations formelles avec des secteurs-clés, tels les paysans, les femmes et les habitants des camps de sans abris et personnes déplacées, plusieurs organisations sociales rejettent le plan de reconstruction que compte présenter le gouvernement du premier ministre Joseph Jean Max Bellerive à la rencontre des bailleurs de fonds le 31 mars. [r

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