samedi 24 avril 2010

La vraie question !


Haïti: Je ne sais pas si on atteint le fond de l'abîme, mais le tremblement de terre du 12 janvier 2010, nous a renvoyé en pleine figure la fragilité et le délabrement à la fois physique et mental de notre pays. Certains maintenant ont beau protester contre une mise en tutelle en douce de notre pays, suite au vote de la loi sur l'état d'urgence dans des conditions prouvant encore une fois comment il est facile quelque part de faire soulever la patte à nos dits parlementaires, il est un fait incontestable que le passif accumulé par les gouvernements et l'opposition depuis des décennies ne peut justifier une demande de souveraineté complète dans la gestion des milliards de dollars prévues pour la « reconstruction » . Ces milliards proviendront des taxes payées par des citoyens. Les gouvernements qui gèrent ces milliards devront en rendre compte devant leur peuple. Ces gouvernements et les institutions qui gravitent autour d'eux n'ont pas le même passif d'impuissance et de corruption que les nôtres en Haïti. Aucun des peuples qui ont porté au pouvoir ces gouvernements ne manifeste un tel mépris envers leurs dirigeants que le peuple haïtien envers le sien.
Maintenant que les pouvoirs haïtiens vont être réduits à faire de la représentation obligée, la question qui se pose reste celle-ci. La reconstruction va-t-elle servir au peuple haïtien où à de grandes compagnies étrangères, quelques miettes laissées à des entreprises haïtiennes qui dans le temps s'étaient toujours arrangées avec le pouvoir pour être en situation de quasi-monopole ? Va-t-on enfin s'attaquer aux problèmes du logement, du chômage, de la santé et de l'éducation en Haïti ? Car la vraie question est sur le tapis, qu'on le veuille ou non. Va-ton continuer à ignorer, à exclure cette population jusqu'à ce qu'elle continue à développer des stratégies de survie qui sont malheureusement préjudiciables à notre survie à tous ?
L'autre question aussi importante est celle-ci. Que va-t-on faire pour que dans un laps de temps assez court- dans une histoire de peuple bien entendu- pour que notre matériel humain change complètement ? Pour que dans une élection libre et démocratique des charlatans, des nuls, des repris de justice ne soient plus élus pour venir vicier les institutions nationales. Pour que dans un parlement, des élus puissent effectivement travailler au bonheur présent et futur de la nation sans qu'on puisse constamment les acheter à la majorité du corps pour faire passer des lois préjudiciables à l'intérêt national. Bref, pour que la population dans son ensemble puisse faire des choix acceptables sans que des politiciens véreux viennent acheter leurs voix pour des pécules.
Car, nous ne sommes à aucune année zéro. Nous sommes à un carrefour où tout échec va signifier dans le court terme la disparition pure et simple de notre pays, sa mise en quarantaine dans l'espace continental et caribéen. La République dominicaine a été la première à manifester sa solidarité après les secousses du 12 janvier 2010. Curieusement, elle semble quelque peu mise à l'écart dans toutes ces tractations pour la reconstruction d'Haïti. Pourtant, beaucoup plus que nos grands amis du Nord, c'est elle surtout qui a intérêt à ce que notre pays prenne une autre voie, une voie qui serait dans l'intérêt de la majorité du peuple haïtien. Car si ce plan pour la « reconstruction » échoue, si dans deux ou trois ans, Haïti se somalise, ce seront trois à quatre millions de personnes qui vont se presser à ses frontières ! Un scénario apocalyptique qui doit bien effrayer les dirigeants dominicains et qui doit forcément les mettre du côté du peuple haïtien et pas du côté des dirigeants haïtiens et des affairistes étrangers et haïtiens qui se pourlèchent déjà les babines.

Gary Victor


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