Les heures, les mois, êtres divinisés, dont nous perdons le sens, mais dont nous continuons d’honorer la présence céans. Ressentant ou comprenant intuitivement la symbolique qui nous relie inconsciemment aux astres, nous frôlons les étoiles léans, nous accrochons l’espoir, nous sommes à l’image de la divinité, nous sommes la finalité de la création, nous sommes divins.
Des heures et des mois ont passé par l’an. Septembre, le septième naguère, le neuvième aujourd’hui survint. Septembre le vendangeur, mois figuré au signe zodiacal anthropologisé, le seul, vierge de toute intention, si ce n’est d’une détermination entêtante à s’élever vers les cieux, à la rencontre des Dieux, mais comme Icare, l’homme chute du haut de ses illusoires prétentions.
Septembre la vendangeuse, c’est ainsi que j’aime à la nommer, ce mois revêtant la pourpre et où le paysage se rubéfie au retour des corneilles craillant et des corbeaux criant, annonciateurs du froid.
Et je m’imagine en siècles décalés, sur un chemin cahoté, regardant des moines ventrus sous la bure ayant bombancé les jours et ripaillé les heures, le visage rubescent, titubant, s’entraidant pour avancer dans l’ivresse du soir et croisant à un bout de chemin, un bouvier barbu, sale, rustre aiguillonnant ses bœufs pour les faire avancer vers l'étable.
La scène se confond en siècles mythifiés, bergers, bergères, satyres et silènes avinés sur la trace envahissent la campagne vineuse. Silène sur un âne monté philosophe. Priape enferré dans ses pulsions obscènes, les nymphes ne lui cédant en rien. Le cortège parade, les jeunes crient, les femmes tambourinent, les cymbales sonnent, les flûtes sifflent, les ménades chantent, les bacchantes dansent. La horde frénétique se partage la coupe de Bacchus, Pan et Eros sont annexés, la folie règne, une religion naît, le culte orgiastique renaît.
Septembre l'odoriférant aux solennités enguirlandées de myrte ou festonnées de narcisse. Septembre la terreuse agréait l'offrande propitiatoire, le porc, la truie, la laie ; Septembre recevait aussi le bélier en holocauste. Septembre le moissonneur portant la gerbe de Cérès dont le romancier dépeint l'humeur : « Avant les labours d'hiver, la Beauce, à perte de vue, se couvrait de fumier, sous les ciels pâlis de septembre.
»
Septembre odore les couleurs, septembre redessine les odeurs, l’émotion est septembrale, je suis de septembre.
Tony Mardaye
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