Il reste un peu moins d’un jour avant la clôture des JO de Londres et pendant que les sportifs se disputent les derniers lots de médailles, les journalistes dressent le bilan préliminaire. Jeux chauvins, concours des annonceurs, échec économique, telles sont les réactions désobligeantes non seulement des touristes et des médias mais encore d’un bon nombre de Britanniques.
Londres est la première ville dans l’histoire ou les JO se tiennent pour la 3e fois. Les JO actuels devaient devenir les plus économiques, écologiques et sécurisés. En effet, le budget initial ne dépassait guère 4 milliards de livres mais finalement on a dépensé le double rien qu’en construction de sites et d’infrastructures. Le caractère écologique s’est également révélé être une fiction. Pendant la période préparatoire, les écolos n’avaient de cesse de reprocher aux autorités leur impréparation dans l’éventualité d’un smog et n’ont pas remarqué que le contrat pour la décoration du grand stade olympique a été remporté par la société impliquée dans la catastrophe de Bhopal en Inde. Plus de 18 mille personnes avaient alors péri à la suite d’un accident dans une usine chimique.
La sécurité des Jeux était assurée par presque 24 mille agents, soit le double du quota initial. Les toits des maisons de Londres se sont hérissés de canons de la DCA. Ces mesures ont permis d’éviter les attentats mais des milliers de londoniens ont préféré quitter la ville pour la durée des Jeux. Il y a eu pourtant des incidents, comme ce jet de bouteille qui a failli mettre en échec la course de sprinters avec la participation de Hussein Bolt. En revanche, un autre spectateur a souffert d’un excès de zèle. Comme il ne manifestait aucune émotion pendant les compétitions, le service de sécurité a jugé bon de le retenir pendant plusieurs heures. On a appris plus tard que l’homme était atteint de maladie de Parkinson et ne pouvait pas rire ou crier bien fort. L’excès de vigilance a également joué un mauvais tour au champion olympique du lancer du disque Robert Harting. On lui a subtilisé sa carte d’accréditation sous la barbe de nombreux policiers et le sportif était obligé de dormir à la gare. A propos, le régime de sécurité spécial était également appliqué en dehors du village olympique ce qui compliquait fortement le travail et la vie, - a raconté le journaliste Andreï Mitkov dans son interview à notre radio :
Le parc olympique de Londres donnait une impression sinistre en comparaison de Pékin. Si en Chine on pouvait se déplacer librement entre les sites olympiques, il y avait une foule de gens et on pouvait profiter pleinement de la fête, c’était tout le contraire à Londres. On avait même l’impression que ces JO étaient pour la Grande Bretagne le dernier grand évènement vraiment positif dans son histoire.
Les étrangers ne sont pas seuls à pointer du doit l’excès du patriotisme. Le chanteur Morrisey de rayonnement international a baptisé les Jeux de chauvins. L’ex-vocaliste du groupe The Smiths avait écrit dans sa lettre ouverte qu’il était indigné par les débordements d’un patriotisme de clocher. On avait l’impression que l’esprit d’une Allemagne de 1939 planait au-dessus de la Grande Bretagne scandant Team Great Britain. De surcroît, Londres était positionné comme une marque destinée aux riches au moment ou le reste du pays souffre des licenciements et des catastrophes économiques, - note le chanteur.
En même temps, les échecs commerciaux ont fait du tort à Londres parce que, contrairement aux prévisions, les JO ont dissuadé les touristes. Les propriétaires d’hôtels et de restaurants ont été les premiers à encaisser le coup mais d’autres secteurs d’activité n’ont pas été épargnés non plus, a raconté à la Voix de la Russie Chantal, la barmaid dans un pub londonien.
Les affaires marchent mal depuis le début des JO et je ne constate un début de reprise que depuis 3 ou 4 jours. De nombreux employés ont été invités à travailler à distance ou envoyés en congé et la ville s’est vidée. Il n’y avait pas du tout de clients pendant la première semaine et la ville paraissait morte. Il y avait un tel tapage autour des JO et des problèmes de transport que de nombreux clients m’ont dit qu’ils voulaient partir pour ne pas voir cette frénésie.
Mais c’est le scandale des billets qui a porté le plus grand ombrage aux JO. Les compétitions sur les sites olympiques coûteux se déroulaient dvant les tribunes quasiment vides parce que les revendeurs ont acheté plus de 250 mille billets. Étaient également vides les places réservées aux sélections nationales. C’est ainsi que le CNO français n’a commencé à vendre son quota qu’il y a deux jours, c’est-à-dire tout à la fin des compétitions.
Il y a eu aussi des scandales d’arbitrage et le sort de plusieurs médailles se décidait à coups de protestations et de réclamations, le fait que ne s’est jamais produit jusqu’ici. Les designers et les psychologues discutent de la bavure commise par les concepteurs du style olympique londonien. La couleur rose qui signale à Londres tout ce qui a rapport aux JO est plus que la marque d’un mauvais goût, affirment les spécialistes. Elle tapait sur la psychique et empêchait de se concentrer et des sportifs s’en sont déjà plaints. Le dernier scandale a éclaté le 8 août, quand les autorités britanniques ont fermé à cause des factures impayées le pavillon olympique africain construit grâce aux fonds collectés par 53 pays du continent. En plus d’expositions, on y célébrait les victoires des sportifs et organisait des réceptions de délégations. Les amphitryons des JO sont allés trop vite en besogne croyant sans doute que les athlètes africains n’allait plus remporter aucune médaille en deux jours restants.
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