Encore une fois, l’Arabie saoudite vient d’allumer la fibre du dégoût. Oui, du dégoût !
Car, une fois encore, les mâles grognards du ministère de la Justice (sic) ont confirmé, à leur manière toujours violente, que le statut de la femme doit demeurer celui de l’apartheid. Le pire, c’est que le reste du monde demeure coi, là où il s’insurgeait contre celui imposé, en son temps, en Afrique du Sud.
L'amorce du sujet est tellement horrible qu’on aurait envie d’ordonner un interdit aux moins de 18 ans ou aux coeurs sensibles. Car il y a amplement matière à être objectivement, et non subjectivement, on insiste, habité par le profond dégoût. De quoi s’agit-il ? Un homme qui a violé et tué sa fille de cinq ans, en novembre dernier, et non, en novembre 2005 ou 2008, a été libéré avant-hier.
Il en a été ainsi, parce qu’il a convenu de payer le prix du sang, soit 60.000 $, pour le meurtre d’une gamine, dont il avait la garde, la mère présentant deux défauts d’inhumanité : elle était femme et, qui plus est, égyptienne. Bref, elle était inférieure et appartenait à la classe du vulgum pecus. Fait à noter : les aspérités, pour rester pondéré, liées au sexe des individus étant ce qu’elles sont, si la victime avait été un garçon, le prix du sang aurait été le double. Ce n’est pas tout.
Si cet assassin, qui a violenté un enfant, en puisant dans l’inventaire de l’effroyable, est libre comme l’air, c’est qu’il occupe une place singulière et enviée au royaume de l’absolutisme : il prêche le Coran et toutes les fariboles de la fiction religieuse à la télévision. Quoi d’autre ? C’est un homme. C’est un être supérieur. À preuve…
À preuve, le faux-semblant politique dont le roi a fait usage, l’an dernier. L’histoire est la suivante : il décide d’accorder aux femmes le droit de se présenter et de voter aux élections municipales à une condition. Laquelle ? Elles doivent obtenir l’autorisation du mâle de la famille. Parlant de ce dernier, ou plus exactement de l’un d’entre eux qui fait fonction d’imam, voilà qu’il vient de composer une fatwa stipulant que les filles doivent revêtir le voile intégral après leur naissance.
Si les femmes subissent l’apartheid, il n’est pas exagéré de dire que la grande majorité des travailleurs immigrés subissent bien des stigmates de l’esclavagisme. Surtout les ouvriers, d’autant plus nombreux - 8,5 millions, pour 19 millions de Saoudiens - que les Saoudiens jugent bien de ces emplois indignes d’eux. Toujours est-il qu’on ne compte plus les reportages relatant la confiscation des passeports de ces ouvriers, l’incroyable promiscuité et les conditions misérables dans lesquelles ils vivent, etc. Et dire que bien des professionnels occidentaux - des architectes et des designers français, des ingénieurs américains et néerlandais, ou des docteurs, comme Philippe Couillard - conseillent, travaillent ou soutiennent les potentats de ce régime dont ils connaissent fort bien les tares évoquées plus haut.
On dit cela parce qu’on se souvient fort bien que, lorsque les Noirs de l’Afrique du Sud subissaient l’apartheid, ceux, parmi les étrangers, qui «collaboraient» au régime étaient montrés du doigt. On se souvient que des artistes, surtout, les chanteurs, montaient aux barricades. On se souvient que ça «pétitionnait» à tous vents. On se souvient de la régularité avec laquelle les manifestations étaient organisées. On se souvient, enfin, que le Président Jimmy Carter était allé jusqu’à composer une politique de boycottage de l’Afrique du Sud.
Mais là, rien, silence radio. La classe dirigeante de ce pays se comporte comme d’autres se sont comportés aux pires moments des totalitarismes européens. Mais bon, ça passe. Un esprit court rétorquera que c’est à cause du pétrole et tutti quanti. En fait, il en est ainsi, parce qu’on vit à l’ère de l’éthique élastique, à l’ère du déséquilibre sidéral entre les droits et les devoirs. Et cela est grave, très grave.
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