Les différentes parutions médias, qui ont parlé de la manifestation qui s’est déroulée ce samedi 22 février 2014, contre l'aéroport de Notre Dame des Landes ne se sont guère embarrassées à évoquer l’aspect de la contestation ferme mais pacifique de la manifestation.
Alors dans cette profusion d’informations orientées et partiales, rétablissons un peu le cours des événements et faisons en le récit que la presse mainstream n'a pas fait.
Etant sous la menace à tout instant du début des travaux pour la construction de l’aéroport à Notre Dame des Landes, un appel à manifester avait été lancé ce samedi du 22 février 2014.
Depuis sa présentation ce projet est en bute à une forte hostilité et à une grande impopularité de la part des Français. Ce projet est perçu comme la mise en oeuvre d’un désastre environnemental conséquent, qui détruira l’ensemble des écosystèmes locaux et leur riche biodiversité, puis cela sera une source de pollution conséquente.
Cette construction démesurée aux coûts faramineux, nécessitera que l’Etat effectue un grand nombre d’expulsions et d’expropriations paysannes.
Aussi sous la menace imminente du début des travaux confiés aux multinationales tels Vinci et Areva, la manifestation de ce week-end a été organisée pour envoyer un message significatif au gouvernement.
La contestation s’est structurée de façon pratique en amont des défilés, des initiatives citoyennes de covoiturages se sont démultipliées, de très nombreuses offres d’hébergement solidaires chez l’habitant étaient proposées à ceux venant de loin, ainsi face à la très forte participation qui se profilait, depuis la veille ainsi que toute la matinée du samedi les forces gouvernementales ont joué la carte de la défiance et de la menace.
Il se trouve que les autorités préfectorales par voie de presse ont fait planer la menace d’interdire la manifestation pour risque de troubles à l’ordre public, afin de faire rebrousser chemin les nombreux manifestants en route pour Nantes.
Anticipant ces menaces les paysans de la confédération paysanne avaient commencé à prendre possession de la ville dans la nuit avec leurs tracteurs, au total ce fut 520 tracteurs à être venus des régions limitrophes et de plus loin aussi, certains venant du Poitou-Charentes.
Peu après 13h30, nous avons vu une foule dense qui se déplaçait dans un climat bon-enfant, entre amis, en famille avec les enfants, entre organisations syndicales et politiques, tous ont emboîté le pas du cortège ralliés aux mots d’ordre de la manifestation : « ni travaux, ni expulsions ».
En effet, la très forte opposition à la construction de l’aéroport de tous les maux était visible sur les pancartes, sur les tenues des manifestants mais également sur l’eau où des fanions anti-aéroports ont été plantés, des signes de contestation dans les airs aussi puisque dans un arbre en plein centre-ville une cabane a été montée et sur laquelle était hissée un même fanion a été montée par un manifestant plus que téméraire au vu de la hauteur de l’arbre.
La résistance accrue s’est exprimée de façons diverses et variées dans la ville, sur les façades de murs, les trottoirs, les arbres, les portails de maison, enfin partout où cela était possible et tout au long du cortège nous avons pu mesurer l’ampleur de cette résistance forte bretonne. La contestation a été créatrice et inventive avec dans le défilés des salamandres, des tritons géants et des costumes ou masques d'animaux en papier mâché marquant le refus de la destruction des espèces protégées. Certaines tenues des manifestants étaient de véritables créations artistiques. Nous avons vu des troubadours engagés à l’ironie surprenante, où faisant mine d’être des incarnations du capital prédateur, ils ont joué des scénettes et entonnés des chants destinés à éveiller les consciences des moins convaincus.
Des musiciens de cornemuse et des groupes musicaux de rue, des batukadas ont rendu festif les cortèges dans un climat pacifique et très bon enfant.
Pour autant la détermination n’en était pas moins absente, les mots sur les pancartes étaient claquants, sans équivoque.
Fait extraordinaire et notable sur les murs des mots ont été tagués, y compris sur des banques, ce qui en soit est un tour de force car en France ne serait-ce que griffonner à la craie lavable à l’eau sur le mur d’une banque, ou voire écrire sur un mur une inscription incriminant une banque, vous vaut le panier à salade et direction le poste de police le plus proche.
La finance et le grand Capital ont été ciblés dans les slogans, ainsi que Vinci qui a été conspué copieusement a grand coup de « Vinci dégage» !
C’est dit, message envoyé, pacifiquement mais fermement, et cela même si les médias ont opté de focaliser leur traitement de l’information exclusivement sur les heurts en marge de la manifestation !
Emmanuelle Bramban
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