Une descendante d'africains déportés et rendus esclaves, du nom de Mme Joëlle URSULL a osé avec dignité, fierté, estime de soi et en toute humanité exiger des excuses de Mr le Président de la République française, Mr François HOLLANDE, pour avoir publiquement déclaré en ce mois de février 2015, que la « Shoah est le plus grand crime et le plus grand génocide jamais connu ».
Elle a raison, et je suis fier d’elle. Le MIR dont je suis le président est également solidaire de sa prise de position.
Elle a raison, car dans les propos de Mr le président de la République il y a 2 choses condamnables ; d’abord une hiérarchisation des crimes contre l’humanité, donc des souffrances, ensuite une logique qui consiste à ignorer tous les autres crimes commis avant la Shoah et qui concernaient les populations non blanches.
Et c’est dans cette logique et cette même démarche de hiérarchisation que vous vous inscrivez, malheureusement, Mme Georges Pau Langevin quand en réponse à Mme Joëlle Ursull, vous déclarez « ceux qui sont allés chercher les esclaves en Afrique pour travailler dans les exploitations ne voulaient pas les exterminer ; ils voulaient les faire travailler gratuitement ».
Par conséquent on ne peut pas parler de génocide pour l’esclavage car dites-vous, du point de vue du droit le terme génocide a un usage particulier.
Voila donc Mme PAU Langevin qui nous entraîne dans la sémantique du droit pour nous faire comprendre ce qu’ont déjà écrit les négationnistes et les partisans de la colonisation positive bien avant vous ; à savoir que le terme génocide qui parait en 1944 pour tenter de définir les crimes perpétués par le nazisme à l’encontre des peuples juifs, slaves et tsiganes durant la 2ème guerre mondiale ne peut être utilisé pour les crimes antérieurs à celles –ci et concernant les peuples non blancs.
La vérité est telle qu’on va élargir ce terme génocide au peuple Arménien, victime de l’empire Ottoman durant la 1ère guerre mondiale et aux Assyriens victimes en Irak en 1933.
Voila donc Mme Pau Langevin, afro-descendante vous-même, de quelle source vous vous inspirez pour ramener la vérité à des raccourcis et à des parcellisations de l’Histoire de l’Humanité.
Comment Mme Pau Langevin pouvez vous être choquée des propos de Mme Ursull quand celle-ci s’exprime donc à partir d’une lecture globale et refondée de l’histoire de l’humanité ?
Comment Mme Pau Langevin pouvez vous admettre que Mr le Président de la République Française accepte à juste titre, d’indemniser tous les juifs français vivant aux états unis, ainsi que leurs descendants, pour avoir été transportés dans les camps de concentration par la SNCF durant la 2ème guerre mondiale et que deux années avant, le 10 mai 2012, ce même Président déclare publiquement que le » crime contre l’humanité lié à l’extermination amérindienne, l’esclavage et la traite négrière est irréparable » ?
Mme la Ministre ne pensez–vous pas que, au nom de l’histoire et de la vérité, Mr Hollande, Président de la république française aurait dû appliquer le principe d’égalité de traitement à tous les crimes contre l’humanité auxquels a participé l’Etat français ?
En refusant de le faire, ne pensez-vous pas qu’il contribue à renforcer toute démarche de hiérarchisation des crimes, donc des souffrances et sans doute des ethnies ?
N’est-ce pas tout cela qu’a voulu exprimer sans haine et sans violence Mme Joëlle Ursull ?
Sachez qu’il y a peut être des millions de Joëlle Ursull qui n’osent pas s’exprimer et qui n’en pensent pas moins.
Ce sont ces mémoires mille et mille fois blessées que vous refusez de prendre en compte quand elles vous interpellent et qui un jour pourront s’insurger violemment.
Et puis Mme la ministre, était-il opportun et nécessaire que vous vous exprimiez de la sorte, avant Mr Hollande qui a été directement interpellé ?
Cet empressement à remplacer l’autre quand il est embarrassé nous renvoie à des périodes tristes de notre histoire quand le maitre, par mépris et inhumanité, demandait à une négresse de service de répondre et d'agir à sa place.
Puisqu’il en est ainsi, sachez Mme la Ministre que votre réponse à Mme Joëlle Ursull nous paraît insensée, parcellaire donc partiale et dangereuse.
Vous devriez vous rappeler et rappeler aux autres que l’extermination génocidaire des amérindiens et l’esclavage ont été des actes criminels concomitants.
D’autre part l’esclavage et la traite transatlantique donc déportation, ont été appliqués à des africains jeunes, adultes et enfants de façon violente et génocidaire tant sur le continent africain que sur le continent américain.
Enfin dans la déportation de femmes et des enfants il y a eu bien une volonté de détruire des êtres humains pour faire disparaitre leur peuples et cultures.
Aucune argumentation juridique ne peut venir contredire cette logique de double génocide que furent l’extermination amérindienne et la déportation des Africains vers le Amériques.
Ce faisant, Mme Pau Langevin, ministre de la république française, par votre prise de position : vous avez trahi votre Maitre à penser, l’avocat Marcel Manville qui en 1992 , lors d’un procès mémorable à Fort de France, a exigé la condamnation de Christophe Colomb et demandé réparation pour les crimes commis pendant la période abominable de l’esclavage.
Vous avez trahi la pensée d’Aimé Césaire dont vous vous réclamez souvent en brandissant le « Discours sur le colonialisme ».
Cependant, vous avez foulé aux pieds « les damnées de la terre » en qui, Antênor Firmin et Fanon ont mis leur espoir pour contribuer à faire de notre planète un monde de paix et de pleine humanité.
Vous avez, comme les magistrats de la cour de cassation tenté de priver la loi Taubira de sa portée normative pour lui attribuer tout simplement un rôle mémoriel.
Vous êtes donc condamnable pour négationnisme, incitation à hiérarchisation des crimes contre l’humanité, et apologie de la déportation. L’histoire ne vous pardonnera pas d’avoir renié vos origines et vos pères spirituels.
Je vous invite donc à vous rattraper en incitant le Président de la République françaises et ses ministres à ouvrir avant le mois de mai 2015 le débat sur les réparations telles qu’elles devaient être incluses dans la loi Taubira.
Martinique Caraïbe le 07 février 2015
Garcin Garcin Malsa
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