« La première chose que l'indigène apprend, c'est à rester à sa place, à ne pas dépasser les limites. C'est pourquoi les rêves de l'indigène sont des rêves musculaires, des rêves d'action, des rêves agressifs. Je rêve que je saute, que je nage, que je cours, que je grimpe. Je rêve que j'éclate de rire, que je franchis le fleuve d'une enjambée, que je suis poursuivi par des meutes de voitures qui n...e me rattrapent jamais. [...]Cette agressivité sédimentée dans ses muscles, le colonisé va la manifester d'abord contre les siens. C'est la période où les nègres se bouffent entre eux et où les policiers, les juges d'instruction ne savent plus où donner de la tête [...]Dans ses muscles, le colonisé est toujours en attente. […] Le colonisé est un persécuté qui rêve en permanence de devenir persécuteur. […] La tension musculaire du colonisé se libère périodiquement dans des explosions sanguinaires: luttes tribales, luttes de çofs, luttes entre individus. [...] Autodestruction collective très concrète dans les luttes tribales, telle est donc l'une des voies par où se libère la tension musculaire du colonisé. »
Frantz Fanon
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