L’Arabie saoudite et le Qatar vivent des moments difficiles. En effet, la défaite de leur projet en Syrie place les dirigeants des deux pétromonarchies dans des situations embarrassantes. Et il semble que pour compenser leurs pertes considérables en Syrie, ils projettent de s’en prendre au Liban et à l’Irak.
Les dirigeants saoudiens et qataris sont très inquiets des nouveaux rapports de force qui naitront sur la scène arabe de la victoire du président Bachar al-Assad dans la guerre mondiale qui a été lancée contre lui. Cette victoire s’illustre dans le repli des Etats-Unis, qui ne supporte aucune interprétation, et qui a constitué une gifle sans précédent dont la douleur est décuplée par la mutation constitutionnelle et politique en cours en Syrie après l’adoption des réformes. La suprématie de la Syrie sera consacrée non seulement par sa transformation en démocratie authentique, mais aussi par le fait qu’elle reste le seul pays arabe à soutenir officiellement la Résistance à Israël, et disposant d’un réseau d’alliances régionales et internationales. Une position qui a enragé les monarques du pétrole qui cherchaient une occasion pour rendre publiques les relations qu’ils entretiennent secrètement avec l’Etat hébreu depuis des décennies, et proclamer la constitution d’une alliance contre l’Iran.
La victoire du président Assad est comme un coup de massue sur la tête pour les dirigeants de Riyad et de Doha qui ont dépensé, selon des experts, quelque 30 milliards de dollars pour armer, entrainer et financer les gangs terroristes en Syrie et pour acheter des positions régionales et internationales soutenant la guerre déclenchée contre Damas.
L’autre vertu qui provoque la colère des dynasties des Séoud et des Thani est le fait que les réformes engagées par Bachar al-Assad vont transformer la Syrie en modèle de démocratie qui tranchera avec les systèmes tyranniques et absolutistes qui gèrent leurs pétromonarchies. La tentative a échoué de désigner le Conseil de coopération du Golfe "dirigeant de la Révolution arabe" et organe de tutelle servant les intérêts israélo-américains au Moyen-Orient.
Les indices matériels et politiques montrent que les dirigeants du Golfe veulent réactiver un plan de sabotage à grande échelle contre le Liban et l’Irak pour compenser leurs pertes en Syrie. Ce plan s’inscrit dans le cadre des directives israélo-américaines visant à empêcher que l’axe Iran-Irak-Syrie-Liban se transforme en système régional hostile aux Etats-Unis et à Israël. Le but est d’empêcher une continuité géographique, une coopération politique et une complémentarité économique entre ces Etats, ou du moins de l’entraver. Car une telle alliance inaugurerait une transformation stratégique régionale vécue comme un cauchemar par l’Etat hébreu et le Golfe.
Dans le cadre de ce plan, des groupes takfiristes sont réactivés en Irak, de même que les discours communautaires dans ce pays. L’escalade des attentats terroristes ces derniers temps et l’exacerbation des discours extrémistes appelant au partage de l’Irak en entités fédérales, illustrent ce plan.
Au Liban, le plan consiste à rassembler les gangs terroristes, à leur créer des camps, et des chambres d’opérations, pour les transformer en forces combattantes, dirigées par le Courant du Futur et des Forces libanaises. Ce plan a été accéléré après que le pouvoir syrien ait franchi une étape importante sur la voie de la stabilisation sécuritaire dans le pays.
Les experts s’attendent à l’échec du plan saoudo-qatari. Surtout que le royaume wahhabite est confronté à une échéance interne difficile qui le contraindrait à retourner toute son énergie vers l’intérieur. Mais le plan se poursuit et s’articule autour de deux axes :
- Rassembler les groupuscules takfiristes et salafistes dans un cadre unique.
- Réintégrer Walid Joumblatt dans la coalition du 14-Mars, afin de torpiller la majorité actuelle.
Le timing du revirement de Joumblatt sera décidé par l’Arabie saoudite, qui l’a informé que la réconciliation avec le prince Mokren, chef du service de renseignements saoudiens, et le retour du financement saoudien, dépendent de son revirement total. Le leader druze a été informé que ses injures contre la Syrie et son président, et ses appels à la sédition aux druzes syrien, ne sont pas suffisants pour lui faire réintégrer les rangs du 14-Mars. Pour retrouver les faveurs et les dollars saoudiens, Joumblatt doit redevenir l’ennemi de la Résistance.
New Orient News (Liban)
Rédacteur en chef : Pierre Khalaf
Tendances de l’Orient - Lundi 26 Mars 2012 no76
Bulletin hebdomadaire d’information et d’analyse, spécialisé dans les affaires de l’Orient arabe.
Préparé et diffusé par Le Centre d’Etudes Stratégiques Arabes et Internationales neworientnews.com
Rédacteur en chef : Pierre Khalaf
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