Des parents d'élèves ont reçu un SMS
leur disant que l’éducation sexuelle et la masturbation serait au
programme à la maternelle cette année, et voilà que des parents
affolés ont pratiqué un boycott, en soustrayant leurs enfants de
l'école pour une journée en guise de protestation. Une manière
originale de marquer leur désaccord, une démarche qu'ils devraient
renouveler une fois par mois, si on se réfère au fameux SMS.
Le ministre de l'éducation nationale
Vincent Peillon dément , indiquant qu'il s'agit d'allégations non
fondées, de fausses rumeurs. La presse se fait le relais du
ministre, abonde dans son sens, localise la source de cet SMS comme
provenant d'un collectif proche de l’extrême droite.
La population est rassurée, tout
rentre dans l'ordre, ce n'était qu'une rumeur, comme en circule
sur le net.
Sauf que nous croyons fermement
qu'il s'agit d'un rétropédalage ministériel à la veille
d'élection municipales et européennes, encore un, un de plus me
direz-vous., car les faits sont là, la théorie du genre est
d’actualité en France, notamment pour le gouvernement et
l'éducation nationale.
RAPPEL DES FAITS AVEC LES ÉLÉMENTS DE
RÉFÉRENCES SUR LES TENTATIVES D’INTRODUCTION DE LA THEORIE DU
GENRE FAITES EN FRANCE
- En plein débat sur la loi du mariage
pour tous, le 24 janvier 2013 l'amendement N° 2783 présenté par
M. de Courson en article additionnel suite à l'article 23 de la
loi, a été remis au gouvernement en faisant un état des lieux de
l’application de la théorie du gender en France. La conclusion de
cet amendement mettait en garde le gouvernement, stipulant que toute
tentative de statuer sur les théories du genre en France sans en
référer à la population serait vouée à l'échec.
Ce qui est un indicateur informant que
la question a bien été mise à l'ordre du jour des préoccupations
gouvernementales.
- En juin 2013, au moment du vote de la
loi de la refondation de l'école, un amendement déposé en première
lecture par la députée du PS Somaruga voulait « substituer
à des catégories comme le sexe ou les différences sexuelles, qui
renvoient à la biologie, le concept de genre qui lui montre que les
différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur
la nature, mais sont historiquement construites et socialement
reproduites » :
http://www.dailymotion.com/video/xy2pjv_amendement-introduisant-la-theorie-du-genre-a-l-ecole-elementaire_news
Suite à cela, une pétition initiée
par Olivier Vial le président de l’Observatoire de la théorie du
genre, proche des anti-mariages gay, a circulé et au vu des 300 000
signatures récoltées contre cet amendement celui-ci a été retiré.
Puis, la député écologiste Barbara
Pompili est revenue à la charge, proposant elle aussi un amendement
sur la théorie du genre et tout comme celui de la député Somaruga
pour les mêmes raison il a été retiré.
Articles de presse sur ces faits :
Après ces deux tentatives et les
réactions bruyantes qu'elles ont suscitées, le ministre Vincent
Peillon a battu en retraite en ne soutenant pas les amendements en
question, et déclarant que dans la loi ne figurerait pas la
théorie du genre, qu'il ne serait question que de l'égalité
homme-femme. Le ministre a joué la carte de l'apaisement.
Puis, avant la rentrée de septembre
2013, un galop d'essai a été lancé par le syndicat enseignant le
SNUIPP qui dans son catalogue-boite à outils destiné aux
enseignants (et non aux élèves) a proposé que figure dans sa
liste de livres des ouvrages conseillés pour parler de la lutte
contre le sexisme et l'homophobie au CP et CE1, un livre qui a fait
beaucoup parlé de lui à savoir "Papa porte une robe"
.
Ce livre était mentionné parmi d'autres ouvrages, mais l'attention a été focalisée sur celui-ci en particulier, ce catalogue pluraliste est consultable sur le site du SNUIPP (http://www.snuipp.fr/IMG/pdf/document_telechargeable-2013-30-05.pdf
).
En effet, en conformité avec les
textes réglementaires ces ouvrages s’adressent à la formation des
enseignants ne sont donc pas voués à se retrouver directement dans
les mains des écoliers, mais rien ne peut dans l'absolu l’empêcher.
Cela étant au vu du tollé généré à la rentrée de septembre
2013 à ce jour aucun de ces ouvrages ne sembleraient être dans les
bibliothèques des écoles primaires.
Les récents éléments qui sont à
l’origine de l'affolement actuel des parents est un rapport de
l'OMS qui a été traduit en français au mois de décembre et qui
dans sa boite à outils d’évaluation sur la santé sexuelle des
enfants fait effectivement état de la masturbation des enfants ainsi
que des références à la théorie du genre.
(http://www.lesobservateurs.ch/wp-content/uploads/2013/09/Standards-OMS_fr.pdf
)
A ce sujet, la presse dans les articles
du jour n’évoque pas son contenu pourtant explicite.
Ce qu'il faut savoir pour la France,
depuis la circulaire ministérielle N°2003-027 DU 17-2-2003 datant
de 2003, que l'éducation à la sexualité fait partie des contenus
éducatifs à l'école primaire et secondaire sous forme de 3 séances
durant l'année scolaire.
Le but étant de gommer les
comportements de violence et de discriminations en matière de
sexualité. Ainsi la lutte contre l'homophobie est un engagement du
ministère de l’Éducation Nationale, plus encore depuis la loi
Taubira pour le mariage pour tous.
(http://www.education.gouv.fr/cid27781/lutte-contre-homophobie.html
)
Ensuite, une partie des grilles du
rapport de l'OMS sont utilisées dans les grilles de savoirs
pédagogiques dans l'apprentissage à la sexualité (exemple avec ce
document consultable sur le site de l’académie de Grenoble:
http://www.ac-grenoble.fr/savoie/pedagogie/docs_pedas/sexualite_ecole/pdf/obj_cycles.pdf?PHPSESSID=08660e43a93f1a77c71cb60215c65163)
Ainsi les déclarations actuelles de
Vincent Peillon et son nouveau démenti , ne sont en fait qu'un
énième rétropédalage sur l'introduction de la théorie du genre à
l'école primaire.
Parler de rumeurs est tout de même un
peu fort de café, puisque tous les éléments factuels sont
vérifiables aisément, les textes parlementaires, les rapports du
ministère, les rapports internationaux, tout cela est publié et en
accès libre.
Par ailleurs, remarquons que l'action
de boycott des parents contre l'école a été un levier ayant fait
bouger une ligne sur le sujet, et que chaque mobilisation parentale à
son poids, cela montre surtout que le gouvernement sur cette
thématique du genre n'a pas les coudées franches, qu'il est sous
étroite surveillance.
Sans doute est-ce aussi pour cela que
le ministre a demandé aujourd’hui que les parents n'ayant pas mis
leurs enfants à l’école soient convoqués.
Toutefois, la presse
meanstream sur le sujet dans sa globalité fait un travail de
complaisance en ne menant pas une investigation objective, elle est
comme atteint du syndrome de panurgisme.
Désinformer la population n'aidera
pas, ni à désarmer les opposants, ni à calmer les choses, car il
faudrait faire plutôt faire comprendre au gouvernement que sur cette
question en France, louvoyer d’avant en arrière et vouloir « la
jouer en douce » ce n'est pas une méthode à employer sur ce
sujet, car il est évident que les parents ne se laisseront pas
faire, ni introduire dans la tête de leurs rejetons ces
problématiques qui ne sont pas de leur âge.
Dans ces temps d'inversion des valeurs,
sans entrer dans des excès trop passionnés ou bellicistes la seule
chose qui prévaut et prévaudra toujours est la vigilance des
parents et le bon sens des uns et des autres.
Espérons que le gouvernement ne
cherchera pas la confrontation avec les parents, que les convocations
des parents souhaitées par le ministre Peillon ne seront pas placée
sous l’angle répressif, car sur ce terrain miné cela mettra
probablement le feu aux poudres et entraînera sans doutes des
aspirations de divorce définitifs avec l’école de la République
et grosses manifestations.
Emmanuelle Bramban
29/01/13
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