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lundi 11 janvier 2010
Outre-mer
Le paradoxe peut paraître déroutant. Il y a un an exactement, s'ouvrait, en Guadeloupe, avant de s'étendre à la Martinique et à la Guyane, une des plus longues crises sociales qu'ait connues l'outre-mer : 44 jours de grève, de blocage et de tensions, ponctués en Guadeloupe par des incidents à l'origine de la mort d'un syndicaliste. Pour apaiser les esprits, Paris avait changé de ministre, ouvert des Etats généraux sur l'avenir de ces territoires lointains de la République et décidé d'organiser des référendums locaux sur le renforcement de leur autonomie statutaire.
C'est cette perspective que Guyanais et Martiniquais viennent d'écarter nettement. Lors des deux consultations organisées le 10 janvier, 69,8 % des premiers et 78,9 % des seconds ont répondu non à une plus grande autonomie. La crainte de se voir "largués" par la métropole et de perdre dans une évolution incertaine aides et soutiens nationaux et européens les a conduits à préférer le statu quo.
Cette réaction traduit une double défiance. A l'égard de Paris, tout d'abord. Nicolas Sarkozy a certes observé une grande neutralité et il a pris acte de la "réponse claire" des deux consultations, qui "traduit l'attachement à un statut qui soit proche de celui des collectivités de métropole". Il n'empêche : lors de son déplacement aux Antilles, le 26 juin 2009, le président de la République avait vivement encouragé ces consultations, en invoquant la nécessité de changer de statut.
A l'égard des élus locaux, ensuite. En Guyane comme en Martinique, les présidents de conseils régionaux et les principaux élus (de gauche) avaient appelé à voter oui au changement de statut, qu'ils appelaient de leurs voeux. Ils n'ont pas été suivis. Pour les populations, à l'évidence, de tels ajustements institutionnels ne répondent pas aux injustices et aux inégalités profondes qui continuent à miner ces territoires ultramarins - la "profitation" dénoncée par le LKP guadeloupéen - et à la crise économique, sociale et identitaire qu'elles nourrissent.
Au bout du compte, ces référendums risquent donc d'accroître confusion et frustrations. La précipitation avec laquelle ces consultations ont été organisées, deux mois avant les élections régionales, leur a donné des allures de manoeuvre politique. Dès lors que l'UMP préconisait le maintien du statu quo institutionnel, la victoire du "non" dans ces deux référendums risque de déstabiliser les élus locaux. L'outre-mer est en droit d'attendre des réponses moins politiciennes à ses problèmes.
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