vendredi 20 août 2010

Wyclef Jean n'est pas sur la liste des candidats à la présidentielle en Haïti


La star internationale du hip-hop Wyclef Jean n'a finalement pas obtenu l'autorisation d'être candidat à l'élection présidentielle en Haïti, a annoncé vendredi 20 août un membre du Conseil électoral provisoire du pays. "Il n'est pas sur la liste" a déclaré cette source à Reuters, en expliquant que la candidature de l'ancien membre des Fugees n'avait pas respecté certains critères légaux.
La liste définitive des candidats acceptés doit cependant être délivrée officiellement plus tard dans la journée de vendredi. La publication de cette liste, qui devait être connue mardi, a été reportée au dernier moment par le Conseil électoral provisoire (CEP), soupçonné de vouloir écarter certaines candidatures, dont celle du chanteur, très populaire en Haïti.

Wyclef Jean et une trentaine d'autres Haïtiens attendent depuis plusieurs semaines ce verdict des autorités électorales, pour savoir s'ils peuvent entrer dans la course à la succession de l'actuel président, René Préval. Le scrutin pour élire le prochain président d'Haïti, ravagé par le séisme du 12 janvier, est prévu le 28 novembre mais des doutes persistent sur la capacité des autorités à maintenir cette échéance.

RUMEURS DE MENACES CONTRE WYCLEF JEAN

Depuis son retour au pays la semaine dernière, le chanteur, qui a mis sa carrière en veilleuse pour briguer la présidence, ne s'est pas prononcé publiquement. Des rumeurs accusaient le pouvoir de chercher à évincer Wyclef Jean, l'un des candidats les plus populaires pour ces élections, pour non-respect de certains critères légaux, et des questions relatives au fisc américain, sa résidence principale étant située aux Etats-Unis.

L'entourage du chanteur évoque même des menaces de mort et de persécutions qui contraignent l'ex-membre des Fugees à rester reclus dans son fief de Croix-des-Bouquets, au nord de la capitale, Port-au-Prince. Jeudi, le chanteur avait été reçu par le président René Préval, mais rien n'a filtré de l'entretien. Wyclef Jean fait également face à des critiques, reprises dans les médias haïtiens, sur la gestion douteuse de sa fondation Yélé Haïti, mise sur pied pour venir en aide à ses compatriotes frappés ces dernières années par de nombreuses catastrophes naturelles.

Me Joël Petit-Homme, l'un des avocats de la star, avait affirmé qu'"aucune influence politique ne devrait empêcher M. Jean de briguer la présidence d'Haïti. (...) Nous avons prouvé qu'il possédait une résidence en Haïti, où il est en plus actionnaire majoritaire d'une chaîne de télévision. Ses déclarations fiscales aux Etats-Unis ne peuvent pas être traitées en Haïti".

"ON POURRAIT RIRE DE LA PLUPART DES CANDIDATS"

Outre Wyclef Jean, qui vit aux Etats-Unis, un autre chanteur populaire haïtien, Michel Martelly, s'est porté candidat, de même que l'ambassadeur d'Haïti à Washington, Raymond Joseph. Un ancien premier ministre de l'ex-président Jean-Bertrand Aristide s'est aussi enregistré.

Empêché par la Constitution de solliciter un nouveau mandat, René Préval n'a pas réussi à imposer à sa formation politique (Inite) son ex-premier ministre, Jacques-Edouard Alexis, qui est finalement soutenu par un autre parti.

"On pourrait rire de la plupart des candidats, les presque faillis, les corrompus notoires, les têtes à claques, les illuminés, les 'entertainers' [ceux qui font le spectacle], les grincheux et les bêtes de cirque..., mais se joue le destin d'un pays dont la majorité des citoyens n'a que trop souffert de l'injustice sociale", a réagi le journaliste et romancier Lyonel Trouillot, connu pour ses critiques contre le gouvernement actuel.


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