Rama Yade a été nommée mercredi en conseil des ministres ambassadrice, déléguée permanente de la France auprès de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco).
«Une fonction merveilleuse» qui lui irait «comme un gant», avait estimé Nicolas Sarkozy. A tel point que Rama Yade en a été la première surprise. L'ancienne secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme puis aux Sports a été nommée mercredi en conseil des ministres ambassadrice, déléguée permanente de la France auprès de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). La jeune femme de 34 ans succède à ce poste à Catherine Colonna, porte-parole de l'Elysée sous Jacques Chirac. Ecartée du gouvernement lors du remaniement du 14 novembre, Rama Yade a annoncé la semaine passée son ralliement au Parti radical de l'ancien ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, lui aussi sortant ; non sans critiquer, au passage, l’agenda politique de l’UMP.
Selon «Le Figaro», le président de la République pensait à cette nomination depuis la mi-décembre, évoquant ainsi cette place «merveilleuse» devant l’équipe dirigeante de l’UMP. Rama Yade, elle, ne s’y attendait pas et avait même trouvé récemment un emploi dans le secteur privé, comme elle l’a expliqué à RTL. «Ambassadeur à l'Unesco à 34 ans, c'est énorme !», s’est-elle étonnée à la radio, estimant qu’elle n’aurait pas pu trouver mieux. Rama Yade ne s’y est d’ailleurs pas trompée, et a assuré ne pas avoir envisagé une seconde de décliner l’offre du président. «J'ai senti que j'avais épuisé mon stock», a-t-elle expliqué, sous-entendant ainsi qu’elle ne pouvait plus se permettre ses fameuses incartades qui avaient tant énervé Nicolas Sarkozy – et qui ont probablement provoqué son éviction du nouveau gouvernement.
La critique Rama Yade, meilleure alliée de Sarkozy ?
Car celle qui s’affirmait comme «l’anomalie statistique» (en tant que jeune femme noire) parmi les ministres, profitant de sa forte popularité, n’a jamais gardé la langue dans sa poche. «Je me retrouve avec la journée des droits de l’Homme sur les bras et Khadafi sur le tarmac », aurait-elle ironisé lors de la venue du général libyen à Paris - ce qui lui a valu une nomination Prix press-club humour et politique en 2009. Juste avant son départ du poste de secrétaire d’état aux Sports, elle était revenue, critique, sur le controversé discours de Dakar de 2007, dans lequel Nicolas Sarkozy avait invité «l'Homme africain» à «entrer davantage dans l'histoire».
Pourquoi alors, après qu’elle l’a tant indisposé, Nicolas Sarkozy lui a-t-il proposé un poste aussi prestigieux, qui, du propre aveu de Rama Yade, concerne «ses sujets de prédilection : éducation, droits de l'homme, culture… » ? La semaine dernière encore, alors qu’elle annonce son ralliement au grand amer du remaniement après que Matignon lui a passé sous le nez, Rama Yade s’est vertement attaqué à la stratégie prônée par le nouveau patron de l'UMP, Jean-François Copé, pour faire échec au Front national, en focalisant notamment le débat sur l’immigration et la sécurité. Une tactique lancée avec fracas par le président lui-même lors de son discours à Grenoble pendant l’été, et mise en action depuis, avec beaucoup de zèle, par son ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux.
Peut-être Nicolas Sarkozy cherche-t-il à ménager une «aile gauche à droite», selon le mot de Rama Yade pour définir le Parti radical. Une droite plus proche du centre aujourd’hui incarnée par la «droite sociale» de François Fillon, dont la popularité, supérieure à celle du président, l’a rendu incontournable lors du dernier remaniement. Par ailleurs, en s’attaquant d’emblée à Copé, Rama Yade a donné le ton de sa liberté de parole retrouvée. Elle a visé celui qui a hérité des clefs du parti présidentiel, fustigeant à demi-mot les ambitions à peine voilées de Copé pour 2017, des visées à double-tranchant pour le second mandat du président... Et Rama Yade de prendre bien soin d'épargner Nicolas Sarkozy et de lui apporter son soutien pour 2012. Selon «Le Figaro», Rama Yade a accepté sa nouvelle fonction d'ambassadrice auprès de l'Unesco, jeudi dernier. Soit le jour même de l’officialisation de son ralliement au Parti radical de Jean-Louis Borloo
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