On pensait que cette affaire de photovoltaïque au sol était définitivement réglée après le moratoire décrété par le président de Région le 14 septembre 2 010. A l'époque, le photovoltaïque sur les terres agricoles avait suscité beaucoup d'effervescence médiatique. L'Assaupamar avait bloqué les chantiers de Potiche et de Ducos et déféré devant les tribunaux les promoteurs de ces projets. De leur côté, les agriculteurs et le Lyannaj kont dépotyolaj tè agrikol, constatant la dilapidation du foncier agricole, avaient déboulé dans la plénière régionale du 16 juin 2010. Après un débat houleux, le ton était monté dans l'hémicycle de Plate au Roy et une motion avait été votée à l'unanimité pour suspendre l'ensemble des projets photovoltaïques sur les terres agricoles. Pour autant, force est de constater que le président de Région n'a aucune autorité pour faire respecter sa propre motion puisque le maire PPM du Carbet continue à dilapider allègrement les terres agricoles de sa commune sans que quiconque inter vienne!Silencieux malgré la motion de la Région
Dans la commune, personne n'a vu venir le coup. Durant de longs mois, le site est resté vierge de tout affichage et subitement, en plein mois de juillet, un panne au flambant neuf a été apposé au moment où le chantier démarrait. Pas d'information de la population, pas de recours possible. Néanmoins, une autorisation a bien été délivrée le 10 septembre 2009 à la Société Sun Developpement domiciliée à Suresnes, en région parisienne. Il s'agit d'un projet de construction d'une cabine de stockage d'énergie liée au fonctionnement d'une ferme photovoltaïque qui nécessite une déclaration préalable auprès du préfet. En application de l'article R.424-13 du Code de l'Urbanisme, le préfet délivre au porteur du projet un certificat de décision de Non opposition. Le dossier a été instruit par la DDE et visé par la mairie du Carbet le 24 juin 2010. Le maire du Carbet était donc parfaitement au courant du projet mais surtout, de la volonté politique des élus régionaux exprimée par la motion du 16 juin 2010, soit huit jours plus tôt. Pourtant, motus et bouche cousue! Dans une interview accordée au quotidien France-Antilles (27 août 2011), le maire se targue d'être dans une dynamique de production d'énergie propre. En réalité c'est la multinationale Siemens, maître d'oeuvre, qui est derrière l'affaire. La commune du Carbet n'en tire aucun bénéfice direct puisque la parcelle agricole concernée appartient à un privé, un fonctionnaire territorial de la Ville de Fort-de-France en retraite et domicilié à Schoelcher. Visiblement, les enjeux financiers privés ont été privilégiés au détriment des intérêts de la population. La commune possède pourtant un potentiel photovoltaïque important avec les toitures du stade, de la cantine et des autres édifices municipaux qu'elle aurait pu offrir pour augmenter ses ressources budgétaires. Des terrains agricoles sacrifiés
Subtilité de langage. L'hectare de terre sacrifié est présenté par le maire comme étant un terrain en friche! Or, l'examen du S.A.R. (Schéma d'Aménagement Régional) en donne une toute autre lecture. La parcelle concernée (E 675) fait l'objet d'un double classement au S.A.R. : en partie espace remarque, en partie agricole. Que se cache-t-il alors derrière cette volonté obstinée d'étendre des installations photovoltaïques sur des terres à vocation agricole, au moment même où le gouvernement vient de revoir à la baisse le prix de rachat de l'électricité photovoltaïque ? En filigrane de ce projet de Morne aux Boeufs, c'est la question de l'énergie photovoltaïque qui est ici posée. Mais, c'est surtout celle de l'aménagement du territoire communal et de la disparition du foncier agricole qui est mise en exergue. Or, en l'espèce, le projet de P LU (Plan Local d'Urbanisme) du Carbet, (actuellement en Région pour avis), confirme les intentions du maire d'étendre les installations photovoltaïques aux bananerais situées derrière le quartier Fromager et sur les terres AO C de l'Habitation Lajus. Si les autorités laissent f aire, on assistera, impuissants, à la disparition de joyaux patrimoniaux qui contribuent à la qualité des paysages ruraux de la Martinique. Louis Boutrin, conseiller régional
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