Nowruz est évidemment la fête iranienne la plus joyeusement célébrée depuis un temps mythique, situé par la plupart des historiens à l’époque de Djamshid, le roi perse qui fit la joie de son peuple en montant au ciel debout sur son char. Nowruz symbolise la fin de la saison d’Ahriman, l’hiver, et annonce l’arrivée de la saison d’Ormuzd, l’été, et coïncide avec le printemps, qui apporte un souffle nouveau au monde, à la vie. Elle évoque en ce sens le bonheur du recommencement et la joie de vivre, qu’on essaie de rendre éternel dans des formules jubilatoires : "Que tu voies cent ans les mêmes années !", "Que tu vieillisses !" "Bonne année !"
La fête de Nowruz est notamment marquée par le sentiment de joie, cette grande vertu de l’existence sans laquelle la vie serait insupportable. La grande valeur accordée à la joie dans cette fête comme dans bien d’autres montre aussi qu’elle est associée aux autres aspects universels de l’activité humaine. Notons que la joie peut être prise en divers sens ; ici cependant, on la comprend au sens plein du terme, en tant que manifestation du bonheur, de la béatitude, et de cette satisfaction qu’éprouve la conscience existante. L’homme est en vie et il prend plaisir à sa vie.
La joie est pour ainsi dire l’expression du bonheur, lequel forme la grande aspiration de l’homme depuis la nuit des temps. Le même bonheur constitue l’accomplissement de la fonction de l’homme, et il est, pour un Aristote, non seulement la fin de l’éthique mais aussi la fin de la politique, car la cité juste est heureuse. Toute l’histoire de la philosophie, on le sait, est traversée par cette question du bonheur.
Le bonheur et la joie possèdent également un sens très fort dans le langage religieux, en tant que réponse jubilatoire surgie du cœur croyant devant la révélation du divin et en tant que participation à la vie divine, joie en elle-même.
L’ambiance joyeuse des fêtes nous rappelle, répétons-le, la vie et l’amour, cette noble aspiration de l’âme, qui reste peut-être la seule issue pour l’homme face à la mort. Les fêtes sont aussi une occasion pour partager l’amour. Nowruz, par sa nature verte, par son climat doux et son animation, a pour tâche de nous rappeler la vie, le monde et la paix. Elle nous apprend en effet que la vie vaut d’être vécue, que le monde est comblé de beautés, et qu’il y a le printemps qui nous attend toujours après l’hiver.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire