jeudi 6 décembre 2012

Omerta sur l'affaire Lisa David : Mais qu'est devenue notre presse ?



J'ai été journaliste pendant bien des années en Martinique, et j'ai une furieuse nostalgie de ma formation au journal "Le Naïf" où une poignée de jeunes et fougueux Martiniquais qui n'avaient pas peur d'être mis au ban de la société offraient enfin au pays une alternative au journal France Antilles, qui soit dit en passant n'appartiendrait plus à  Hersan,  ce que nos journalistes ne nous ont pas encore appris et qui pourtant est, me semble -il, un évènement qui a tout de même son importance dans le paysage médiatique martiniquais.
Aujourd'hui que j'ai été obligée de reprendre la plume pour traiter d'actualité, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas du tout entre nous et nos média.  Voici quelques questions que cette affaire m'inspire, que j'ai eu envie, à travers cet article de partager avec vous. N'est-on pas actuellement est en droit de se demander ce que signifie cette absence totale d'information dans une affaire si grave car, après 4 jours de grève de la faim :

- Comment se fait-il qu'on parle de tout dans nos médias actuellement et pas du tout de cet évènement qui se déroule pourtant aux yeux de tous mais que l'on efface par un silence qui tendrait à le banaliser ?
- Comment se fait-il qu'aucun journaliste de Martinique 1ère n'ait encore tendu un micro à Mme David pour qu'elle s'explique et nous aide à comprendre ?
- Comment se fait-il que la direction de Martinique 1ère ne se soit pas déjà clairement expliqué sur ses ondes et ses écrans sur cette question ?
- Cette affaire concernant une journaliste professionnelle, comment se fait-il que nous n'ayons pas encore entendu une réaction du Club Presse sur la question ?
- Comment se fait-il qu'aucun journaliste de Martinique 1ère qui la croisent plusieurs fois par jour dans la cour où elle s'est installée, n'ait encore tendu un micro à Mme David pour qu'elle s'explique et nous aide à comprendre ?
- Comment se fait-il que la direction de Martinique 1ère n'ait pas déjà été intérrogée sur cette question, ni par elle même, ni par les autres médias ?
- Comment se fait-il qu'aucun journaliste du pays ne se soit encore rendu auprès de Mme David pour s'en informer ?
- Comment se fait-il que les autres télévisions ne soient pas déjà sur place pour nous informer ?
- Comment se fait-il que les radios n'aient pas encore même passé un coup de fil en direct à Mme Lisa David pour prendre de ses nouvelles ?
- Comment se fait-il qu'elle ne soit pas en 1ère page de France Antilles et qu'on n'ait pas tous les jours son bulletin de santé ?
- Comment se fait-il qu'en 4 jours de grève de la faim, je n'ai pas vu de syndicat de Martinique 1ère assister Lisa David, sur le terrain, une ancienne syndicaliste auxquels certains doivent leur place sur les lieux ? Comment aucun média ne s'en étonne-t-il et ne leur pose la question ?
- Comment se fait-il que nous soyons laissés dans l'ignorance absolue d'une affaire de vie et de mort qui concerne notre soeur et amie qui, quelque soient sa personnalité ou ses goûts politiques mérite le même respect qu'à tous ! Comment se fait-il qu'elle doive se battre pour obtenir ce que tout le monde a naturellement ? Depuis 20 ans ? Comment se fait-ce ?

Voila. Pour être tout à fait complète, je dirai que sur les images de lundi soir on voit Gilles Dégras sur les lieux et cela n'a rien d'étonnant vu que Bondamanjak offre d'apprendre des choses qu'on ne lit pas ailleurs. Je suppose qu'il est là en ce moment même où les directeurs de Mque 1ère sont sensés être sur les lieux et entamer peut-être une négociation. (En début d'après midi, affaiblie par son jeune, Lisa David n'avait aucune nouvelle sur une éventuelle rencontre... Vous avez dit... Harcelée ?)

Voila les questions qui me viennent en ce moment qui me mettent à mal entre envie de crier ou de pleurer. Je pense à André Aliker, je me dis que ce gars là est mort parce qu'il était journaliste, c'est en dire un quêteur de vérité. C'était là son pouvoir, il n'était pas sans risque. Ce que je vois aujourd'hui me navre et me désole car si nos journalistes ne cherchent rien, ils ne feront que répéter ce qu'ils auront appris et nous serons donc sous l'emprise de visions personnelles de la réalité, loin des vérités que nous devons connaitre. C'est une tragédie silencieuse. Mais, comme dans le cas de Lisa David, ce n'est pas parce qu'on n'en parle pas qu'elle nous épargnera ses terribles conséquences.

Idd

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