Quand de leur “fric” à leurs “frasques”, ceux d’en haut n’ont de cesse de vomir sur la règle, et que sans jamais tenter de les défaire de là, ceux d’en bas ne caressent qu’un espoir, c’est de pouvoir un jour faire comme eux, c’est alors que nous parlons de décadence...
Ces hommes dont il n’y a là qu’un échantillon pris au hasard, sont ce qu’ils sont, indignes, immoraux, avides, profiteurs, magouilleurs, déterminés au contournement de la loi, égoïstes, installés dans le déni de justice, injurieux et d’une totale ingratitude vis à vis de la nation qui les a patiemment nourris, soignés, protégés, éduqués, et offert toutes les chances qui leur ont permis de réussir, et sont même pour certains d’entre eux, carrément délinquants.
Ils représentent ainsi, malgré leur indéniable efficacité pour être parvenus à mettre au service de leur entreprise, l’ardeur, la compétence, et le talent de nombreux autres hommes, dont ils nient bien sûr avec la plus totale malhonnêteté, la participation à leur fortune, le pire poison que curieusement, il arrive à une société de secréter contre elle-même, en constituant par leur attitude, une véritable injure à l’idée même de “civilisation”.
Mais nous, qui sommes nous donc, nous qui avons accepté et acceptons encore, malgré une kyrielle d’affaires politico-mafieuses des plus sordides, qui ayant à ce point maculé les habits de notre république, ont contraint celle-ci à se dénuder face aux frimas de l’affairisme et du populisme, d’être honteusement soumis à l’autorité de tels gens, sinon que nous sommes encore moins qu’eux, c’est-à-dire en fait, des moins que rien ?
Honte sur nous compatriotes !
Ainsi, à l’heure où dans une lutte inégale et même désespérée, d’Athènes à Madrid et de Rome à Lisbonne, des hordes de citoyens “indignés”, et pourtant si nobles dans leur indignation, font savoir à ceux qui ne les envisagent plus guère que comme cela, qu’ils ne sont pas du bétail, tous observent le lâche renoncement du peuple français, son accommodement avec l’outrance et l’infamie, qui rappelle qu’en 1940, il ne s’est pas comporté autrement.
Et pourtant je me souviens qu’à l’heure où nous battions le pavé de 1968, les raisons qui nous avaient valu de provoquer un tel chahut, étaient totalement insignifiantes, par rapport aux abus et aux injures d’aujourd’hui, dont leurs auteurs se moquent d’ailleurs éperdument de rendre grâce à ceux qui, bonheur pour eux, ont mis la guillotine au rebut.
Et nous voila maintenant que pour traiter d’une affaire personnelle peu reluisante pour eux, compte tenu du dévergondage réputé de la compagne de l’un d’eux, un président de la république et un ministre de l’intérieur, s’offrent sans la moindre honte d’intimider un juge en charge du dossier, l’un d’eux poussant la “forfaiture” jusqu’à signifier son invective sur une feuille à en tête de son ministère, ce que pas même le président d’une modeste association ne se permettrait, concernant une affaire privée.
Alors que nul n’est censé ignorer les procédures pour pouvoir “produire” dans de telles affaires, cette façon de faire est non seulement contre tous les usages, inélégante et indigne des hautes fonctions de leurs auteurs, mais elle est surtout “totalement illégale”.
Voici donc où nous en sommes, c’est d’accepter sans la moindre gesticulation, sans le moindre murmure, qu’un président de la république, chef de la magistrature et garant du bon fonctionnement de ses services, se torche sans aucune gêne avec la loi, et s’emploie au nom de l’indépendance de la justice, à influencer la démarche d’un juge. Ceci, pour éviter que ne soit révélées au grand public, par un désaveu de la démarche de celle-ci, les turpitudes d’une mijaurée qu’un passage sur l’oreiller à promu au statut de première concubine.
On imagine ce qu’auraient été en son temps, les éclats d’un Gaston Monnerville, du haut de la tribune du sénat, face à de tels agissements, et la furieuse bataille de procédures qui n’aurait pas manqué de suivre, tant devant la justice que devant les assemblées, pour faire échec à cette façon de détourner l’appareil de l’état à des fins personnelles et qui plus est, minables, et insultantes vis à vis de la nation.
Mais il s’agit d’une époque où le peuple de France avait encore une fierté, logique d’une ambition, que les carriéristes de la politique au service des puissances d’argent, vont se charger de lui faire perdre, et l’une, et l’autre.
Ce qu’il y a d’insupportable dans cette situation, c’est que cette façon de faire qui nous insulte et nous humilie à la face du monde entier, se double d’une désespérante incapacité de ces faussaires s’étant saisis des rênes de la nation, à seule fin de satisfaire leur narcissisme, à régler le moindre des problèmes qui se posent à celle-ci.
Qui peut sérieusement croire encore que ces gens qui sont sur la place, vont nous sortir de l’embarras, quant on voit comment un président de la république, un premier ministre, et un ministre des marinières et des Moulinex, se sont mobilisés des semaines durant, pour parvenir à sauver provisoirement 600 emplois, au bout d’une aventure autant grotesque que rocambolesque, alors que durant tout ce temps, il s’est perdu chaque jour dans le pays plus d’un millier d’emplois, et qu’un total de 376 000 emplois se trouvent menacés pour l’année 2013 ?
Il est clair que ces gens ne s’en sortirons pas, parce qu’ils ne sont tout simplement pas faits pour cela. Car, c’est une chose que de faire de la politique à l’intérieur d’un parti, pour accéder à l’investiture, mais c’en est une toute autre que de faire de la politique à l’intérieur d’un gouvernement, pour atteindre l’efficacité.
Si donc ces gens sont condamnés à ne pas s’en sortir là, c’est que nous sommes quant à nous condamnés à les sortir de là, et même les sortir complètement de là.
Ne nous voilons pas la face en espérant que par miracle, des jours tranquilles sortirons de notre attentisme, ou que par une grâce soudaine, le ciel s’en viendra donner probité, générosité, responsabilité, inventivité et efficacité, à ceux dont il les a laissés jusqu’ici totalement démunis, alors même qu’il ne se trouve plus aucune place chez eux, encombrés qu’ils sont de tous leurs vices voués à leurs délices, pour pouvoir recevoir ces dons.
Non, par delà le calme obscène d’une satisfaction volontairement ignorante de l’indécence de notre situation, nous sommes désormais bel et bien à l’heure d’un choix historique, entre la poursuite de cette décadence, ou une salvatrice “révolution”, et ne pas se résigner à la première, c’est logiquement envisager la seconde. Préparons-nous… !
Paris, le 12 décembre 2012
Richard Pulvar
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