4,7 millions d’électeurs haïtiens étaient appelés à élire le remplaçant de l’actuel président René Préval dont le mandat est arrivé à terme au mois de février.
Souvenez-vous des circonstances ubuesques où le CEP avait qualifié Jude Célestin, candidat officiel du pouvoir et « gendre » de René Préval pour le second tour des élections haïtiennes, avant qu’il ne soit disqualifié sous la pression de la rue, notamment des partisans de Michel Martelly et des puissances étrangères (les donateurs), car des fraudes manifestes avaient entaché la sincérité du scrutin.
Alors, afin de mettre fin aux contestations et faire tomber le regain de violence, les Américains se sont impliqués dans le processus électoral, prenant diverses mesures de rétorsion et des sanctions à l’encontre d’un certain nombre de personnalités politiques haïtiennes proches du parti au pouvoir (INITE), de même qu’à l’encontre de leur famille.
Les sanctions ont porté leurs fruits, Jude Célestin a été rétrogradé de la deuxième à la troisième place et au final, c’est Michel Martelly (Sweet Micky) un chanteur de konpa extrêmement populaire dans son pays et l’ex éphémère première dame d’Haïti, Mirlande Manigat, une professeure universitaire de droit constitutionnel qui se sont retrouvé le 20 mars à solliciter les suffrages des électeurs.
Le scrutin s’est déroulé dans le calme, sans grande violence, hormis 2 morts et des incidents mineurs qui n’ont pas eu de conséquences graves sur le bon déroulement des opérations électorales.
Globalement, tout le monde semble satisfait de la tournure qu’a pris les choses, d’autant que le retour d’exil de Jean-Bertrand Aristide, l’ex président d’Haïti, chassé du pouvoir en février 2004 par les autorités américaines et françaises, forcé de démissionner après qu’il fut enlevé par les commandos US et déporté contre son gré en Afrique.
Les analystes et les observateurs pensaient que sa présence risquait de compromettre la bonne tenue du scrutin, car il jouit d’une forte estime de la part de ses compatriotes, entre autres celle des couches les plus pauvres de la société haïtienne.
Les résultats préliminaires du second tour seront annoncés le 31 mars et les résultats définitifs le 16 avril. Toutefois, les premiers décomptes donnent une confortable avance à Michel Martelly, confirmant ainsi les sondages opérés quelques jours avant le vote, indiquant que 53 % des sondés ainsi porteraient leur suffrage sur Michel Martelly, aussi surnommé : « Tèt kalé[1] » .
Porter Michel Martelly à la présidence de la république, traduit en quelque sorte la grande suspicion et défiance dans laquelle la population haïtienne tient son élite et sa classe politique, l’une des plus corrompue au monde.
Par ailleurs, gardons à l’esprit que plus de 800 000 personnes vivent toujours dans des tentes suite au tremblement de terre de janvier 2010, subissant la faim, vivotant dans des conditions sanitaires et économiques déplorables, sans parler de la forte insécurité régnant en Haïti, entre autres à Port au Prince.
La précarité, la misère, la violence au quotidien, la corruption et l’incurie des gouvernants a contribué à ce que la population vote pour un populiste de droite, un homme totalement inexpérimenté, ayant un parcours si peu conventionnel.
Nous ne pouvons préjuger de l’avenir, mais espérons quel que soit le candidat remportant la présidence, que cela n’ouvre pas la voie à des désordres et à la violence, car Haïti a besoin de paix et d’ordre afin de se reconstruire.
Evariste Zéphyrin
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